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La mort bleue

La mort bleue

Titel: La mort bleue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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ans alors que j’en ai un peu plus de cinquante.
    â€” Alors nous sommes des jumeaux.
    Le professionnel obèse et chenu marchait avec difficulté. Son souffle court et sa respiration sifflante témoignaient d’une santé déclinante.
    â€” Venez vous asseoir, invita Thomas. Vous devrez toutefois endurer mon nouvel aménagement des lieux.
    Le lit placé près de la fenêtre donnait un air étrange à la bibliothèque.
    â€” L’escalier me paraît un obstacle insurmontable, alors je me limite au rez-de-chaussée.
    â€” Vous êtes tout de même installé confortablement.
    â€” Je passe de mon lit à ce fauteuil, expliqua-t-il en se laissant tomber lourdement, puis de ce fauteuil au lit. Mes journées s’égrènent à relire les livres entassés sur ces étagères, mais je ne veux pas en commencer un nouveau. J’aurais trop peur de ne pas le terminer.
    â€” Voyons, vous vous remettez très bien.
    Thomas lui adressa un sourire attristé.
    â€” Nous n’allons pas nous raconter des histoires, après toutes ces années. Cet accident, survenu à Ottawa, était le second. Je doute de passer à travers le troisième. C’est comme si j’avais une petite bombe dans la tête.
    â€” Pourtant, vous paraissez beaucoup mieux.
    â€” Le docteur Caron, sous ses dehors timides, n’hésite pas à dire la vérité. Six mois après une crise d’apoplexie, j’ai une chance sur trois de ne plus être de ce monde…
    Ce pronostic l’avait laissé songeur. Lentement, il se faisait à l’idée de ne plus en avoir pour longtemps, peut-être.
    â€” Avez-vous apporté mon testament avec vous?
    Le notaire ouvrit son vieux porte-documents pour en sortir un dossier de format légal.
    â€” Voulez-vous y apporter des changements?
    â€” De simples détails. Par exemple, prévoir une petite somme, cent dollars, pour la jeune infirmière qui loge ici, si elle se trouve encore à mon emploi au moment de mon décès. Cette personne m’aide à prendre mon bain, cela vaut quelque chose. Elle se nomme Odile Bouchard.
    Le tabellion sortit un crayon de sa poche, écrivit une note en marge du document.
    â€” Pour le reste, je veux juste me remémorer ce que je vous demandais de préparer l’été dernier. J’ai peur que ma mémoire faiblisse un peu.
    â€” Alors, commençons par votre principal héritier, Édouard. Vous avez prévu lui laisser trois de vos cinq parts du magasin et des ateliers, de même que vos terrains du côté de Sainte-Foy et quelques actions dans diverses entreprises.
    â€” Avec le salaire qu’il pourra se consentir pour la gestion des entreprises PICARD, il comptera parmi les personnes les mieux nanties de la ville.
    â€” Il n’aura certes pas à se plaindre.
    Le jeune homme pourrait sans mal conserver son train de vie actuel. Son père se demandait toutefois s’il saurait enrichir ce patrimoine.
    â€” Votre femme doit garder la propriété de cette maison, une part, c’est-à-dire le cinquième de vos entreprises, toutes vos obligations d’épargne, vos bons de la victoire.
    â€” Tout bien compté, cela doit représenter le cinquième de mes avoirs. Elle devrait se trouver à l’abri du besoin.
    Le notaire laissa échapper un rire bref, puis il commenta :
    â€” Sans le moindre doute.
    â€” Au moment de son propre décès, ses biens iront aux enfants, en parts égales.
    â€” Ainsi le veut la tradition.
    â€” Et son propre testament aussi, ajouta Thomas. Elle vous l’a dicté l’été dernier. Nous n’avons pas de secrets, à ce sujet.
    L’homme tenait à ce que sa femme puisse continue à mener une vie confortable, si elle devenait veuve. Toutefois, au bout du compte, il souhaitait voir le patrimoine familial revenir à ses enfants.
    â€” Quant à ma belle-fille, continua Dupire, en plus d’une dot généreuse au moment de son mariage, vous lui consentez l’une des cinq parts de vos entreprises.
    â€” Exactement.
    â€” Là aussi, vous respectez les usages.
    Le convalescent essuya machinalement le coin gauche de sa bouche avec son mouchoir, demeura songeur un moment.
    â€” Son mariage n’est pas un succès, n’est-ce pas? murmura-t-il.
    â€” Je ne sais pas si je peux…
    â€” Nous

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