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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Hélas ! me voici prisonnier de ma parole et forcé de tenir ce que j’ai accordé ! Qu’il en soit donc ainsi. »
    Gauvain prit congé de son oncle et vint retrouver l’écuyer. « Ami, dit-il, retourne dans la forteresse et invite Lancelot et ses compagnons à venir parler au roi et à moi-même entre le camp et la cité. Qu’ils viennent sans armes, ainsi serons-nous nous-mêmes. » Le jeune homme se hâta si bien qu’il trouva Lancelot, Bohort et Hector seuls à une fenêtre et s’entretenant encore du message de Gauvain. Lancelot répétait à quel point l’accablait la perspective d’affronter Gauvain, qu’il estimait plus qu’aucun autre chevalier au monde. L’écuyer lui dit : « Seigneur, le roi et le chevalier Gauvain m’envoient vous prier, toi et tes compagnons, de venir sans armes leur parler hors de la cité. Ils viendront dans le même appareil, et l’on prendra de part et d’autre, avec serment, des engagements auxquels nul ne pourra se soustraire. – C’est entendu, répondit Lancelot. Nous y serons tout à l’heure. »
    Aussitôt informé de la réponse de Lancelot, le roi Arthur monta à cheval et, en compagnie de Gauvain et de Girflet, fils de Dôn, se rendit sous les murailles de Bénoïc, non loin de la grande porte. Ils virent alors sortir le roi Bohort, Lancelot et Hector. Or, tout en s’approchant, Lancelot dit aux deux autres : « Descendons de nos chevaux pour aller à la rencontre du roi. » Mais eux protestèrent qu’ils ne mettraient jamais pied à terre devant leur ennemi mortel. Lancelot répliqua que lui-même le ferait néanmoins, par respect pour le roi, bien que celui-ci fût son ennemi. Et comme il joignit le geste à la parole, ses compagnons se crurent obligés de l’imiter.
    Lancelot s’approcha et salua le roi qui, de peur de mécontenter Gauvain, ne lui rendit pas son salut, quoiqu’il fût navré de répondre si mal à de bons procédés ; il avait en effet remarqué l’exquise courtoisie de Lancelot descendant de cheval pour mieux témoigner son respect. « Roi Arthur, dit alors celui-ci, tu m’as demandé de venir te parler. Me voici prêt à t’écouter. » Mais, avant que le roi n’eût pu répondre, Gauvain s’était avancé. « Lancelot, dit-il, le roi est venu ici s’engager solennellement sur tous les points que tu m’as soumis. Je te combattrai pour prouver que tu as tué mon frère par trahison. Mais si j’ai le dessous dans cette bataille, le roi te promet que ni lui ni ses hommes ne te causeront plus jamais d’ennuis, aussi longtemps qu’il vivra. Ils lèveront le siège et s’en retourneront en leur pays. – Qu’en pense le roi ? demanda Lancelot. – Tu as ma promesse », répondit simplement Arthur.
    Lancelot s’adressa alors à Gauvain. « Avant toute chose, dit-il, je veux que tu saches, Gauvain, que, si tu en étais d’accord, je renoncerais volontiers à cette bataille, dût la honte en rejaillir sur moi et dût-on m’accuser de couardise. Ah ! Gauvain ! tu as tant fait pour moi que porter les armes contre toi me cause une peine immense. Certes, ce n’est pas la crainte, mais l’amitié et la courtoisie, qui me dictent ces paroles. Et je ne les prononce pas non plus par vantardise ni parce que tu es le plus vaillant chevalier du royaume, mais parce que je serais trop heureux que la paix régnât entre nous. Pour obtenir cette paix, je suis prêt à aller très loin. »
    Après un regard à ses compagnons, qui gardaient la tête baissée, il reprit : « Voici donc ce que je propose : j’accepte de devenir ton homme lige, et toute ma parenté te rendra hommage, y compris mon frère Hector, mais à l’exception des deux rois Bohort et Lionel, car je ne veux pas les voir au service d’autrui. Je peux jurer tout cela sur les saintes reliques à l’instant même, et je peux en même temps prendre l’engagement de quitter Bénoïc demain matin, à la première heure, pieds nus, grossièrement vêtu, seul, pour un exil qui durera dix ans. Si je meurs avant ce délai, je te pardonnerai ma mort et t’en tiendrai quitte, ainsi que toute ma famille. Et si, à mon retour, au bout de ces dix ans, le roi et toi vivez encore, je veux vivre en votre compagnie à tous deux comme par le passé. De plus, sur les mêmes reliques, Gauvain, je suis prêt à jurer que je n’ai jamais tué de plein gré ton frère Gahériet, et que sa mort m’a causé plus de chagrin que de satisfaction. Tout cela, je suis

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