Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
mit pied à terre, attacha son cheval à côté de l’autre et s’étendit sur le bord opposé de la fontaine. Cependant, le chevalier bientôt réveillé par les hennissements des deux chevaux aperçut Lancelot et le salua. Lancelot lui rendit son salut et, de fil en aiguille, ils en vinrent à s’interroger mutuellement sur leur identité. Lancelot, ne voulant pas se découvrir, se prétendit un chevalier de Gaunes. « Et moi, dit l’autre, je suis du royaume de Bretagne. – D’où viens-tu donc ? – De Kamaalot, où j’ai laissé le roi en compagnie de nombreux barons. Mais je peux t’assurer qu’il y a là plus de gens tristes que de gens joyeux, en raison de la mésaventure récemment survenue à la reine. – À la reine ! s’écria Lancelot. Dis-moi ce qui se passe, je te prie ! Je suis impatient de l’apprendre. – Voici, seigneur chevalier : il n’y a guère, la reine prenait son repas en compagnie de nombreux chevaliers et dames dont j’étais moi-même. Or, il arriva cette chose surprenante qu’un valet vint apporter des fruits, que la reine en prit un et l’offrit au chevalier Gahéris de Karaheu, mais qu’à peine celui-ci eut-il porté le fruit à sa bouche, il tomba mort, empoisonné. Le blâme en est retombé sur la reine mais, une fois enterré le malheureux Gahéris, nul n’a plus parlé de cette affaire.
    — À quoi, dans ce cas, rime la tristesse dont tu m’as parlé ? demanda Lancelot avec étonnement. – Je vais te le dire, répondit le chevalier. La semaine suivante, Mador de la Porte, le frère de Gahéris de Karaheu, passa par hasard à la cour et, en découvrant la tombe de son frère dans l’église de Kamaalot, fut fort affligé et demanda ce qui s’était passé. Quand il eut appris que la reine avait fait périr Gahéris de cette façon, il se présenta devant le roi et accusa Guenièvre de félonie. Celle-ci regarda alors autour d’elle si un chevalier se présenterait pour la défendre en champ clos, mais nul ne fut assez hardi pour s’y aventurer. Le roi accorda alors à la reine un délai de quarante jours, sous cette condition que si, au quarantième jour, elle n’avait trouvé personne pour soutenir sa cause contre Mador de la Porte, elle serait condamnée honteusement. Voilà pourquoi les gens de la cour sont si tristes, car ils aiment beaucoup la reine Guenièvre. »
    Tout bouleversé qu’il était, Lancelot s’étonna : « Mais, seigneur chevalier, quand la reine s’est trouvée de la sorte mise en accusation, n’y avait-il donc là aucun des braves de la Table Ronde ? – Si fait, et même beaucoup : les cinq neveux du roi, Yvain, le fils du roi Uryen, Sagremor le Desréé, Girflet, fils de Dôn, le sénéchal Kaï, et bien d’autres. – Et ils ont toléré que la reine subît la honte sous leurs yeux sans réagir ? Sans promettre de la défendre ? – Ma foi, personne ne s’est avisé de soutenir sa cause. Tous savent en effet pertinemment que c’est elle qui a donné le fruit empoisonné à Gahéris, ils peuvent tous en témoigner. Ils auraient craint de se déshonorer en défendant ce qui ne peut l’être ! – Est-ce que Mador se rendra à la cour au jour dit ? – Certainement, car son désir d’obtenir justice est si grand qu’il est prêt à tout pour faire condamner la reine. À mon avis, elle ne pourra échapper à son sort, car il ne se trouvera aucun chevalier assez téméraire pour se dresser contre le droit. »
    Fort mal à l’aise, Lancelot se récria pourtant : « Il peut s’en trouver un ! Ou alors, c’est que la reine aurait bien mal placé les services qu’elle a rendus aux chevaliers étrangers. – Quant à moi, je t’affirme que celui qui courra cette aventure n’y gagnera que honte et déshonneur car, s’il remportait la victoire, tous ceux de la cour sauraient qu’il a agi contre le droit et d’une façon déloyale. » Lancelot demeura silencieux, et tous deux cessèrent de parler de cette affaire. Ils demeurèrent là à se reposer jusque vers le milieu de l’après-midi, puis le chevalier se remit en selle et prit congé de Lancelot en le recommandant à Dieu.
    Il s’était à peine éloigné quand Lancelot en aperçut un autre qui venait à lui et comme son visage était découvert, il reconnut aussitôt son propre frère, Hector des Mares. Il en fut tout heureux et alla à sa rencontre en criant bien fort : « Hector, sois le bienvenu ! Quelle aventure t’amène par ici ? »

Weitere Kostenlose Bücher