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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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compte aller m’enfermer dans la grande tour de Kamaalot {71} et la faire garnir d’hommes d’armes et d’arbalétriers, sans oublier de la munir d’une grande abondance de vivres. Je désire donc que tu ailles en personne me chercher ces hommes et que tu leur fasses jurer sur les saintes reliques, chacun en particulier, qu’ils ne révéleront à personne pourquoi ils sont postés là. Je ne saurais sans cela échapper à ce Mordret dont l’ambition n’a d’égale que la turpitude.
    — Chère dame, répondit Labor, il n’est rien que je ne fasse pour te protéger. J’irai donc chercher pour toi des chevaliers et des hommes d’armes susceptibles de garder la tour, et j’y ferai déposer des vivres. Ainsi, lorsqu’elle sera suffisamment garnie, pourras-tu t’y réfugier. Mais je te conseille également d’envoyer un messager vers Lancelot du Lac afin de lui demander de te secourir. Je t’assure que, lorsqu’il connaîtra ta situation, il ne manquera pas d’accourir, en compagnie de gens capables de te délivrer, en dépit de tous les gens de ce pays-ci qui sont maintenant sous la coupe de Mordret. Et s’il arrivait que le roi fût vivant, car je crois fausse la nouvelle de sa mort, et que ton émissaire le rencontrât par hasard en Bretagne armorique, il n’aurait pas plus tôt appris ta situation qu’il reviendrait ici avec tous les gens qu’il a emmenés. Ainsi, de toute façon, serais-tu délivrée de Mordret. »
    Ce conseil rasséréna la reine Guenièvre. Elle se vit déjà dégagée du piège où, sans le vouloir, l’avaient mise les habitants du royaume de Bretagne. Labor se mit en quête de chevaliers et d’hommes d’armes en qui il pût avoir toute confiance, et les huit jours ne s’étaient pas écoulés qu’il avait recruté jusqu’à deux cents hommes, tant chevaliers que sergents, lesquels avaient tous juré sur les saintes reliques de se rendre en la tour de Kamaalot et d’y défendre la reine contre Mordret aussi longtemps qu’ils le pourraient. Au surplus, la chose se fit si discrètement que nul, en dehors des intéressés, n’en eut connaissance. Bref, avant même que le délai octroyé par Mordret ne fût révolu, le refuge de la reine était fin prêt pour l’accueillir.
    Arriva le jour où Guenièvre devait se prononcer, en présence des hauts barons rassemblés dans la grande salle de Kamaalot. Mais elle, sans omettre le moindre détail, avait fait entrer dans la tour ceux qui devaient lui tenir compagnie, munis de toutes les armes nécessaires et, aussitôt qu’elle les eut rejoints, fit relever le pont-levis. Elle monta alors aux créneaux de la tour et, de là, cria à Mordret qui, tout en bas, se morfondait déjà de voir hors de portée sa proie : « Mordret ! C’est pour ton malheur que tu as voulu m’avoir, consentante ou non, pour femme. Aussi, écoute-moi bien ! Si tu persistes dans ton entreprise, tu risques d’y trouver la mort, car jamais je ne céderai à un scélérat tel que toi ! »
    Elle se rendit ensuite dans sa chambre et demanda à ses compagnons ce qu’elle devait faire. « Dame, répondirent-ils, ne t’inquiète pas. Nous sommes tout prêts à défendre cette tour contre Mordret, s’il a l’intention de la prendre d’assaut, et nous ne le redoutons guère. Il ne pourra, ni lui ni ses gens, mettre ici les pieds aussi longtemps que nous aurons des vivres. » Ces paroles réconfortèrent grandement Guenièvre.
    Au-dehors, cependant, Mordret, furieux d’avoir été berné par la reine, disait aux barons : « Seigneurs, vous me voyez bien embarrassé. Cette tour est solide, munie de vivres, facile à défendre, et j’ai l’impression que ceux qui s’y trouvent sont vaillants, hardis, et n’hésiteraient pas à nous faire payer très cher la moindre tentative d’assaut. Dès lors, quel conseil me donneriez-vous ? – Seigneur, répondirent-ils, il suffirait de les assaillir de tous les côtés à la fois et à maintes reprises. La tour n’est pas assez forte pour nous résister longtemps et, en outre, ceux du dedans ne peuvent attendre aucun secours du dehors, de sorte qu’ils finiront bien par manquer de vivres. – Par ma foi ! s’écria Mordret, vous me réconforteriez davantage en vous montrant plus sûrs de vous ! Or, je vois bien que vous voulez faire traîner les choses en longueur ! »
    Et, comme ils lui affirmaient qu’ils étaient sûrs de leur fait : « Fort bien ! riposta-t-il, mais, dans ce cas,

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