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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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de lui rappeler discrètement qu’il devait mener sa vengeance jusqu’à son terme.
    Aussitôt seule, Morgane se fit harnacher le plus beau et le plus fringant de tous ses coursiers. Elle savait maintenant que son règne venait de commencer là-bas, au milieu de l’océan, dans cette île qu’on appelait Avalon {54} .

8
 
Le Réveil du Dragon
    Un jour que la reine Guenièvre et Lancelot du Lac s’étaient, selon leur habitude, retrouvés dans un endroit écarté où ils conversaient seule à seul, voici qu’en pleine conversation, la reine dit : « Lancelot, je suis tourmentée de remords à cause de toi. » Lancelot prit un air étonné. « Comment cela ? demanda-t-il. – C’est que, repartit Guenièvre, je t’ai soupçonné fort injustement à propos de la Demoiselle d’Escalot. C’était folie de ma part, et je sais bien que si tu l’avais aimée d’un si grand amour que d’aucuns voulaient me le faire accroire, elle ne serait pas morte de douleur. – Morte ? Et comment ? Quand ? demanda Lancelot. – Hélas ! oui, morte, et morte de douleur, pour t’avoir aimé sans espoir. Elle gît à présent dans l’église de Kamaalot. » Lancelot fut tout attristé par cette nouvelle. « Certes, dit-il, voilà un grand malheur, car cette jeune fille était fort belle et douée de grandes qualités. »
    Ainsi devisaient ce jour-là les deux amants, et si Lancelot avait auparavant passionnément aimé la reine, il l’aimait pourtant désormais davantage encore, et de même en était-il pour elle. Ils ne pouvaient plus se passer l’un de l’autre, et ils en perdirent si follement toute prudence que plusieurs des compagnons de la Table Ronde, notamment Gauvain et ses quatre frères, ne purent plus rien ignorer. Et ce spectacle décupla la haine qu’Agravain vouait depuis si longtemps au fils du roi Ban.
    Or, il advint une fois que Gauvain, Agravain, Gahériet, Gareth et même Mordret, lequel ne fréquentait pourtant guère ses frères, se trouvèrent tous les cinq ensemble dans la grande salle de Kamaalot. Et ils s’entretenaient avec animation de la liaison manifeste de Guenièvre et de Lancelot. Agravain était le plus acharné à dénoncer l’indignité de Lancelot. Or, pendant qu’ils parlaient, le roi sortit par hasard des appartements de la reine et aussitôt Gauvain dit aux autres : « Taisez-vous donc, ne dites rien devant le roi ! » Mais Agravain répondit avec insolence qu’il n’avait aucune raison de se taire. Arthur entendit ces paroles et lui dit : « Mon neveu, sur quel sujet n’as-tu donc aucune raison de te taire ? » Gauvain, très gêné, se dépêcha d’intervenir : « Bel oncle, dit-il, laisse cela. Agravain s’emporte toujours pour des bagatelles qui ne méritent pas la moindre attention. Ne te mets donc pas en peine de savoir le motif de cet emportement. Nul n’y gagnerait, ni toi ni personne d’autre.
    — Au nom de Dieu tout-puissant, insista le roi, je veux quand même le savoir ! – Laisse, mon oncle, s’interposa Gahériet, Agravain ne sait raconter que fables et mensonges. Avec ta permission, crois-en mon conseil, renonce, en tant que seigneur lige, à nous questionner davantage. – Je n’en ferai rien. Au contraire, je t’ordonne, sur le serment que tu m’as juré, de me dire quel était le sujet de votre discussion. » Gauvain répondit alors : « C’est merveilles, dit-il, que d’en exiger des nouvelles ! Pour ce qui est de moi, dusses-tu même te fâcher et me chasser de cette terre, je ne t’en dirai rien, car si tu te mêlais d’y croire, alors qu’il s’agit de pure invention, peut-être en adviendrait-il le pire des malheurs. »
    Non moins que le silence des trois autres frères, ces réticences, de la part de Gahériet et de Gauvain, eurent le don d’intriguer davantage le roi qui, se fâchant tout rouge, s’écria qu’il les détruirait tous s’ils ne parlaient pas. « Par ma foi, lui répondit calmement Gauvain, ce n’est pas de moi que tu l’apprendras, car je n’y récolterais en fin de compte que ta haine, et il n’y aurait personne, ni moi ni aucun autre, qui ne s’en repentît. » Sur ce, et sans ajouter une parole, il quitta la salle, suivi immédiatement par Gahériet. Et Arthur eut beau les rappeler à plusieurs reprises, ils affectèrent de n’avoir rien entendu et s’en allèrent, on ne peut plus contrariés. Ils se désolaient en effet qu’on eût attaqué ce sujet, car si le roi, ayant

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