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La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

Titel: La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edith Hamilton
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suivaient. Ils atteignirent la ville, puis le palais, et enfin, après
vingt ans d’absence, Odysseus pénétra dans son cher logis. Comme il en passait
le seuil, un vieux chien qui s’y trouvait couché releva la tête et dressa les
oreilles. C’était Axgos, qu’Odysseus avait élevé avant son départ pour Troie. Bien
qu’il reconnût aussitôt son maître et qu’il agitât la queue pour manifester sa
joie, il n’eut pas la force de se traîner à sa rencontre. Odysseus le reconnut,
lui aussi, et essuya une larme, mais craignant d’éveiller les soupçons du
porcher, il n’osa le caresser. Comme il se détournait pour s’éloigner, le vieux
chien mourut.
    Les prétendants, qui après leur repas flânaient
nonchalamment dans la grande salle, se sentaient tout disposés à se distraire
au dépens du vieillard misérable qui y faisait maintenant son entrée, et
Odysseus écouta leurs propos moqueurs avec une patience résignée. Finalement l’un
d’eux, un homme au caractère emporté, s’irrita et lui porta un coup – il osa
frapper un étranger qui demandait l’hospitalité. Pénélope entendit l’outrage et
déclara qu’elle parlerait elle-même à l’homme ainsi maltraité, mais elle décida
de passer d’abord par la salle du banquet. Elle voulait voir Télémaque et de
plus, il lui paraissait sage de se montrer aux prétendants – elle était au
moins aussi prudente que son fils. Si, comme tout le faisait croire, Odysseus
avait vraiment perdu la vie, mieux vaudrait pour elle épouser le plus fortuné
de ces hommes, et le plus généreux. Elle se devait donc de ne pas trop les
décourager ; d’autre part, elle caressait une idée qui lui semblait
prometteuse. Elle quitta donc sa chambre et descendit dans la grande salle, suivie
de deux servantes ; elle retenait un voile devant son visage et paraissait
si belle que les courtisans tremblèrent en l’apercevant. L’un d’eux se leva, puis
un autre, pour la complimenter, mais cette dame discrète répondit qu’elle avait
maintenant perdu tous ses charmes, elle ne le savait que trop, et ses chagrins
en étaient cause comme ses nombreux soucis. En venant les trouver, son but
était sérieux. Nul doute que son époux ne reviendrait jamais. Pourquoi, comme
il était d’usage envers une dame de qualité, ne lui faisaient-ils pas la cour
en lui offrant des dons précieux ? La suggestion fut adoptée d’emblée. Tous
lui envoyèrent leurs pages, chargés des plus jolies choses, robes, joyaux et
chaînes d’or. Ses servantes les portèrent dans sa chambre et, grave et posée, mais
le cœur satisfait, Pénélope s’y retira elle aussi.
    Alors elle envoya chercher l’étranger qui avait été malmené.
Elle lui parla gracieusement et Odysseus improvisa un conte selon lequel, sur
le chemin de Troie, il aurait rencontré son mari. Ceci la fit pleurer, jusqu’à
ce qu’il la prit en pitié. Toutefois, il garda un visage glacé et ne se révéla
pas encore. Puis Pénélope se souvint de ses devoirs de maîtresse de maison ;
elle appela Euryclée, la vieille nourrice qui s’était occupée d’Odysseus dès sa
petite enfance, et elle la pria de laver les pieds de l’étranger. Odysseus prit
peur, car l’un de ses pieds gardait la cicatrice d’une blessure que lui avait
autrefois faite un sanglier au cours d’une chasse, et il pensait que la vieille
femme la reconnaîtrait. C’est ce qui se passa en effet – elle laissa retomber
le pied et la cuvette se renversa. Odysseus lui prit la main et chuchota :
« Chère nourrice, tu sais. Mais ne dis mot à âme qui vive. » Elle répondit
dans un souffle et Odysseus prit congé. Il trouva un lit dans le vestibule d’entrée
mais non le sommeil, car il ne cessait de se demander comment il viendrait à
bout de tant d’hommes sans vergogne. Il se souvint enfin de sa condition dans
la grotte du Cyclope, combien plus désespérée : il se dit qu’avec l’aide d’Athéna
il pouvait espérer triompher ici encore, et il s’endormit.
    Le matin ramena les prétendants, plus insolents que jamais. Insouciants,
prenant leurs aises, ils s’attablèrent devant les mets plantureux disposés à
leur intention, ignorant que la déesse et le patient Odysseus leur préparaient
un tout autre banquet, affreux celui-là.
    Sans en rien savoir, Pénélope se faisait leur complice. Toute
la nuit, elle avait élaboré un plan, elle aussi. Quand l’aube se leva, elle
entra dans la pièce où elle gardait ses

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