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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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pour la mettre à mort, elle déjoua merveilleusement ces beaux plans en se faufilant parmi les broussailles. Elle alla même jusqu’à barboter dans un marécage impraticable, et si les chevaux se montraient quelque peu las de cette course vaine, les compagnons du roi, quant à eux, supportaient malaisément les atteintes de la chaleur. Or, on entendit soudain retentir le grondement inquiétant du tonnerre, le ciel s’assombrit, les nuages s’amoncelèrent en un rien de temps et, sans délai, un orage d’une violence inouïe s’abattit sur la chasse. Les éclairs qui zébraient incessamment les nues donnaient l’impression que le ciel s’ouvrait. Comme il ne fallait plus songer à joindre le sanglier, on se résigna à rentrer s’abriter dans la forteresse de Kamaalot.
    Le roi et sa suite éperonnèrent donc leurs montures et s’en furent au triple galop, mais Karadoc se sépara d’eux pour emprunter un autre chemin qui lui paraissait plus direct. Il chevauchait ainsi depuis un moment, quand il aperçut devant lui un chevalier solitaire. Autant du moins qu’on en pût juger, l’homme était grand et beau, mais, chose autrement extraordinaire, il était environné d’une multitude d’oiseaux qui chantaient chacun des mélodies distinctes avec des gosiers singulièrement charmeurs {16} . Jamais de sa vie Karadoc n’avait entendu plus sublime concert. Au surplus, l’homme était auréolé d’une lumière aussi éclatante que si le soleil eût brillé. La pluie l’épargnait, et l’étrange clarté illuminait tout du long la route qu’il suivait. Karadoc en demeura d’abord abasourdi. Puis, tout ébloui par l’élégance et la beauté du grand chevalier, par la clarté qui l’environnait, par son concert de ramages, il pressa l’allure dans l’espoir de le rattraper et de faire route en sa compagnie, mais il eut beau jouer des éperons, jamais il ne put réduire la distance qui l’en séparait.
    Or, croyant la nuit déjà très avancée, il éprouvait la plus vive contrariété de ne pouvoir rejoindre l’homme qu’il poursuivait avec tant d’opiniâtreté. En outre, il s’ébahissait fort que l’orage le détrempât lui-même, tandis que l’autre en semblait totalement exempt. Après avoir longuement chevauché de la sorte, ils finirent par atteindre une demeure fortifiée d’aspect très puissant. La porte en était ouverte et, à l’intérieur, Karadoc aperçut une cheminée où brûlait un beau feu. La décoration des lieux semblait somptueuse. Le chevalier inconnu entra, Karadoc à sa suite, dans une salle belle, spacieuse et fort peuplée. À la vue du chevalier, des serviteurs s’empressèrent pour lui tenir l’étrier. Il descendit de son cheval et on lui fit fête, tout en s’étonnant grandement que Karadoc restât en selle. Le chevalier fut le premier à le prier de bien vouloir mettre pied à terre. « Seigneur, répondit Karadoc, je ne descendrai pas avant de savoir qui tu es et quel est ton nom. – Ami, dit le chevalier, je n’ai rien à dissimuler. Je m’appelle Aalardin du Lac. Cette demeure m’appartient et je t’y invite. Dis-moi seulement toi-même qui tu es.
    — Seigneur, répondit Karadoc, nous nous connaissons tous deux de longue date. Je suis Karadoc au gros bras, fils du roi de Vannes. C’est moi qui dus porter un serpent attaché au bras pendant plus de deux ans. Et je suis le neveu du roi Arthur. » À ces mots, Aalardin reçut Karadoc dans ses bras sans lui laisser poser le pied sur l’étrier, tandis qu’une foule de serviteurs s’occupait de son cheval, le soignait et le gorgeait d’avoine. Les deux compagnons s’accolèrent et, se firent mutuellement fête avec une franche sollicitude. « Compagnon, dit Aalardin, tu es resté bien longtemps sans venir me voir. Mais j’espérais si fort ta visite que Dieu soit loué, qui m’a exaucé. Sache toutefois que tu te trouves fort loin de Kamaalot : il te faudrait deux jours au moins pour rejoindre la cour. Reste donc un moment chez moi, je te prie ; je t’y garantis un séjour délicieux. »
    Le menant par la main, Aalardin le fit alors avancer, ordonna qu’on lui retirât son manteau de route et lui en passât un de soie légère brodée d’or. Le feu était vif, superbe la demeure, et les convives, dames et chevaliers de noble maintien, faisaient déjà fête à Karadoc. Quand survint, plus belle que les autres dames et admirablement parée, l’épouse d’Aalardin. Elle accueillit

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