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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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le n° 14.
    – Oh ! oh ! fit Noé Poisson en faisant claquer sa langue et en arrondissant les yeux.
    – Quatre flacons de champagne eussent mieux valu, murmura Crébillon.
    A cet instant, une servante déposait sur la table les bouteilles et les verres. Puis le chevalier, Noé Poisson et Crébillon se trouvèrent seuls.
    – Messieurs, dit d’Assas d’une voix altérée, lequel de vous deux m’a apporté une lettre, il y a une dizaine de jours ?…
    – C’est moi ! fit Noé. Je vous remets à présent. C’est vous qui m’avez fait asseoir sur le derrière en passant.
    – Je vous prie de m’en excuser, monsieur, j’étais fort pressé ; en mémoire de cet événement, je suppose que vous voudrez bien boire avec moi à la santé du roi ?… ainsi que monsieur votre ami ?…
    – De grand cœur ! firent les deux ivrognes qui s’assirent sans façon.
    – Seulement, continua le chevalier, quand nous aurons trinqué, je prierai monsieur votre ami de nous laisser seuls… car je voudrais vous entretenir particulièrement…
    – Impossible, monsieur ! dit Noé d’un air majestueux.
    – Tout à fait impossible ! ajouta Crébillon en avalant un verre de vin.
    – Oreste et Pylade, Castor et Pollux, deux doigts de la même main, deux cœurs qui battent à l’unisson, mêmes pensées, mêmes goûts…
    – Soit donc ! fit d’Assas avec une certaine inquiétude. Et en lui-même il ajouta :
    – Que pourrai-je tirer de ces fieffés suppôts de
Bacchus ?
Rien ou pas grand chose…
    – Ah ça ! mais, s’écria tout à coup Crébillon, c’est bien vous, mon beau jeune homme, que nous avons trouvé évanoui et fort mal en point, dans la rue des Bons-Enfants, en face de l’hôtel où nous vous transportâmes…
    – Ah ah ! c’est donc vous qui m’avez ramassé et porté ? Touchez là ! Vous êtes tous deux des amis du chevalier d’Assas !
    Les deux inséparables s’inclinèrent non sans quelque dignité.
    – Mais, dites-moi, reprit vivement le chevalier, avez-vous pu voir celui qui, lâchement et par derrière, m’avait porté ce terrible coup ?
    – Nous n’avons rien vu… que vous, très pâle, comme je vous disais… la rue était déserte.
    – Quoi qu’il en soit, merci de tout mon cœur. Vous m’avez rendu là un service que je n’oublierai pas. Comptez sur ma gratitude.
    – Il est tout plein gentil ! murmura Crébillon à l’oreille de Poisson.
    – Et il nous fait boire du fameux ! ajouta Noé sur le même ton.
    D’Assas garda une minute le silence, puis, d’une voix qui tremblait légèrement, il dit :
    – Messieurs, le service que vous m’avez rendu tous les deux fait que je parlerai à cœur ouvert, comme à des amis… Monsieur, ajouta-t-il en s’adressant spécialement à Noé, à votre air, à votre costume, je vois bien que vous ne pouvez être un simple serviteur de la personne qui a écrit la lettre… qui vous a envoyé… Cette personne, monsieur, la connaissez-vous ?… entendons-nous, la connaissez-vous assez pour…
    – Je crois bien ! interrompit Noé avec un rire épais. C’est ma fille !
    – Votre fille ! s’écria le chevalier stupéfait, abasourdi.
    – Oui, monsieur, dit majestueusement l’ivrogne ; c’est moi, Noé Poisson, le mari d’Héloïse Poisson, père de Jeanne-Antoinette Poisson, aujourd’hui madame Le Normant d’Etioles…
    – Votre fille ! balbutia d’Assas.
    – Je vois ce qui vous étonne. Vous vous demandez comment il se fait qu’un homme aussi fort, aussi solide, aussi puissant que moi peut être le père d’une pareille mauviette ? Car ma fille est une faiblarde, monsieur ! Pas pour deux liards de muscles ! Incapable de vider seulement la moitié d’un verre dans tout un repas ! Des vapeurs avec cela ! Des larmes, des vertiges, des évanouissements pour un rien !…
    D’Assas considérait Poisson avec une stupeur voisine de l’effroi.
    … Cet homme ! le père de Jeanne !… Ce n’était pas possible ! Comment cet ivrogne se trouvait-il assez riche pour posséder un hôtel magnifique, plein de bibelots coûteux ? Comment cet être dégradé avait-il pu songer à donner à Jeanne l’éducation de princesse qu’elle avait reçue ?
    Il y avait là un mystère. Mais il comprit que ce n’était pas Noé Poisson ni Crébillon qui l’aideraient à l’approfondir.
    – Permettez-moi de vous féliciter, dit-il ; mademoiselle Jeanne…
    – Pardon : M me

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