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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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avec une effrayante palpitation de cœur.
    A cette minute, elle comprit que tout était vain, hormis son amour pour le roi !
    Bonheur, dévouement, pureté, loyauté, plus rien ne comptait… puisque la seule annonce de l’arrivée du roi lui causait un tel bouleversement !…
    Et soudain, elle le vit !…
    Il s’avançait, dans la gloire des vivats, dans le resplendissement des lumières, dans l’ivresse de cette foule somptueuse qui s’inclinait, l’acclamait… et tout ce décor lui donnait une sorte de rayonnement…
    Par lui-même, Louis XV était un fort élégant cavalier, bien qu’il commençât à s’empâter un peu.
    Mais en cette soirée, sanglé dans un costume qui éclipsait tous les costumes présents en élégance et en richesse, fardé soigneusement, il paraissait à peine vingt-cinq ans. Il était en plein éclat de jeunesse, et nul n’eût pu lire sur son visage les traces que les débauches y avaient déjà marquées. Il avait encore au suprême degré cette grâce un peu dédaigneuse qui le faisait prince de l’élégance…
    Bientôt, il devait la perdre, cette grâce qui avait permis au peuple d’accepter le surnom de Bien-Aimé, qu’un poète, plat courtisan et adulateur de la puissance comme la plupart des poètes de tous les temps, lui avait donné.
    Mais demeurons dans le cadre de notre récit qui eût dû plus justement s’appeler :
La Jeunesse de la marquise de Pompadour,
car nous n’avons d’autre prétention que de montrer comment cette si jolie fille devint la marquise au nom fameux.
    Le roi s’avançait, souriant, heureux, dosant autour de lui les gestes gracieux avec une admirable science instinctive des préséances.
    Jeanne, en le voyant, se recula presque défaillante pour s’appuyer à la muraille.
    Mais cette muraille, elle ne la trouva pas : elle se trouvait devant la porte du petit salon destiné au roi, et comme le passage était ouvert, elle entra dans cette pièce, sans presque s’en apercevoir, heureuse seulement d’échapper à la cohue et espérant pouvoir se remettre là de son émotion…
    Le chevalier d’Assas, bien que séparé d’elle, ne l’avait pas perdue des yeux.
    Il se dirigea, lui aussi, vers le petit salon et y entra.
    A ce moment, Louis XV arriva à l’entrée, et, d’un geste, pria que la fête continuât…
    Jeanne le vit entrer !…
    De saisissement, elle laissa tomber le mouchoir de dentelles qu’elle tenait à la main.
    D’Assas fit un mouvement pour ramasser le mouchoir.
    Mais plus prompt, et surtout plus impérieux, quelqu’un avait fait trois pas rapides.
    C’était Louis XV !…
    Le chevalier d’Assas, pâle d’amour et de désespoir, se recula en tremblant tandis que le roi ramassait le mouchoir.
    – Sire ! balbutia Jeanne éperdue.
    Le roi jeta autour de lui un rapide regard, déposa un baiser sur le mouchoir qu’il cacha aussitôt dans son sein et murmura d’une voix ardente :
    – Je le garde… Je l’eusse payé d’une de mes provinces, serez-vous assez cruelle pour me le reprendre ?…
    Et comme Jeanne baissait les yeux, incapable de trouver un mot, angoissée au point de défaillir presque, il reprit :
    – Dites… faut-il vous le rendre ?… faut-il le garder ?… Mon sort est dans la parole qui va tomber de vos lèvres…
    Jeanne pantelante, pâle comme une morte, répondit dans un souffle :
    – Gardez, Sire !…
    Un gémissement étouffé se fit entendre à deux pas. Mais ils étaient lui trop occupé, elle trop émue pour l’avoir seulement entendu.
    Ce gémissement, c’était le pauvre chevalier d’Assas qui l’avait poussé !…
    A demi caché dans la tenture de la portière vers laquelle il s’était retiré au moment où le roi l’avait devancé, il avait tout vu, tout entendu !… Le désespoir dans l’âme, il franchit la porte devant laquelle était amassée une foule de courtisans.
    En franchissant le pas, il s’accrocha à la portière, qui jusqu’ici était demeurée soulevée, pour ne pas tomber. Le malheureux jeune homme chancelait…
    Or, dans le mouvement qu’il fit pour se retenir à la tenture de velours, il la décrocha de sa patère !…
    Et lorsqu’il fut passé, la tenture retomba !…
    Jeanne et le roi étaient seuls !…
    D’Assas, pâle comme un spectre, cherchait à fendre la foule pour gagner le dehors, lorsqu’une main saisit la sienne, et quelqu’un lui dit en riant d’un rire étrange :
    – Merci, chevalier ! Vous venez de me rendre

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