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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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mènerait peut-être à l’échafaud, ne demanderait rien.
    Non ! Rien !… En somme, le chevalier raisonnait comme un don Quichotte, mais comme un don Quichotte plein de jeunesse, don Quichotte, moins le ridicule, plus la beauté !
    Le bon apôtre ne s’avouait pas que, sous tout ce beau dévouement, il y avait bel et bien un amour sans guérison possible, une passion ardente qui l’entraînait malgré lui. Et il avait raison de ne pas se faire cet aveu, car l’amour pur est au fond la forme la plus idéale du dévouement.
    Crâne, et le tricorne sur l’oreille, la pâleur de la prison déjà disparue sous ces roses que la marche au grand air et la joie mettent sur un jeune visage, le chevalier d’Assas atteignit donc rapidement l’auberge des
Trois-Dauphins
au moment où maître Claude, le digne hôtelier, s’apprêtait à faire porter son portemanteau à la halle aux hardes pour se dédommager de la dépense demeurée impayée.
    Maître Claude ne put dissimuler une grimace en apercevant le chevalier.
    La belle Claudine, sa femme, devint au contraire rayonnante dès que le jeune homme eut mis le pied dans la grande salle commune.
    – Ah ! mon Dieu ! s’écria-t-elle gentiment, c’est bien vous que je vois, monsieur le chevalier ! Quelles inquiétudes nous avons eues !…
    – Surtout pour mon argent, grommela Claude.
    – Merci, ma bonne madame Claude, fit le chevalier. J’ai dû entreprendre tout à coup un voyage imprévu, et, vous le voyez, me voici… mourant de faim et de fatigue, je vous l’avoue !
    – Pierre ! Jeannette ! cria la belle Claudine, vite, un couvert pour monsieur le chevalier qui a faim ! vite qu’on bassine le lit du 14 !… Si monsieur le chevalier le désire, on va lui monter son dîner dans sa chambre…
    – Non, non, mille mercis, ma chère dame… Je dînerai ici, près de ces magnifiques fourneaux si agréables à voir… et à flairer, ajouta le chevalier en riant. Quant à bassiner mon lit, pas davantage ; il me suffira de prendre une heure de repos dans un bon fauteuil.
    – A la bonne heure ! s’écria maître Claude qui, flatté des éloges accordés à ses fourneaux, se rua aussitôt en cuisine et se mit à préparer un déjeuner succulent, digne d’un client sérieux.
    Le chevalier s’assit à une table que déjà une servante couvrait de son couvert d’argent et sur laquelle M me  Claude – la belle Claudine – déposait un flacon de beaujolais.
    – C’est curieux, se disait le chevalier lorsqu’il attaqua la tranche de pâté que l’hôtesse venait de déposer dans son assiette ornée du chiffre de la maison : trois dauphins or sur azur, c’est curieux, ce matin, je voulais absolument mourir et je n’eusse pas racheté ma peau six liards. Par la tête ! par le ventre ! par le diable cornu ! qu’on est bête quand on est triste ! C’était la prison, sans doute ! c’était cet air méphitique et fade qui me portait au cerveau ; c’était cette obscurité qui me mettait du noir dans l’âme… Et maintenant, morbleu ! j’ai envie de rire, de chanter ! J’ai envie d’embrasser l’hôtesse !…
    – Prendrez-vous bien une aile de ce perdreau ? soupira la belle Claudine. On vient de le rôtir à votre intention, tout bardé de lardillons et enveloppé de feuilles de vigne…
    – Une aile, madame Claude ? Les deux ailes, voulez-vous dire ! Et les deux cuisses ! Et la carcasse, et les pattes, et la tête ! A moi le perdreau ! Vous êtes charmante, madame Claude, et votre perdreau est divin…
    La belle Claudine, pourpre de plaisir, découpa le volatile qui répandait en effet un merveilleux fumet, et qui reposait douillettement sur un canapé de choux tendres à souhait.
Canapé
fut dit par l’hôtesse. Et c’était déjà le terme officiel en gastronomie.
    – Je suis bien… bien heureuse, murmura Claudine.
    – De quoi donc, ma belle hôtesse ? fit le chevalier étonné.
    – De… de vous revoir… c’est-à-dire de vous voir si bon appétit. C’est un honneur pour ma maison.
    – Ah ! c’est que je reviens d’un pays où l’on jeûne avec furie, avec extravagance ; voilà huit jours que j’enrage de faim et de soif.
    – Pauvre garçon ! soupira Claudine qui, voyant le flacon de Beaujolais entièrement vide, s’empressa de courir en chercher un deuxième.
    – Moi aussi, j’ai soif ! dit à ce moment une voix.
    – Et moi aussi, j’enrage ! ajouta une deuxième voix.
    Ces deux

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