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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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laissa libre cours à son indignation et s’écria : « Ah ! Bohort ! tu le sais bien, toi, que jamais je n’ai commis la moindre action qui fût contraire à mon amour pour Guenièvre. Il est exact que la Demoiselle d’Escalot m’a manifesté un violent amour, mais je l’ai repoussée avec le plus de ménagements possible. Hélas ! comment Guenièvre peut-elle croire une telle chose ? Pourquoi n’as-tu pas pris ma défense ? – Je l’ai fait, dit Bohort, mais va faire entendre raison à une femme enfermée dans sa jalousie et sa colère ! » En proie à la plus vive agitation, Lancelot se tordit les mains et, d’un ton suppliant : « Bohort, mon cher cousin, reprit-il, je t’en prie, conseille-moi. Que dois-je faire ? Je ne peux vivre si je n’ai l’espoir de me réconcilier avec Guenièvre. Cette seule idée me navre d’une douleur sans pareille.
    — Si tu veux mon avis, répondit Bohort, je vais te le donner. Il te faut, pour l’instant, t’abstenir de paraître où elle se trouve, il te faut renoncer à la voir ou à lui parler, il faut que tu te gardes comme de la peste de lui laisser avoir la moindre nouvelle de toi. Procède ainsi, et je t’assure qu’il ne s’écoulera pas un mois qu’elle ne te fasse rechercher : plus tu seras loin et moins elle saura ce que tu deviens, plus elle te désirera. Voilà pourquoi il convient que nous nous éloignions de la cour. Allons courir les aventures au loin, et faisons en sorte que personne ne nous reconnaisse. »
    Après avoir réfléchi un instant, Lancelot soupira : « Ton conseil est bon, Bohort, et je vais le suivre. Mais, dans l’état où je me trouve, et quoique je ne méprise certes pas ta compagnie, celle de Lionel et d’Hector, je préfère être seul. – Je te comprends, répondit Bohort, mais te voir partir ainsi m’inquiète. S’il t’arrivait quelque malheur, nous ne serions pas là pour t’aider. – Sois sans crainte, Bohort, Dieu me protégera, j’en suis convaincu, comme il l’a fait jusqu’à présent. Et si, par hasard, je me trouvais en difficulté, je ferais en sorte de vous en avertir tous trois. »
    Ils passèrent le reste de la nuit à dormir contre le mur de la chapelle. Au matin, Lancelot se sépara des siens en les recommandant à Dieu. « N’oublie pas, dit Bohort, de venir au tournoi de Kamaalot, mais en faisant en sorte que je puisse te reconnaître. – J’y serai, si rien ne m’en empêche. Je porterai des armes blanches et unies. C’est à cela que tu me reconnaîtras. » Et, sans ajouter une parole, Lancelot sauta sur son cheval et s’élança dans la forêt, laissant Bohort, Lionel et Hector en proie à une grande tristesse.
    Entre-temps, le roi Arthur était rentré à Kamaalot. Or, le lendemain, comme, à l’heure du dîner, Gauvain se trouvait à la table de la reine avec de nombreux autres chevaliers, en une chambre voisine un chevalier nommé Avarlan qui haïssait mortellement Gauvain empoisonna des fruits, s’imaginant que, s’il en envoyait à la reine, celle-ci en donnerait d’abord à son neveu. De sorte que celui-ci périrait sur-le-champ, sans que le coupable pût en être tenu responsable par quiconque. Mais il advint que la reine, en toute candeur, prit l’un de ces fruits et l’offrit à un compagnon de la Table Ronde appelé Gahéris de Karaheu qui, l’ayant volontiers accepté de sa main, le mangea. Quelques instants plus tard, il tombait raide mort sous les yeux de tous les convives. Ceux-ci se levèrent, aussi épouvantés qu’étonnés par cette mort subite.
    Immédiatement alerté, le roi vint dans la salle et, en voyant le cadavre du chevalier, s’insurgea contre ce crime odieux et déclara la reine bien coupable si elle avait agi délibérément. « Assurément, dit quelqu’un, elle mérite la mort elle-même, si elle savait ce fruit funeste empoisonné ! » Guenièvre ne savait quelle attitude prendre, tant ce malheur la bouleversait. « Dieu me vienne en aide ! s’écria-t-elle. Si j’avais pu prévoir que ce fruit fût empoisonné, je ne le lui aurais jamais offert ! – Dame, dit le roi, voilà quoi qu’il en soit une action bien regrettable, et je crains fort que tu n’en aies bientôt plus de peine que tu ne penses. »
    La reine ne cessa de se lamenter tout le reste de la journée. Pendant ce temps, les dames de sa compagnie placèrent le mort dans le linceul le plus magnifique qui se put trouver et lui rendirent les honneurs dus à

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