Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
soir venu, ils s’arrêtèrent à l’orée d’un bois où Lancelot mit pied à terre et ordonna de dresser les tentes pour la nuit. Les gens chargés de cet office s’en acquittèrent sur-le-champ, et l’on dormit là. Le lendemain, il se remit en route jusqu’à parvenir sur les terres de ses ancêtres. À cette nouvelle, tous les habitants se portèrent à la rencontre de leur seigneur qu’ils accueillirent avec de grandes démonstrations de joie.
    Le lendemain de son arrivée dans la cité de Bénoïc {65} , Lancelot, après avoir entendu la messe, s’approcha de Bohort et de Lionel et leur dit : « Faites-moi une grâce, je vous en prie. – Seigneur, répondirent-ils, il ne convient pas que tu nous en pries. Donne-nous un ordre, tu sais bien que nous nous exécuterons immédiatement, dût-il nous en coûter la vie. » Lancelot regarda avec tendresse ses deux cousins qui, avec la reine Guenièvre et Hector son frère, étaient les êtres qu’il considérait comme les plus proches de lui. Tous deux n’avaient-ils pas été élevés avec lui dans le palais merveilleux de celle que l’on appelait maintenant la Dame du Lac, Viviane, qui avait été pour eux la plus attentionnée des mères, la plus délicate des femmes, avant de les lancer elle-même dans le vaste monde afin qu’ils y accomplissent des prouesses ?
    « Bohort, reprit-il donc, je te demande de prendre possession du royaume de Bénoïc auquel je renonce solennellement. Quant à toi, Lionel, je te demande d’accepter le royaume de Gaunes {66} qui appartenait jadis au roi Bohort, votre père, lequel était frère de mon propre père. » Émus jusqu’aux larmes, les deux frères dirent qu’ils acceptaient cette donation, puisque telle était la volonté de Lancelot. Ils se mirent tous deux à genoux pour recevoir de lui leur seigneurie. Du moment où il les en nantit jusqu’à la Toussaint, date à laquelle les deux frères seraient couronnés, il n’y avait qu’un mois et deux jours. Et si la nouvelle fit sauter de joie tous leurs sujets, qu’ils fussent chevaliers, artisans ou laboureurs, triste à mourir était Lancelot. Tout en faisant bonne figure, il portait en son cœur la blessure incurable, il le savait, de l’absence de la reine Guenièvre, ainsi que de l’hostilité non déguisée du roi Arthur.
    Quand la Toussaint fut venue, tous les hauts barons du pays se rassemblèrent à Bénoïc pour assister au couronnement de Bohort et de Lionel. À cette occasion, nombre de chevaliers, qui étaient autrefois de la Table Ronde, vinrent leur prêter hommage. Parmi eux se trouvaient Karadoc de Vannes, l’époux de la belle Guinier, ainsi que Kaherdin, fils du comte de Karahès et ancien compagnon et confident de Tristan de Lyonesse. Vint également Érec, le fils d’Erbin, qui s’engagea aux côtés des deux frères par égard pour Lancelot, ainsi que le chevalier Lanval et le noble Guigemer, jadis protégé de Morgane. Et la liesse était à son comble, la fête battait son plein quand, arrivant de l’île de Bretagne, un messager vint annoncer que le roi Arthur comptait attaquer Lancelot et les siens dès que l’hiver serait passé.
    À cette nouvelle, Lancelot déclara à l’homme qui l’avait transmise : « Que le roi soit le bienvenu. Assurément, nous le recevrons comme il se doit, s’il plaît à Dieu, car nos forteresses sont garnies de bonnes murailles, et nos terres abondent en vivres et en hommes d’armes. Le roi peut venir en toute sécurité. Partout où je me trouverai, et pour autant que je sois en mesure de le reconnaître, il ne courra aucun risque de mort. En revanche, pour ce qui est de Gauvain, son neveu, lequel est si fort animé contre nous et nous veut tant de mal, qu’il sache que, s’il vient ici, il ne s’en tirera pas sans dommage. Nous lui fournirons mille motifs et mille occasions de se repentir d’avoir provoqué, par sa colère et son inconscience, une guerre aussi injuste que celle-ci ! » Telles furent les paroles de Lancelot. Et, sur ce, le messager repartit pour l’île de Bretagne.
    Durant tout l’hiver, le roi Arthur parcourut son royaume, allant de forteresse en forteresse et de ville en ville. Et, pendant qu’il allait, chevauchant de part et d’autre, au fil des jours, Gauvain, qui ne le quittait pas, ne cessait de le harceler pour lui faire reprendre la guerre contre Lancelot. Le roi finit par promettre à son neveu de rassembler, sitôt après les fêtes de Pâques,

Weitere Kostenlose Bücher