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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Elle aime le roi !…
    Il demeura un instant ébloui par la terrible lumière qui envahissait son esprit, écrasé par la catastrophe qui s’abattait sur son amour.
    Dans cet instant, au moment même où Jeanne tombait, il vit un homme faire un pas et la recevoir dans ses bras. Le visage de cet homme était bouleversé par la douleur et peut-être par la colère. Il saisit, il enleva la jeune femme, la déposa dans une voiture où l’époux, Le Normant d’Etioles, s’élança en même temps.
    Cet homme qui venait de prendre Jeanne dans ses bras, cet homme dont la noble figure penchée sur l’épousée présentait tous les signes d’une inquiétude affreuse, c’était Armand de Tournehem… le père de Jeanne !…
    – Oh ! gronda-t-il, est-ce que je me serais trompé ?… Est-ce que j’aurais fait le malheur de mon enfant ?…
    Et, comme le chevalier, il murmura à son tour :
    – Oh ! alors, malheur ! malheur sur moi !…
    Seul le mari souriait de son affreux et immuable sourire.
    Tout cela, le chevalier d’Assas le vit dans un coup d’œil ; cela dura quelques secondes à peine, puis il vit la voiture des époux s’élancer, puis les invités à leur tour disparurent, puis la foule qui s’était amassée se dissipa… puis, enfin, la porte de Saint-Germain-l’Auxerrois se referma…
    D’Assas était demeuré à la même place, les mains jointes.
    Un profond soupir gonfla sa poitrine.
    Il jeta un morne regard sur le balcon du Louvre et vit que le roi avait disparu…
    Alors, il murmura :
    – C’est fini !… Tout est fini pour moi !…
    Il fit quelques pas en chancelant. Ses dents claquaient. Il répétait, sans savoir :
    – Elle aime le roi… c’est fini… tout est fini !
    Le chevalier ne vit pas deux gentilshommes qui avaient semblé faire partie du cortège nuptial, mais qui ne s’étaient pas éloignés en même temps que les voitures. A demi cachés dans l’angle de la ruelle des Prêtres, ils n’avaient pas perdu des yeux d’Assas et avaient suivi chacun de ses mouvements.
    De ces deux gentilshommes l’un s’appelait Berryer et était lieutenant de police. L’autre, c’était le comte du Barry !…
    Le lieutenant de police, au moment où la foule se dissipa, fit un signe.
    Le chevalier d’Assas, tout à coup, se vit entouré par cinq ou six individus à mine patibulaire.
    L’un d’eux ôta son chapeau, exhiba un papier et dit :
    – Pardon, mon officier. Vous êtes bien monsieur le chevalier d’Assas, cornette au régiment d’Auvergne, en congé à Paris ?…
    – Je suis bien celui que vous dites ! répondit le chevalier d’une voix morne.
    Alors l’homme remit son chapeau et dit :
    – Au nom du roi, je vous arrête !…
    q

Chapitre 12 NUIT DE NOCES
    Q uai des Augustins, à cent pas de l’hôtel de Tournehem, se dressait une vaste et magnifique demeure qui avait été édifiée sous Louis XIV par le marquis de Nesles, prince d’Orange. Disons-le en passant : c’est là qu’en l’année 1717 était née cette grande coquette qui s’appela la marquise de la Tournelle, duchesse de Châteauroux, laquelle, après avoir longtemps régné sur le cœur de Louis XV, devait mourir deux mois après les événements que nous racontons, – mort demeurée mystérieuse à tout jamais. Pour le moment, Marie-Anne, duchesse de Châteauroux, venait d’être chassée de la cour d’une façon presque ignominieuse. Et, en femme prudente, elle s’apprêtait à gagner l’étranger après avoir « réalisé » l’énorme fortune qu’elle avait puisée dans les coffres de Louis XV.
    Car Louis XV payait royalement ses amours : le peuple était là pour combler le déficit !…
    Bref, au mois de septembre de cette année 1744, la fameuse duchesse vendit l’hôtel à un singulier homme qui paya sans marchander et prétendit simplement s’appeler « monsieur Jacques ».
    Il est probable que ce « monsieur Jacques » n’agissait pas pour son propre compte. Car le lendemain du jour où fut signé le contrat de vente, Le Normant d’Etioles vint visiter la maison, suivi de deux ou trois architectes et d’un maître tapissier, lesquels lui parlaient chapeau bas. M. d’Etioles donna ses ordres. De pièce en pièce, d’escalier en escalier, depuis la cour jusqu’au grenier, il indiqua avec précision ce qu’il comptait faire de la superbe demeure qu’il appelait une bicoque.
    Dès le jour même, une armée d’ouvriers se mit à l’œuvre,

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