Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La mort bleue

La mort bleue

Titel: La mort bleue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
moroses et continua d’un ton enjoué :
    â€” Cela me fait plaisir de passer une journée avec ces anges.
    â€” Des anges? Êtes-vous certaine de parler de mes enfants?
    â€” Bien sûr. Vous verrez quand vous serez grand-père : vous aurez à votre tour le plaisir et aucune des responsabilités.
    Ã‰lise apparut dans le petit vestibule en enfilant ses gants. Après des bises sur les joues maternelles, elle demanda en étirant le cou pour voir par la porte laissée ouverte :
    â€” Tu as demandé au chauffeur de m’attendre?
    â€” J’ai respecté tes consignes à la lettre.
    â€” Alors autant ne pas le faire patienter trop longtemps. À ce soir.
    Elle sortit alors que son mari murmurait :
    â€” Si vous voulez bien m’excuser un moment…
    Il accompagna son épouse jusqu’au trottoir, déclara en mettant la main sur la poignée de la portière :
    â€” Je suis désolé de te recruter de la sorte dans ma lubie… J’aimerais toutefois en savoir un peu plus, les journaux me paraissent trop laconiques. Les articles sont concis et je soupçonne que les rédacteurs gardent en tête les nouvelles directives du premier ministre Borden quant à la censure. Parler de maladie peut être vu comme une attitude défaitiste.
    â€” Je t’assure, sortir de la maison me fera du bien. Je regrette juste de partir sans toi.
    L’homme se pencha pour l’embrasser sur la bouche, s’attarda au point de faire jaser les voisins, puis l’aida à monter dans le taxi. Quand il réintégra son domicile, sa belle-mère le contempla en offrant une mine amusée. Il reprit la conversation où il l’avait interrompue :
    â€” Nous risquons tous les deux de revenir assez tard, pas avant dix heures ce soir.
    â€” Profitez-en pour aller souper ensemble au Château et entendons-nous pour minuit au plus tôt. Si c’est plus tard, je dormirai sans doute sur le canapé du salon. Essayez seulement de ne pas me réveiller en entrant.
    Charles tendit la main pour prendre le manteau de sa parente afin de l’accrocher dans la garde-robe et la laissa disposer elle-même de son chapeau. Il enfila son imperméable en concluant :
    â€” Comme la journée sera longue, autant me mettre en route tout de suite. Vous m’excuserez auprès des enfants, tout en leur disant que je ferai l’impossible pour revenir à midi.
    Au moment où il s’apprêtait à passer la porte, il se retourna pour dire encore :
    â€” Vous savez, vous êtes très gentille.
    â€” Confidence pour confidence, mon gendre, vous êtes très gentil aussi.
    Ces mots l’accompagnèrent pendant une bonne partie de cette longue journée.
    La Citadelle de Québec formait un ensemble défensif désuet, en grande partie enfoui sous terre. En temps de paix, elle servait d’attraction touristique et de logis au gouverneur général, lors de ses séjours dans la vieille capitale. Depuis 1914, elle prenait l’allure d’une ruche bourdonnante, où des centaines d’hommes s’agitaient dans toutes les directions.
    Le docteur Charles Hamelin se heurta d’abord à des sentinelles aux visages peu sympathiques. Dans le dédale de couloirs, les militaires jetaient sur lui des regards soupçonneux. Dans un univers kaki, son costume de tweed le rendait louche. À la fin, il trouva l’antichambre d’un grand bureau et commença dans son meilleur anglais :
    â€” Je désire parler au général Landry.
    â€” Le commandant ne reçoit pas de visiteur, rétorqua l’autre en français.
    â€” C’est de la plus haute importance, croyez-moi.
    Le lieutenant faisant office de cerbère et de secrétaire marqua une hésitation, chercha une feuille et la tendit au visiteur en disant :
    â€” Écrivez l’objet de votre démarche et vos coordonnées. Nous vous contacterons.
    Un pareil dénouement semblait aussi probable que le retour inopiné du Messie sur terre. Le médecin secoua la tête de dépit, puis déclara :
    â€” Je n’ai pas le temps de jouer à ces sottises. Dites au général Landry que je veux lui parler. Avec toute la paperasse qui vous passe entre les mains, vous connaissez sûrement le nombre de malades au camp de Saint-Jean. Il atteint maintenant les six cents. Je

Weitere Kostenlose Bücher