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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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être utiles…
    A quoi ?… Sans aucun doute à l’accomplissement de quelque œuvre géante !…
    – Donc, reprit M. Jacques, vous irez habiter l’hôtel qui vous sera expressément désigné sous deux jours. Vous le trouverez tout installé, avec chaise peinte par Watteau, carrosse, chevaux, robes et bijoux pareils à ceux que je viens de vous montrer… Acceptez-vous ?…
    – J’accepte ! dit la fille galante d’une voix que l’émotion faisait trembler.
    – Une fois là, continua M. Jacques, vous vivrez la vie des grandes dames. Une comédienne du théâtre de Sa Majesté viendra vous donner des leçons de maintien et vous enseignera les révérences. D’ailleurs, pour vous, ce sera chose facile que d’apprendre ces fadaises. Vous recevrez, vous donnerez à souper et à danser. Vous regarderez beaucoup, et parlerez le moins possible… Enfin, dans quelques jours, quand vous serez installée, vous recevrez, ainsi que votre mari, une invitation pour le bal de l’Hôtel de Ville…
    – Mon mari !… s’exclama sourdement Juliette.
    – Oui : un galant parfait gentilhomme que vous avez épousé secrètement, il y a deux ans, dont de puissantes raisons de famille vous ont tenue éloignée, à votre grand chagrin, et que vous rejoignez enfin dans la capitale avec toute la joie possible… car ce mari, vous l’aimez, vous l’adorez…
    – Je comprends, balbutia Juliette.
    – Ne craignez rien, d’ailleurs. Vous trouverez dans une cassette sur la cheminée de votre chambre tous les papiers de famille qui vous seront nécessaires… Poursuivons… Donc, avec votre mari, vous vous rendrez à la fête que Paris donne à son roi dans le vieil Hôtel de Ville…
    Et M. Jacques s’arrêta encore.
    Juliette comprit que le point capital de cet étrange entretien était atteint.
    – Et que faut-il que je fasse au bal de l’Hôtel de Ville ? demanda-t-elle.
    M. Jacques jeta un regard d’inquiétude sur la fille galante.
    – Est-ce qu’elle serait trop intelligente ? gronda-t-il en lui même. Au fait… cela vaut mieux ainsi !…
    Et il répondit :
    – Ce que vous devrez faire ?
    – Oui ! je vous demande ce que je devrai faire à ce bal.
    – Vous faire aimer ! dit le général d’une voix sourde.
    – De qui ? haleta Juliette.
    – De l’homme qui vous sera désigné… par…
    – Par… ?
    – Par votre mari !…
    Il y eut entre ces deux personnages une minute de silence sinistre. C’était pourtant bien simple en apparence : se faire aimer !… Mais Juliette comprenait que cet amour qu’elle devait imposer n’était que le commencement des besognes redoutables qu’on attendait d’elle.
    Quant au puissant et sombre personnage dont nous essayons d’esquisser ici la formidable silhouette, il réfléchissait profondément.
    Hésitait-il ?…
    Ou plutôt, s’irritait-il des moyens qu’il était obligé d’employer pour assurer sa puissance et combattre le roi ?
    Qui sait !…
    – Tout cela est bien compris et bien convenu, n’est-ce pas ? reprit-il tout à coup.
    – Disposez de moi corps et âme, dit Juliette.
    – Quant à votre discrétion… votre fortune à venir m’en répond. Maintenant, mon enfant, maintenant que nous sommes d’accord, faisons comme tous les bons commerçants, qui ne se contentent pas de vaines paroles. Comme arrhes, je viens de vous donner quatre-vingt mille livres représentées par ces deux brillants, et cela sans savoir si vous étiez bien celle qui me convenait. A votre tour…
    – Que puis-je donc vous donner ? bégaya Juliette.
    – Votre signature.
Verba volant, scripta manent.
Entendez-vous le latin ?
    – Non… on a oublié de me l’apprendre.
    – Tant pis !… M me  d’Etioles le sait, elle !… Et elle sait bien d’autres choses…
    – M me  d’Etioles ?…
    – Ai-je dit M me  d’Etioles ?… Peu importe. En tout cas,
verba volant
signifie que les paroles s’envolent, tandis que les écrits restent :
scripta manent…
Voici donc un papier en bonne et due forme que je vous prie de vouloir bien signer en le datant d’aujourd’hui, et en le certifiant de tous points conforme à la vérité.
    Juliette prit le papier que lui tendait M. Jacques, et alors elle pâlit.
    Ce papier dépassait toutes les violentes surprises qu’elle avait éprouvées en cette soirée.
    Voici en effet comment il était libellé :
    « Moi, comtesse du Barry, maîtresse en titre et favorite de Sa Majesté le

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