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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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austères du vieil hôtel, et, cyniquement, installant jusque dans la chambre de sa mère, les créatures de luxure qu’il se plaisait à tirer des bas-fonds de la truanderie pour les y replonger ensuite tout éblouies de leur aventure…
    Une excuse à cet homme : une seule.
    Cette mère, il ne l’avait pas connue !
    Cette mère qui eût pu le guider, qui, sans aucun doute, eût fait naître sous ses caresses des sentiments humains dans ce cœur, cette mère était morte trois mois après la naissance du comte.
    Sevré de ses caresses qui sont pour l’homme le plus prodigieux, le plus fécond et le plus sublime des enseignements, le cœur du comte du Barry fut ce qu’il devait être :
    Une quintessence de féroce égoïsme.
    Ses yeux avaient la froideur sinistre et le rapide étincellement d’une lueur d’acier.
    Il ignorait la signification de ces deux mots : bonté, méchanceté. Il était le contraire de la bonté, mais on ne peut dire qu’il était méchant. La méchanceté suppose dans un coin de l’âme un reflet de sentiment.
    Tout simplement, le comte du Barry n’avait pas d’âme.
    Un jour, une de ses maîtresses, qu’il paraissait aimer puisqu’il l’avait depuis six mois et venait de dépenser cent mille livres pour elle, mourut subitement chez lui, en pleine fête, d’une maladie de cœur.
    Le comte se leva de table, s’approcha de la malheureuse, et, ayant constaté qu’elle était morte, appela ses domestiques et leur dit froidement :
    – Emportez cela au dehors… où vous voudrez. Mademoiselle Marion, venez ça près de moi. Vous remplacez dès maintenant celle qui sort d’ici.
    Cela ! c’était le cadavre de la morte !
    Celle que le comte avait appelée M lle  Marion, une pauvre fille de luxe, vint à lui, toute pâle, et, d’un revers de main, le souffleta, puis sortit, escortant le cadavre qu’on emportait…
    Du Barry ne comprit jamais ce soufflet.
    Quelques années suffirent pour engloutir la fortune patrimoniale des du Barry.
    Un matin, le comte se trouva face à face avec le spectre de la ruine :
    Vendues lambeau par lambeau, ses terres de Normandie ; vendues ses fermes ; vendus ses trois châteaux avec leurs bois et leurs étangs ; vendus les meubles de l’hôtel… tout était vendu, tout, tout, sauf le nom !
    Le dilemme se présenta dans sa hideur :
    La misère ou le suicide !
    Le suicide ? Non ! Il ne voulait pas mourir !… Non pas qu’il fût lâche, mais l’idée de renoncer aux jouissances qui avaient été sa vie lui était insupportable.
    La misère ? Encore non ! Puisque c’était le même renoncement ! Le comte appela son valet de chambre et lui dit simplement :
    – Va me chercher M. Jacques. Tu sais qui ? L’homme de la rue du Foin…
    Une heure plus tard, celui qui portait ce nom modeste – du moins le comte ne lui en connaissait pas d’autre – entrait en souriant dans le petit salon où se tenait du Barry.
    C’était un homme de moyenne taille, mince, modeste dans sa mise comme dans son nom ; il semblait plutôt glisser que marcher : son regard se posait en un instant sur cent objets différents ; il parlait d’une voix blanche, sans accent, ne disant jamais un mot plus haut que l’autre ; il n’y avait dans son attitude ni humilité ni affectation. Il semblait être la parfaite expression de ce qui s’appelle la modestie.
    Seulement, l’observateur qui se fût attaché à l’examiner curieusement eût découvert dans ses attitudes plus d’élégance qu’il n’eût convenu, dans certains de ses gestes une autorité vite réprimée, dans quelques-uns de ses regards profonds un jet de flamme aussitôt éteinte.
    On ne savait rien de cet homme, sinon qu’il vivait, sans mystère apparent d’ailleurs, dans une petite maison qui lui appartenait, rue du Foin, près de la place Royale, et qu’il passait pour assez pauvre.
    – Monsieur Jacques, dit du Barry, vous êtes venu me trouver trois fois : il y a un an, il y a six mois et il y a trois mois. A chaque fois, vous m’avez répété : « Le jour où vous serez complètement ruiné, appelez-moi, et je vous sauverai. » Le jour de la ruine est venu, monsieur Jacques. Et vous le voyez, je vous appelle.
    – Etes-vous vraiment ruiné, monsieur le comte, ce qui s’appelle ruiné ?
    – Complètement, monsieur Jacques. Je n’ai plus rien, répondit du Barry en grinçant des dents.
    – Vraiment, monsieur le comte, est-ce bien au point que vous

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