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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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blasées. Or, le chevalier était tout jeune. C’était un pauvre petit officier qui, en fait de faste, ne connaissait encore que les corps de garde et les chambres d’auberge.
    Il eut alors la sensation douloureuse qu’il entreprenait une démarche extravagante.
    Que venait-il faire là ? Qu’allait-il dire à la haute et puissante maîtresse de ce palais qui l’écrasait de son luxe insolent ?
    Tout à coup, il la vit !…
    On venait de l’introduire dans une sorte de boudoir d’une adorable simplicité. Peut-être Jeanne, dont le cœur connaissait toutes les délicatesses et dont l’esprit subtil devinait avec tant d’acuité la pensée des autres, avait-elle voulu montrer au chevalier que pour lui elle était encore la jolie fée sylvestre de l’étang.
    Elle s’avança vers lui, les deux mains tendues.
    Et lui, déjà enivré, troublé jusqu’au plus profond de l’être, s’inclinait en tremblant sur ces deux petites mains et les baisait, avec la tentation de se mettre à genoux…
    Jeanne se dégagea doucement, lui désigna un fauteuil et s’assit elle-même.
    – Je vous attendais, chevalier, dit-elle en souriant.
    – Vous m’attendiez, madame !… Hélas ! j’arrive un peu tard sans doute… mais j’ai une excuse : je viens de lire seulement il y a une heure la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser : je sors de la Bastille !
    – De la Bastille !… Vous n’aviez donc pas reçu ma lettre le soir où…
    – Où vous m’avez sauvée, madame ! Car c’était vous ! Dans le sommeil de plomb où j’étais plongé, dans cette impuissance où je me trouvais de faire un geste, de prononcer un mot, je vous ai reconnue…
    – Oui, c’était moi, dit simplement Jeanne, et une ombre de mélancolie voilà son front. Ainsi, à ce moment là, vous n’aviez pas encore lu…
    – Non, madame… je me trouvais rue des Bons-Enfants… et… je m’étais arrêté sous vos fenêtres… tout à coup, j’ai vu quelques hommes qui, dans l’ombre, considéraient votre maison… j’ai cru que c’étaient des malfaiteurs… je me suis avancé vers eux… ce n’était pas un malfaiteur qui était là, madame !… c’était le roi de France !…
    Jeanne devint très pâle, puis soudain, pourpre.
    Le chevalier poussa un soupir amer : l’effet produit par ses paroles dépassait tout ce qu’il avait pu redouter.
    – Continuez, je vous prie, dit faiblement madame d’Etioles.
    – Hélas ! madame, reprit alors le chevalier d’une voix tremblante, que vous dirai-je ?… Oserai-je vous dire la douleur qui m’étreignit lorsque je reconnus que j’avais un rival !…
    – Chevalier !…
    – Ah ! je vous en supplie, laissez-moi répandre à vos pieds l’amertume et le désespoir qui débordent de mon cœur !… Je vous aime, madame ! Vous le savez bien, mon Dieu !… Vous l’avez vu du premier coup… Je vous aime en insensé, car je vois ma passion sans issue, et je sens que je vous aimerai toute la vie !… Un rival !… Quel rival !… Le roi !…
    Jeanne palpitait. Son sein se soulevait. Les paroles du chevalier la plongeaient dans un inexprimable ravissement. Etait-ce possible ! Le roi était venu rôder sous ses fenêtres !… Oh !… mais il l’aimait donc !…
    Et, en même temps, elle était bouleversée par la passion si vraie, si ardente, si impétueuse, de ce jeune homme si beau dont le regard de flamme la pénétrait jusqu’à l’âme.
    – Je vous en supplie, murmura-t-elle, achevez votre récit…
    – C’est bien simple, madame ! Au moment où je demeurais tout atterré de cette rencontre, la gorge serrée par une terrible angoisse, je reçus par derrière un coup violent à la tête. Je tombai. Je perdis connaissance. Je vous entrevis, penchée sur moi… je revins à moi pour apprendre que vous étiez à Saint-Germain-l’Auxerrois… j’y courus… et je vis que c’était votre mariage qu’on venait de célébrer… C’est à ce moment que je fus arrêté…
    – Pourquoi ?…
    – Voilà ce que je ne saurai jamais, sans doute… Mais mon arrestation ne vous semble-t-elle pas la suite toute naturelle du coup que je reçus… lorsque j’eus reconnu… le roi !…
    Jeanne, elle aussi, le pensait !… Et, malgré elle, elle ne pouvait s’empêcher de songer que si d’Assas eût été le roi de France, il n’eût pas employé un pareil moyen pour se débarrasser d’un rival !… Mais si c’était Louis XV qui

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