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La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

Titel: La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edith Hamilton
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réserves et où, entre autres trésors, se
trouvaient un grand arc et un carquois rempli de flèches. Ils appartenaient à
Odysseus et nulle autre main que la sienne n’y avait jamais touché. Les portant
elle-même, elle descendit dans la salle où les prétendants étaient réunis.
« Mes seigneurs, écoutez-moi », dit-elle. « Je dépose ici, devant
vous, l’arc et les flèches d’Odysseus, cet homme pareil à un dieu. Celui d’entre
vous qui parviendra à bander l’arc et à décocher une flèche au travers de douze
cercles alignés, celui-là deviendra mon époux. » Télémaque comprit
aussitôt combien ceci pourrait tourner à leur avantage, et il fut prompt à la
seconder. « Venez, suivez-moi, prétendants », s’écria-t-il. « Pas
de dérobade ni d’excuses. Mais attendez un instant. Je veux m’y essayer d’abord
et voir si je suis homme à me servir des armes de mon père. » Il disposa
les cercles dans l’ordre, les plaçant sur une seule ligne. Puis il prit l’arc
et de toutes ses forces tenta de le bander. Peut-être y serait-il parvenu, mais
Odysseus lui fit signe de renoncer. Après lui, tous prirent leur tour, mais l’arc
était trop raide ; les plus forts parvinrent à peine à le tendre un peu.
    Assuré qu’aucun ne réussirait, Odysseus les quitta et entra
dans la cour intérieure où le porcher parlait avec le bouvier, un homme tout
aussi digne de confiance que lui-même. Odysseus, qui avait besoin de leur aide,
se découvrit à eux et pour preuve de ses dires, il leur montra la cicatrice de
son pied que l’un et l’autre avaient autrefois si souvent vue. Ils la
reconnurent et pleurèrent de joie. Mais Odysseus les fit promptement taire.
« Pas de cela pour le moment », fit-il. « Écoutez ce que j’attends
de vous. Toi, Eumée, trouve quelque moyen de mettre l’arc et les flèches entre
mes mains ; puis assure-toi que les portes du quartier des femmes sont
bien closes afin que nul ne puisse y entrer. Quant à toi, Ô gardien des
troupeaux, ferme et barricade les grilles de la cour où nous sommes. »
Suivi des deux autres, il retourna dans la grande salle. Quand il y pénétra, le
dernier à s’essayer à l’épreuve venait d’y échouer lui aussi. Odysseus dit :
« Passe-moi l’arc et voyons si je possède encore la force qui fut un jour
la mienne. » Une clameur furieuse lui répondit. Un mendiant déguenillé ne
pouvait toucher à cet arc, criaient-ils. Mais Télémaque leur parla sévèrement. C’était
à lui seul et non à eux de décider qui pouvait manier l’arc, et il pria Eumée
de le porter à Odysseus.
    Tous l’observèrent fixement tandis qu’il prenait l’arc et l’examinait.
Puis, avec une aisance facile, comme un musicien fixe une corde à sa lyre, il
plia l’arc et le courba. Il mit une flèche sur la corde tendue et tira, et sans
bouger de son siège, il la fit traverser les douze cercles. L’instant suivant, d’un
seul bond il était à la porte, Télémaque à côté de lui. « Enfin, enfin »,
cria-t-il d’une grande voix, et il décocha une flèche. Elle trouva son but ;
un prétendant gisait mourant sur le sol. Horrifiés, les autres bondirent. Leurs
armes – où étaient-elles ? Aucune n’était en vue. Et Odysseus tirait
toujours, calmement. À chaque flèche qui traversait la salle en sifflant, un
homme tombait. Télémaque, qui montait la garde avec sa longue lance, faisait
reculer la foule afin que nul ne pût atteindre la porte ou attaquer Odysseus
dans le dos. Ils faisaient vraiment une cible facile, rassemblés tous ensemble,
et tant que dura la réserve de flèches, ils furent massacrés sans une chance de
se défendre. Et quand les flèches furent enfin épuisées, ils ne s’en trouvèrent
pas mieux, car Athéna prenait maintenant part à ces hauts faits et elle faisait
échouer toute tentative dirigée contre Odysseus. Ses traits, quant à lui, ne
manquaient jamais leur homme ; on entendait partout le bruit affreux des
crânes qui éclataient et le sol ruisselait de sang.
    À la fin, de toute cette bande impudente et tapageuse, il n’en
restait plus que deux, le prêtre des prétendants et leur aède { Poète }. L’un et l’autre criaient grâce, mais le
prêtre qui étreignait les genoux d’Odysseus dans son angoisse, n’en rencontra
aucune. L’épée du héros le transperça de part en part et il mourut comme il
priait encore. L’aède fut plus heureux. Odysseus répugnait à tuer un tel

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