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La mort bleue

La mort bleue

Titel: La mort bleue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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conclut :
    â€” Les funérailles auront lieu ici, demain à dix heures. L’inhumation suivra au cimetière Saint-Charles.
    Le prône se termina sur des paroles empruntées à l’archevêque de Montréal :
    â€” Avant tout, recourons à la prière. Supplions le Seigneur d’épargner notre cité et notre pays. Recourons à la Vierge Marie, Notre-Dame-du-Bon-Secours et disons fidèlement le chapelet à cette intention.
    Â«Â Mon masque de coton me protège sans doute mieux que les grains de verre coloré », songea la jolie secrétaire. Tout de même, avant de se coucher, elle marmonnerait fidèlement les cinq dizaines de Je vous salue Marie .
    * * *
    Paul Dubuc avait assisté à la messe depuis le fond de la cathédrale, les yeux fixés sur sa maîtresse et sa fille. Après avoir passé quelques jours à Rivière-du-Loup avec Amélie, ses activités politiques le ramenaient dans la capitale. À la sortie de l’église, Marie se dirigea vers la maison avec les deux jeunes filles et la domestique. Il leur emboîta le pas avec un empressement susceptible de faire sourire les hommes parmi ses connaissances. Son assiduité auprès de la charmante veuve lui valait une complicité bienveillante de la plupart d’entre eux.
    Au moment où la marchande glissait sa clé dans la serrure, il déclara à l’intention du petit groupe :
    â€” Mes très charmantes dames, comment allez-vous? Vous ressemblez à des Turques, avec ce déguisement.
    â€” Nous allons aussi bien que possible, dans le contexte présent, rétorqua Marie. Tu l’as remarqué, nous portons des masques, la moitié de la ville est malade…
    Le ton témoignait de son irritation croissante. Elle errait des journées entières dans son commerce fermé, surveillait les passants de moins en moins nombreux dans la rue. Heureusement, la bâtisse était payée depuis 1914. Cette situation n’affecterait pas trop sa situation financière. Toutefois, cette mise en quarantaine lui pesait sur les nerfs.
    Elle se reprit après une brève pause :
    â€” Je m’excuse, je suis en train de devenir une vieille femme acariâtre.
    â€” Si tu veux, nous pourrions marcher avant de dîner, déclara le politicien en posant la main sur l’avant-bras de sa compagne.
    Il continua après un moment, un peu plus bas :
    â€” À moins que tu préfères déjeuner…
    Pour communier, il fallait demeurer à jeun depuis la veille. Dans quelques minutes, Gertrude poserait des rôtis et de la confiture sur la table de la salle à manger.
    â€” Tu as raison, prenons un peu l’air.
    Elle poussa la porte en ajoutant :
    â€” Les filles, vous allez monter sans nous. À tout à l’heure.
    Un instant plus tard, pendue au bras de son amant, elle se dirigeait de nouveau vers la cathédrale. Cette petite marche les conduirait vraisemblablement dans le parc Montmorency. La contemplation du fleuve apaiserait bien vite son âme.
    Ã€ l’intérieur du commerce, Gertrude monta retrouver son fourneau. Plantée devant la vitrine donnant sur la rue, Thalie commenta :
    â€” Tout de même, ces deux tourtereaux sont amusants. Ils assistent à la messe chacun à son extrémité de la cathédrale, mais ton papa accourt ici dès le Ite missa est .
    â€” Parfois, ils ressemblent à des adolescents, observa Françoise.
    â€” Dans le cas de ma mère, il s’agit encore d’une adolescente…
    L’étonnant destin de sa mère, mise enceinte par son patron et sauvée par la proposition de mariage d’un homosexuel, revint à la mémoire de la jeune fille. Si le sujet n’avait pas été aussi scabreux, il aurait fourni la matière d’un roman populaire apte à tirer des larmes.
    En arrivant au palier de l’étage, la jeune fille de la maison précisa à sa compagne :
    â€” Tu m’excuseras, mais je m’arrête ici pour téléphoner. Cela peut être long…
    â€” Donc, je devrai manger des toasts avec Gertrude à m’en rendre malade, ricana Françoise.
    â€” Pauvre petite… tu peux m’en garder un ou deux.
    Même si, depuis quelques années, Marie payait un second abonnement téléphonique pour l’appartement du dernier étage, la jeune fille

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