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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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repaître à l’envi ! »
    Ainsi parlait la belle Guinier, s’adressant pour le tenter à l’immonde serpent. Et, pendant ce temps, les ermites récitaient des prières, suppliant Dieu de secourir le malheureux Karadoc et d’épargner la courageuse jeune fille que cette épreuve épouvantable ne rebutait pas. Quant au serpent, que le vinaigre cuisait de plus en plus, il risqua sa tête hors de la cuve, aperçut le lait dans l’autre, ainsi que la jeune fille qui lui tendait son sein. Alors, en une incroyable détente, il sauta sur la proie offerte. Mais, derrière la jeune fille, se tenait Cador, l’épée à la main. Au moment même où le serpent bondit, il le frappa et lui trancha la tête. Mais, par malheur, il trancha également, ce faisant, le téton de sa sœur. Dans sa rage contre le monstre, Cador se rua sur lui et, à terre, le tailla en pièces. Quant à Karadoc, il se précipita hors de la cuve, aussi heureux de sa propre délivrance que malheureux de la blessure de son amie.
    Fou de joie de sa guérison, Cador étreignit Karadoc, et Karadoc lui manifesta une égale allégresse en l’embrassant à maintes reprises puis, se précipitant vers Guinier, il l’accola tendrement. La belle était tout en pleurs, mais c’étaient des pleurs de liesse plus que de souffrance, en dépit de la mutilation qu’elle avait subie. Cador la retira toute nue de la cuve et la revêtit de belles étoffes précieuses. De son côté, Karadoc revêtait les habits apportés à son intention, et tous se réjouirent de la victoire.
    Les ermites et les deux jeunes gens s’occupèrent alors de soigner Guinier. Parmi les premiers, se tenait un saint homme des mieux versés en médecine il appliqua un cataplasme fait de terre et de plantes qui eut tôt fait de cicatriser la plaie. Par ailleurs, il s’efforça de purger Karadoc de tout le venin inoculé par le serpent tant de mois durant. Enfin, Karadoc et Guinier se virent dispenser de si bons soins qu’en une semaine ils étaient tous deux parfaitement guéris. Alors, Karadoc se fit frotter le corps d’huile, se fit raser, laver, peigner, et il recouvra de la sorte son aspect d’avant. Ne lui demeura de son aventure qu’une seule trace : à l’endroit où le serpent lui avait saisi le bras, l’os était deux fois plus épais, et c’est en raison de cette anomalie que l’on appela désormais Karadoc Brychbras, c’est-à-dire « gros bras » {15} .
    Le bruit de l’aventure se répandit comme la flamme à travers tout le pays et parvint bientôt aux oreilles du roi de Vannes. Dans son impatience d’embrasser celui qu’il persistait à considérer comme son propre fils, il se rendit à l’ermitage et y manifesta la plus grande joie de revoir Karadoc sain et sauf en belle santé. Il ne manqua pas de récompenser largement les ermites qui avaient adouci de leur mieux la souffrance de son fils et, à la prière de celui-ci, consentit à libérer la reine Ysave, lui permettant d’aller où bon lui plairait, tant à pied qu’à cheval. Laquelle, dit-on, usa et abusa de sa liberté recouvrée pour rejoindre le plus souvent possible l’enchanteur Éliavrès qu’elle aimait toujours d’un amour ardent. Quant à Karadoc, il décida de partir immédiatement pour la cour du roi Arthur en compagnie de Cador et de la belle Guinier.
    Tous trois se mirent donc en route dès le lendemain et, après une traversée sans incident, galopèrent avec tant d’entrain qu’ils parvinrent bientôt en vue de Kamaalot où étaient convoqués barons et vassaux pour la fête de la Pentecôte. Sitôt averti de leur arrivée, Arthur vint en personne au-devant d’eux et les accueillit avec force démonstrations de joie. Il avait éprouvé tant de chagrin du sort funeste de Karadoc, s’était tellement attristé de n’en plus avoir de nouvelles que son bonheur de le revoir en était décuplé. Aussi, pour fêter dignement le retour de son petit-neveu, fit-il organiser pour le lendemain, veille de la Pentecôte, une grande chasse dans la forêt qui cernait la forteresse. Et cette perspective ravit tous ses compagnons déjà présents.
    On se leva très tôt ce matin-là. Après avoir entendu la messe, chacun s’équipa, et l’on se mit en route. Au cours de leur chevauchée dans la forêt, les chasseurs aperçurent un sanglier et se lancèrent à sa poursuite. La traque dura une bonne partie de la matinée, mais si l’on s’était figuré forcer la bête et, par ruse, l’acculer

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