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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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satin, en donnant la main à quelque beau gentilhomme, en retroussant votre jupe de soie, et en jetant un regard sur l’admiration du peuple rangé pour vous voir passer…
    – Mon Dieu ! Mon Dieu ! C’est comme si j’y étais !… Vous dites mot à mot ce que je pense !…
    – Poursuivons, reprit M. Jacques en souriant. Vous porteriez des bijoux splendides, tout comme une duchesse, ou tout au moins une comtesse… Sur votre beau front, la couronne en brillants, à vos oreilles, les deux solitaires qui y brillent en ce moment, à votre cou une rivière de perles, à vos doigts les saphirs et les émeraudes…
    – Ah ! monsieur, vous êtes un grand poète, ou un bien profond philosophe…
    – Dans la salle de bal, vous seriez admirée, fêtée, les plus illustres gentilshommes brigueraient l’honneur de danser avec vous, mais vous n’accorderiez cet honneur qu’aux plus magnifiques… il vous faudrait des princes… peut-être le roi…
    Juliette Bécu jeta un cri qui ressemblait à de l’effroi.
    – Monsieur ! fit-elle d’une voix tremblante, finissez je vous en supplie. Vous me faites peur, vous devinez tout ce que je pense… et puis, cela est cruel de me laisser ainsi entrevoir le paradis pour me laisser ensuite retomber du haut de ces rêves.
    – Mon enfant, dit simplement M. Jacques, ce rêve sera une réalité quand vous voudrez !
    – Folie ! Imagination ! murmura Juliette.
    – Est-ce de la folie ? Est-ce de l’imagination, ces deux brillants que vous portez aux oreilles ?
    – C’est vrai, monsieur ! dit tristement Juliette. Mais des diamants, pour si beaux qu’ils soient, se peuvent acheter. Il ne suffit pour cela que d’être riche. Mais ce qui ne s’achète pas, c’est un titre de noblesse, c’est la considération, c’est l’époux, c’est la couronne comtale, c’est tout ce qui permet d’entrer dans ces fêtes triées où ne sont admises que les dames les plus illustres…
    M. Jacques s’était levé.
    – Venez, dit-il.
    – Où cela ? fit Juliette étonnée.
    – Venez toujours. Je suppose que vous n’avez pas peur avec moi ?
    M. Jacques sortit de l’appartement dont la fille galante referma la porte. Ils se trouvaient alors sur un palier où s’ouvraient deux portes : à droite, celle de Juliette ; à gauche, celle d’un logement inoccupé depuis trois mois.
    A la grande stupéfaction de M lle  L’Ange, M. Jacques tira une clef de sa poche et ouvrit cette porte de l’appartement vide. Ils entrèrent. Et il poussa derrière lui la porte.
    Ils étaient dans une pièce qu’éclairait un seul flambeau, d’une lumière triste. La pièce était nue. Il n’y avait pas un meuble, pas une chaise…
    – Veuillez entrer dans cette chambre, dit alors M. Jacques en désignant une épaisse tenture qu’il suffisait de soulever pour pénétrer dans la pièce voisine.
    Juliette Bécu souleva cette tenture et, jetant un léger cri, s’arrêta stupéfaite, comme devant un conte des
Mille
et une
nuits
soudain réalisé !…
    – Je rêve ! Je rêve ! balbutia-t-elle.
    – Entrez donc ! fit M. Jacques en la poussant doucement.
    La chambre devant laquelle s’était arrêtée Juliette avec une extase d’admiration et presque de terreur était de belles dimensions, magnifiquement meublée et éclairée par la vive lumière de deux candélabres à six flambeaux.
    Juliette entra sur la pointe des pieds, avec une sorte de religieux respect.
    Et ce fut un fantastique spectacle qui s’offrit à ses yeux éblouis.
    Sur le canapé et les fauteuils étaient disposés les diverses pièces d’un costume de cour, tel qu’une haute et noble dame pouvait le porter en grande cérémonie. Aucun détail n’était oublié dans ce flot de soies, de fines batistes, de dentelles : jupons garnis de valenciennes, jupe à paniers en lourde faille de Lyon, corsage à manches courtes, avec entre-deux en point d’Alençon, bas de soie rose ajourés, garnitures de satin rose, souliers à minces talons cambrés comme les portaient les élégances de l’époque.
    Juliette, prise par l’instinct de la coquetterie, oubliait M. Jacques. Et, en plein ravissement, fouillait parmi ces richesses qu’une fée bienfaisante semblait avoir déposées là pour elle.
    Que fût-ce lorsque, s’étant retournée, elle vit, rangés sur une table de laque, plusieurs écrins tout ouverts !…
    L’un d’eux contenait une rivière de perles d’une eau magnifique.
    Dans un

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