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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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roi Louis XV, affirme et certifie que je m’appelle en réalité Juliette Bécu ; que c’est par suite d’un vol de papiers que j’ai pu me faire passer pour une dame de noblesse ; que, moyennant la somme de cinq cent mille livres qui m’était promise, sans compter d’autres avantages, moi pauvre fille galante, rebut de la société, j’ai entrepris de me faire aimer de ce roi pour lequel je n’ai d’ailleurs que du mépris sans nulle haine ; je certifie qu’avant d’atteindre la haute situation où je suis placée, j’ai vécu d’amour, j’ai vendu mes sourires au plus offrant et dernier enchérisseur, et que le triste sire qui s’imagine m’avoir possédée le premier ne vient qu’après un nombre d’amants qui eût suffi à deux ou trois filles de mon espèce. »
    Juliette Bécu devint pourpre, et puis, très pâle.
    Quelque chose comme une larme brillante parut dans ses yeux.
    – Signez-vous ? fit rudement M. Jacques. Si vous signez, c’est la fortune. Car jamais je n’aurai occasion de me servir de ce papier… si vous m’obéissez toutefois.
    – Comtesse du Barry ! maîtresse du roi ! balbutia Juliette éperdue.
    – Favorite de Louis XV !… C’est-à-dire une fortune inouïe : le droit de commander en France, et peut-être à l’Europe ! Des fêtes ! Des honneurs ! Tous les trésors de l’Inde à vos pieds !…
    – Je signe ! haleta Juliette.
    Et se levant d’un bond, elle courut à un secrétaire, data, parapha le papier.
    – Maintenant, dit M. Jacques, recopiez-le tout entier de votre main, et signez le nouveau papier…
    La fille galante obéit.
    M. Jacques relut soigneusement les deux papiers, les fit sécher, les plia et les enfouit dans un portefeuille qui fermait à clef et qu’il portait suspendu au cou par une chaînette, sous ses vêtements.
    Alors il remit son chapeau sur sa tête et se dirigea vers la porte.
    – Un instant, monsieur, dit Juliette. Quand vous reverrai-je ?
    – Peut-être cette nuit, peut-être jamais…
    – Si je ne vous revois jamais, comment connaîtrai-je vos intentions ?
    – Ne vous en inquiétez pas. Où que vous soyez, humble fille ou favorite du roi, sachez seulement que mon regard et ma main sont sur vous…
    – De quel nom dois-je vous appeler ? reprit Juliette frémissante et courbée.
    – Je m’appelle M. Jacques, dit paisiblement l’étrange et terrible visiteur.
    Lorsque la fille galante, lorsque Juliette Bécu se redressa, M. Jacques avait disparu et elle put se demander si tout cela n’était pas un rêve prodigieux… si elle ne s’était pas endormie dans son fauteuil, si elle n’avait pas eu une vision de cauchemar…
    A ce moment, elle se regarda dans la glace, et vit les deux solitaires qui resplendissaient à ses oreilles… Non, non ! elle n’avait pas rêvé !…
    q

Chapitre 18 L’HOTEL D’ETIOLES
    L orsque le chevalier d’Assas, ayant franchi la porte de la Bastille, eut respiré cinq ou six grands coups d’air libre ; lorsqu’il se fut assuré que son libérateur avait disparu, le débarrassant de sa présence et de l’étrange malaise qu’il lui occasionnait, – malaise que le jeune homme se reprochait comme une noire ingratitude, – lorsque, enfin, il fut bien convaincu qu’il était libre, ou du moins ce qui s’appelait libre à cette époque où, sur dix passants, il y avait un agent secret chargé de surveiller les neuf autres, le chevalier prit en toute hâte le chemin de la rue Saint-Honoré.
    Il marchait gaillardement, le nez au vent, la main sur la poignée de l’épée qu’on lui avait rendue au corps de garde de la sombre forteresse.
    Il n’eût pas fait bon le regarder de travers en ce moment.
    En effet, le chevalier sentait son cœur bondir à la pensée de ce que lui avait révélé le digne M. Jacques : cette sorte de conspiration qui devait jeter Jeanne dans les bras du roi de France !…
    Lui, un simple cornette, un pauvre officier subalterne, il allait se trouver en lutte avec la personne royale ! avec Louis XV !…
    Pareil à ces chevaliers errants des époques héroïques, il se disait que, pour sauver la dame de ses pensées, il était prêt à donner sa vie !…
    La lutte serait effrayante ! Mais son courage se haussait à cette entreprise titanesque où il s’agissait de sauver une douce et belle créature des embûches qui l’entouraient sans doute, de la sauver d’elle-même ; au besoin ! Et lui, contre ce dévouement qui le

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