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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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roi se lamenta une fois de plus avant de dire, tout à coup : « As-tu demandé à Bohort ou à Hector de se battre pour toi ? » La reine lui répondit au milieu de ses sanglots : « Certes non ! Je sais bien qu’ils n’y consentiraient pas. Ils ne sont pas tes hommes liges et ne te doivent rien puisqu’ils ne tiennent pas leur terre de toi. Ils ont beau être tes alliés, ils n’en demeurent pas moins des étrangers. » Le roi repartit : « Je te conseille cependant de le leur demander. Mais si ces deux-là se récusent, j’avoue que je ne saurai plus que faire. » La reine ayant promis de tout essayer pour convaincre Bohort, le roi la quitta, et elle envoya quérir le chevalier.
    Il arriva peu après et à peine fut-il entré que la reine, se jetant à ses pieds, lui dit en pleurant : « Seigneur ! Noble chevalier renommé pour ta bravoure autant que pour ton lignage, si jamais tu aimes celui qu’on appelle Lancelot, daigne m’accorder ton aide, et ce non pour l’amour de moi, mais pour l’amour de lui, dans la détresse où tu me vois plongée ! Autrement, si tu n’y consens, sache qu’avant demain soir je serai vilainement déshonorée, puisque tous les chevaliers de cette cour se sont dérobés, m’abandonnant seule au plus fort du malheur ! »
    En la voyant si abattue et si désemparée, la pitié saisit Bohort. Il la releva doucement et lui dit : « Dame, ne te désespère pas : si demain, avant la troisième heure, tu n’as obtenu de meilleur secours que le mien, je me battrai pour toi contre Mador. – Un meilleur secours ? demanda la reine. D’où me pourrait-il venir ? – Je ne saurais dire. Sache seulement que je tiendrai parole. » En entendant cela, Guenièvre sentit son cœur battre à tout rompre, car le chevalier susceptible de la mieux secourir ne pouvait être que Lancelot. Mais elle se tut là-dessus et se contenta de remercier Bohort de sa générosité. Et celui-ci s’en alla rejoindre Hector.
    Le lendemain, expirait le délai fixé par le roi Arthur. Dès le lever du soleil, les chevaliers se réunirent dans la cour de la forteresse pour y attendre la venue de Mador de la Porte. La tristesse était sur tous les visages, car nul ne doutait que la reine ne se vît infliger une condamnation sans appel. Mador de la Porte arriva très tôt et fit son entrée avec un cortège de chevaliers, tous membres de sa famille. Il descendit de cheval et entra dans la grande salle avec toutes ses armes, excepté son heaume, son bouclier et sa lance. C’était un homme de haute taille et d’une telle force qu’on ne lui connaissait guère à la cour de rival pour la robustesse.
    Quand il se trouva en face d’Arthur, il renouvela son offre de se battre ainsi qu’il avait été convenu, à moins que la reine ne préférât se déclarer coupable du crime dont il l’accusait. « Mador, répondit le roi, le cas de la reine doit être réglé de telle sorte que si, aujourd’hui même, elle ne trouve personne pour soutenir sa cause, il en sera fait d’elle ainsi que la cour le décidera. Reste donc ici jusqu’à ce soir. Si, d’ici là, personne ne se présente pour la défendre, tu seras quitte de ton défi, et elle sera jugée selon nos coutumes. » Mador répondit qu’il attendrait et s’assit dans la salle, au milieu de sa parentèle. Bien que la salle fût bondée de gens, le silence y régnait si absolument que l’on n’entendait pas l’ombre d’une conversation. Et tous demeurèrent ainsi jusqu’à la troisième heure.
    C’est alors qu’on vit arriver un chevalier solitaire et tout équipé qui portait des armes blanches et dont le bouclier s’ornait d’une bande rouge transversale. Une fois dans la cour, l’homme descendit de son cheval, attacha celui-ci à un orme auquel il suspendit son bouclier et, cela fait, entra dans la salle sans retirer son heaume et se présenta devant le roi et les barons sans que personne, hormis Bohort et Hector, reconnût en lui Lancelot du Lac. Or, sitôt devant le roi, celui-ci dit assez haut pour que chacun pût l’entendre : « Roi, ce qui m’amène en ta cour est une étonnante nouvelle que j’ai entendue courir le pays. Certains m’ont appris en effet qu’aujourd’hui doit se présenter devant toi un chevalier qui accuse la reine de félonie. Si la chose est vraie, jamais je n’eus vent de chevalier plus insolent ! Car nous savons bien, nous autres, habitants de ce pays ou simples étrangers, qu’il

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