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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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avaient parlé. Aussi évitèrent-ils d’approcher leur oncle et demeurèrent-ils près des fenêtres de la salle. L’atmosphère était du reste si pénible, en raison de l’attitude du roi, que personne n’osait souffler mot.
    À ce moment, un chevalier en armes pénétra dans la salle, qui alla vers le roi et lui dit : « Roi Arthur, je viens te donner des nouvelles d’un tournoi qui s’est tenu à Karahet. Ceux du royaume de Sorelois et ceux de la Terre Gaste ont perdu. – Ne s’y trouvait-il aucun de nos compagnons ? – Si fait, roi Arthur. Lancelot était présent, et il a surpassé tous les chevaliers des deux camps. » Le roi baissa d’abord la tête d’un air accablé puis, se levant, il dit assez haut pour que chacun pût l’entendre : « Dieu ! quel dommage que la trahison loge dans le cœur d’un si vaillant homme ! » Sur ce, il se retira et s’en fut dans sa chambre, où il s’étendit sur son lit. Il ne pouvait s’empêcher de penser que si Lancelot était pris en flagrant délit, il en résulterait un grand malheur pour le royaume. Seulement, lui-même ne pouvait plus ignorer l’affront qu’il avait subi.
    Il envoya chercher les trois frères et, quand ils furent là, leur dit : « Lancelot va bientôt revenir du tournoi de Karahet. Connaissez-vous un moyen de le surprendre avec la reine ? – Ma foi, dit Gareth, je ne sais. – Par Dieu, reprit Agravain, je vais, moi, te le dire. Fais savoir à tous tes serviteurs que tu iras demain chasser dans la forêt. Arrange-toi pour que t’accompagnent tous tes chevaliers, excepté Lancelot. Inutile de te dire qu’il restera volontiers ici et s’empressera de mettre à profit ton absence pour aller coucher avec la reine. De notre côté, nous nous tiendrons aux aguets pour t’informer de l’événement. Cachés dans une chambre, nous nous débrouillerons pour l’empêcher de partir jusqu’à ton retour. – Ton plan me paraît bon, dit Arthur. Agissez donc en conséquence, mais gardez-vous que personne ne soit mis dans la confidence. »
    Ils en étaient là quand survint Gauvain. Il ne fut pas long à comprendre que ses trois frères avaient tramé de surprendre Lancelot et que le roi en était d’accord. « Mon oncle, dit-il, Dieu fasse que ta décision tourne à ton avantage mais, pour ma part, je te l’avoue, j’en attends pour toi plus de mal que de bien. » Puis, tourné vers Agravain : « Mon frère, continua-t-il, la haine et la jalousie te perdront, car Lancelot est meilleur chevalier que toi. M’est avis que tu te repentiras de ton attitude. – Gauvain ! intervint le roi, va-t’en ! Tu es un homme en qui je ne me fierai plus jamais. Tu connaissais en effet ma honte et la supportais sans m’en avertir. – Certes, répondit Gauvain, mais c’était par respect pour toi. » Il quitta là-dessus la chambre et, le cœur rongé d’inquiétude, alla retrouver Gahériet.
    « Mon frère, dit-il, Agravain a tout raconté au roi et lui a soumis un plan pour surprendre Lancelot et la reine. Sache que cela lui portera malheur. Quant à moi, jamais je ne m’abaisserai jusqu’à dénoncer Lancelot et l’accuser de vilenie. – Moi non plus, approuva Gahériet. – Eh bien, mon frère, laissons Agravain poursuivre ce qu’il a entrepris. S’il en profite, tant mieux pour lui. Mais, s’il lui arrive malheur, il ne pourra pas dire que ce fut avec notre complicité. »
    Ils s’en allaient tous deux vers le logis de Gahériet quand ils rencontrèrent Lancelot. Ils se saluèrent mutuellement avec beaucoup d’amitié. « Lancelot, dit tout à coup Gahériet, je vais te demander une faveur. – Je te l’accorde bien volontiers, répondit Lancelot, à condition qu’elle n’excède pas mes moyens. – Grand merci, repartit Gahériet. Voici de quoi il s’agit : je désire que tu viennes loger désormais, avec tes compagnons, chez moi. Sache aussi que je te fais cette offre dans ton intérêt. » Par ce biais, Gahériet espérait en effet que Lancelot renoncerait à rejoindre la reine et échapperait au piège qu’on lui tendait. Lancelot accepta de bon cœur la proposition de Gahériet et, le soir venu, ils se rendirent tous ensemble à la cour. Mais Lancelot s’étonna grandement, à son arrivée, que le roi, qui lui réservait d’ordinaire l’accueil le plus chaleureux, ne le regardât même pas. Il s’assit alors avec les chevaliers et tenta de se détendre, mais en vain, tant l’attitude du roi le

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