Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
avait fait arrêter le jeune homme, pourquoi l’avait-il fait relâcher si vite ? Elle savait parfaitement que s’il était très facile d’entrer à la Bastille, il était horriblement difficile d’en sortir… Il y avait là une question à laquelle le chevalier répondit en reprenant :
    – Quelqu’un qui s’intéresse à moi et qui est haut placé a pu obtenir mon élargissement.
    On vient donc de me remettre seulement la lettre que vous m’adressiez… Vous m’appeliez à votre secours, madame !… Eh bien, me voici ! Dites ! que faut-il faire, qui faut-il provoquer ?…
    Jeanne garda un moment le silence.
    Elle considérait avec une émotion dont elle ne pouvait se défendre cette loyale figure si rayonnante de jeunesse et d’amour.
    Il n’y a rien de contagieux comme l’amour sincère.
    Et elle éprouvait peut-être en ce moment un peu plus que de la pitié pour ce charmant cavalier dont les yeux exprimaient un si pur dévouement et un si profond désespoir.
    – Chevalier, dit-elle doucement, écoutez-moi… je veux vous parler comme à mon meilleur ami, mon seul ami dans la situation où je me trouve… mon frère !…
    D’Assas eut un geste de résignation : ce n’est pas ce mot-là que son cœur espérait !…
    – Je vous ai appelé, reprit Jeanne avec cette netteté qui la distingua toujours, parce que j’étais sur le point d’épouser un homme que je hais. Apprenez la vérité, chevalier : M. Poisson, que vous avez vu, n’est pas mon vrai père… Mon père, c’est M. de Tournehem.
    – Le fermier général ?
    – Oui, chevalier. Or, M. d’Etioles est son sous-fermier. Il a relevé dans les comptes de mon père des exactions vraies ou fausses, mais qui, certainement, n’ont pas été commises par M. de Tournehem. Armé de ces chiffres, M. d’Etioles m’a donné à choisir. Ou je l’épouserais, ou il dénoncerait mon père…
    – Horreur ! Comment cet homme peut-il descendre à ce degré d’infamie et de lâcheté ?
    – M. d’Etioles y est descendu, fit sourdement Jeanne, et peut-être descendra-t-il plus bas. Enfin, lorsque j’ai pensé à vous, je me disais que peut-être, l’épée à la main, pourriez-vous imposer à M. d’Etioles une plus juste notion de l’honneur…
    – Merci ! oh ! merci, madame ! murmura ardemment d’Assas.
    – N’en parlons plus ! La fatalité s’en est mêlée. Tout est fini, puisque je m’appelle M me  d’Etioles. Mais vous l’avouerai-je ? cet homme me fait plus peur encore qu’avant mon mariage. Il me semble qu’il veut me pousser à je ne sais quelle sinistre aventure… Je ne puis rien dire à mon père de mes craintes, non seulement parce que je ne veux pas le replonger en de nouveaux chagrins – il a déjà tant souffert ! – mais encore parce que l’horrible d’Etioles est toujours armé, lui !… Alors, écoutez… voulez-vous que nous fassions un traité ?…
    – Ah ! madame… qu’est-il besoin de traité !… Vous savez bien que vous pouvez disposer de moi à votre gré !…
    – Eh bien, soit !… J’accepte votre généreux dévouement… Si j’ai besoin de quelqu’un pour me défendre c’est vous qui serez mon chevalier !…
    D’Assas tomba à genoux.
    Il lui parut que le ciel s’entr’ouvrait.
    Dans l’émotion de Jeanne, il vit ce qui y était peut-être en ce moment : un commencement d’amour !
    Alors il se sentit fort comme Samson quand il marchait contre les Philistins ! Il se sentit de taille à lutter contre le roi lui-même ! Et saisissant les mains que Jeanne lui abandonnait, il les couvrait de baisers ardents…
    – Relevez-vous, chevalier, dit-elle doucement.
    Il obéit.
    – Quand faut-il attaquer ? demanda-t-il.
    – Je vous le dirai ! D’ici là, si vous rencontrez M. d’Etioles, il faut prendre sur vous de lui faire beau visage…
    – Le pourrai-je !…
    – Il le faut !… Il faut que vous soyez reçu ici en ami, que vous puissiez entrer à toute heure…
    – Oui, oui !… s’écria d’Assas enivré.
    Jeanne lui jeta un adorable sourire.
    Et il est certain qu’à cette minute, l’image du roi pâlissait dans son cœur, et que l’amour éclatant du beau chevalier la troublait beaucoup plus qu’elle ne le croyait elle-même.
    Tout à coup on frappa à la porte, et Henri d’Etioles entra en s’écriant :
    – Ah ! chère amie, je vous cherche partout !… Oh ! pardon, ajouta-t-il en feignant d’apercevoir

Weitere Kostenlose Bücher