Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La mort bleue

La mort bleue

Titel: La mort bleue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
horreur.
    â€” Certainement pas le meilleur d’entre eux, commenta le commerçant en prenant connaissance des premières lignes.
    Il regarda chacun des feuillets, porta son attention sur le dernier paragraphe, souligné au crayon rouge, puis lut à haute voix :
    C’est une vision dantesque que laisse entrevoir le docteur Hamelin, celle de cadavres pourrissants dans les rues, avec les rares survivants de cette peste se déplaçant comme des spectres…
    â€” Ce gars est en train de devenir fou, clama Paquin.
    Le nouveau venu arqua les sourcils, intrigué, puis demanda :
    â€” Nous parlons ici de la folie du docteur Charles Hamelin ou de celle de ce gratte-papier?
    â€” Hamelin.
    â€” Le hasard veut qu’il s’occupe de ma petite santé depuis que Caron, son beau-père, aspire à un peu de repos. À part sa curieuse idée de me faire abandonner le cognac, cet homme me paraît aussi sain d’esprit que chacune des personnes présentes dans cette pièce.
    La rebuffade amena le rouge aux joues du médecin hygiéniste. Il insista pourtant :
    â€” Je l’ai vu cette semaine, tout excité par une supposée épidémie de grippe. J’ai essayé de le ramener à la raison. Vous voyez là le résultat de mes efforts.
    â€” Quelqu’un peut-il me dire de quelle épidémie nous parlons ici? L’un parle de la peste, l’autre de la grippe.
    Des yeux, il interrogeait Lavigueur. Celui-ci résuma la situation :
    â€” Il semble qu’une grippe assez sévère affecte de nombreuses villes des États-Unis…
    â€” J’ai vu cela dans les journaux.
    â€” L’infection commencerait à faire des victimes à Québec. Hamelin aurait observé une multiplication des cas dans son cabinet.
    â€” La grippe sévit tous les ans, en n’importe quelle saison, intervint Paquin. De mon côté, je n’ai rien observé de bien différent des années passées.
    Le regard du premier magistrat se porta sur le thérapeute pour le ramener au silence. Il continua bientôt :
    â€” Dans certains cas, la maladie se complique. Dans les divers hôpitaux de la ville, quelques personnes ont été traitées pour des pneumonies.
    â€” C’est une maladie sérieuse, ça, remarqua un échevin.
    â€” Souvent mortelle, renchérit un autre.
    â€” Bien sûr que c’est sérieux, clama Paquin. Mais il faut être complètement fou pour semer la panique au sein de la population en comparant cela à la peste.
    Ã€ ce sujet, personne n’en viendrait à le contredire. Les livres d’histoire contenaient des descriptions apocalyptiques des ravages de cette contagion.
    â€” Justement, le directeur du Soleil ne publiera pas ce texte, conclut le maire. Après tous les désordres des derniers mois, nous n’avons certes pas besoin de voir la populace envahir encore les rues, cette fois sous un prétexte de santé publique. Nos adversaires s’empresseraient de saisir ce nouveau motif pour alimenter l’agitation.
    La crainte du politicien reposait sur l’expérience des dernières années. Le parti au pouvoir dans la province et dans la ville se voyait accusé du moindre événement malheureux par les conservateurs et les nationalistes. Heureusement, en exerçant une certaine emprise sur des journaux comme Le Soleil , les libéraux pouvaient faire taire en partie les prophètes de malheur et mousser les nouvelles les faisant bien paraître.
    â€” Je comprends bien tout cela, résuma Thomas. Un journaliste propose un article alarmiste, nous ferons en sorte qu’il ne paraisse pas. Mais encore?
    Â«Â Vous ne m’avez pas fait sortir de la quiétude de mon foyer pour cela! » souhaitait-il plutôt exprimer. L’événement ne justifiait certes pas le déplacement. Lavigueur comprit le reproche implicite et enchaîna :
    â€” Nous devons maintenant décider si nous faisons quelque chose à propos de cette grippe.
    â€” Cette maladie nous touche tous les ans, remarqua Paquin avec humeur. Si elle survient aussi tôt qu’en septembre, tant mieux. Nous en serons débarrassés jusqu’à l’automne prochain.
    â€” Elle ne présente pas de danger particulier? s’enquit le commerçant.
    â€” Bien sûr que non.
    Dans la pièce, le médecin

Weitere Kostenlose Bücher