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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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cours plus aucun risque. Tu peux oublier désormais le mal dont tu as souffert. – Voilà une bonne nouvelle ! s’exclama Lancelot. Maintenant, je peux partir quand il me plaira. »
    Aussi, ce jour-là, mena-t-on joyeuse fête. Après avoir prévenu la dame qui l’avait si honorablement accueilli qu’il partirait le lendemain, Lancelot lui fit remettre tant d’argent, ainsi qu’à l’homme qui l’avait guéri, que tous deux s’en retrouvèrent riches pour le restant de leur vie. Quant aux deux fils du vavasseur, ils le prièrent de les accepter en sa compagnie en qualité de chevaliers de sa bannière et promirent, s’il les agréait, de ne jamais le quitter pour un autre seigneur.
    Il accepta de grand cœur, car il les jugeait aussi sages que braves chevaliers. « Seigneurs, dit-il, si je vous reçois volontiers pour compagnons, du moins dois-je vous avertir que je devrai souvent m’en aller tout seul et qu’ainsi vous n’aurez aucune nouvelle de moi avant mon retour. – Peu nous importe, répondirent-ils, pourvu que nous puissions nous réclamer de toi et que tu nous tiennes pour tes chevaliers. » Il leur donna son accord et leur promit de leur distribuer des terres au royaume de Bénoïc ou en celui de Gaunes.
    Sur ce, la Demoiselle d’Escalot, leur sœur, vint trouver Lancelot. « Seigneur, dit-elle, tu vas partir, et ton retour demeure incertain. Puisqu’aucun messager ne saurait témoigner des besoins de son seigneur mieux que le seigneur lui-même, je te fais part de mon besoin. Je veux que tu saches que j’en suis arrivée à la mort, à moins que toi-même ne m’arraches à elle. – À la mort ! s’écria Lancelot, que signifie cela ? Assurément, tu ne mourras pas si je puis le moins du monde te secourir ! » La jeune fille se mit à pleurer amèrement. « Je puis t’affirmer, reprit-elle, que notre rencontre a causé ma perte. – Et pourquoi cela ? – Parce que, seigneur, dès que je t’ai vu, je t’ai tellement aimé, plus qu’aucun cœur de femme ne peut aimer un homme, que jamais, depuis ce moment, je n’ai pu boire ni manger ni dormir ni prendre de repos. Mes pensées n’ont été que douleur et, de nuit comme de jour, j’ai souffert toutes sortes de peines. Certes, je sais que ce fut là folie de ma part que de te désirer ainsi, surtout depuis que tu m’as dit que ton cœur était pris, mais c’est ainsi, et je n’y peux rien !
    — Oui, ce fut là folie, assurément, répondit Lancelot. Dès ce jour-là, tu aurais dû cesser de penser à moi, car tu avais bien compris que je ne pourrais jamais t’aimer, ni toi ni une autre femme, puisque mon cœur n’était pas libre. – Vraiment, insista-t-elle cependant, ne m’accorderas-tu pas d’autre secours dans mon malheur ? – Non ! répliqua sèchement Lancelot. Je ne puis rien d’autre pour toi. – Alors, seigneur, murmura la Demoiselle d’Escalot, sache bien que ma mort est proche maintenant. » Et, versant d’abondantes larmes, elle quitta Lancelot, se dirigea vers son lit et s’y étendit. Et lui, fort peiné de ce qu’elle lui avait dit, se montra si triste et si silencieux que ses compagnons, ne l’ayant jamais vu d’humeur si sombre, en furent tout abasourdis.
    Lancelot, Gauvain, Bohort, Lionel et Hector arrivèrent à Kamaalot vers le milieu de la journée et descendirent de cheval dans la grande cour de la maison du roi au moment même où Guenièvre s’était accoudée à une fenêtre. Mais elle eut à peine aperçu Lancelot qu’elle se retira dans sa chambre. Gauvain, s’étant enquis du roi et ayant appris qu’il n’était pas encore revenu de Dinas Emrys, se rendit alors auprès de la reine pour la saluer. Il la trouva allongée sur son lit et fut frappé de sa mine irritée. Elle se leva néanmoins et vint à sa rencontre. « Dame, dit-il, nous t’amenons Lancelot du Lac, qui a été si longtemps malade. Nous l’avons enfin retrouvé, et il est maintenant en fort bonne santé. » Guenièvre répondit qu’elle était fatiguée et qu’elle ne voulait recevoir personne. Gauvain, prenant congé discrètement, retourna auprès de ses compagnons leur rapporter cette entrevue bizarre.
    Vers le soir, cependant, Bohort parvint à s’entretenir avec la reine et à lui demander comment elle se portait. « Je n’ai aucune maladie, répliqua-t-elle, mais je ne quitterai pas ma chambre aussi longtemps que Lancelot sera dans le palais, car mes yeux ne sont pas faits pour le regarder

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