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La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

Titel: La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edith Hamilton
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Elle ne voulait que donner ; pour elle-même, elle ne
demandait rien – que l’amour d’Enée. Lui, de son côté, recevait avec une grande
satisfaction tout ce que la générosité de Didon lui octroyait. Il vivait dans
l’abondance aux côtés d’une femme superbe ; une Reine puissante l’aimait,
pourvoyait à tous ses besoins, organisait des parties de chasse pour le
distraire et non seulement lui permettait mais le suppliait de faire encore et
encore le récit de ses aventures.
    Rien d’étonnant à ce que l’idée d’appareiller pour une terre
inconnue lui devînt de moins en moins attrayante. Junon était très satisfaite
de la tournure que prenaient les événements, mais Vénus n’en était pas troublée
pour autant. Mieux encore que sa propre femme, elle comprenait Jupiter. Elle ne
doutait pas qu’il obligerait un jour Enée à s’embarquer pour l’Italie et ce
petit intermède avec Didon ne discréditait aucunement son fils. Elle avait
pleinement raison. Quand il consentit à sortir de son apathie, Jupiter se
montra très efficace. Il dépêcha Mercure à Carthage, avec un message à
l’adresse d’Enée. Le dieu trouva le héros se promenant de-ci de-là, vêtu à
ravir, avec à son côté une épée superbe tout incrustée de jaspe et sur les
épaules une merveilleuse cape pourpre tissée de fils d’or, l’une et l’autre
données par Didon, naturellement, et dont la seconde, en fait, était l’œuvre de
ses mains. Ce flâneur élégant fut tout à coup tiré de son indolence satisfaite.
Des mots sévères frappèrent ses oreilles. « Combien de temps penses-tu
perdre encore dans cette oisiveté luxueuse ? » demanda une voix
courroucée. Il se retourna : Mercure, dans tous ses attributs divins, se
tenait devant lui. « Le Maître des Cieux m’envoie vers toi », dit-il.
« Il te prie de partir d’ici pour te mettre à la recherche du royaume qui
t’est destiné ». Sur ces mots, il s’évanouit comme un lambeau de brume se
dissipe dans l’air, laissant Enée agité et inquiet, certes, et décidé à obéir,
mais surtout misérablement conscient des difficultés que lui susciterait Didon.
    Il réunit ses hommes, leur donna l’ordre de rassembler une
flotte et de se préparer à un départ immédiat – tout ceci dans le plus grand
secret. Didon l’apprit cependant et envoya chercher Enée. Au début, elle ne fût
que douceur. Elle ne pouvait croire qu’il songeât à la quitter. « Est-ce
moi que tu fuis ? » lui demanda-t-elle. « Permets à ces larmes
de plaider pour moi, pour cette main que je t’ai donnée. Si en quelque façon
j’ai mérité que tu me veuilles du bien, si quelque chose chez moi te fut
doux… »
    Il répondit qu’il n’était pas homme à nier qu’elle l’avait,
en effet, très généreusement traité et qu’il ne l’oublierait jamais. Mais
qu’elle se souvienne de son côté qu’il ne l’avait pas épousée et qu’il était
libre de la quitter quand bon lui semblerait. Jupiter lui ordonnait de partir,
il lui fallait obéir. « Cesse ces plaintes qui ne peuvent que nous
troubler tous deux », implora-t-il.
    Alors elle lui dit ce qu’elle pensait. Comment il était venu
à elle, fugitif, affamé, démuni de tout et comment elle lui avait tout donné,
sa personne et aussi son royaume. Mais devant l’impassibilité d’Enée, la
passion de Didon se trouvait sans recours. Au milieu d’un torrent de mots
brûlants, sa voix se brisa. Elle le quitta en courant et se réfugia où personne
ne pouvait la voir.
    Très sagement, les Troyens appareillèrent dans la nuit. Un
mot de la Reine, et leur départ aurait pu être à jamais rendu impossible. Du
pont de son bateau, Enée jeta un dernier regard sur les murs de Carthage et les
vit illuminés par un grand feu. Il vit d’abord monter les flammes, puis il les
vit doucement mourir, et il se demanda quelle en était la cause. Sans le
savoir, il contemplait la lueur du bûcher funéraire de Didon. Quand elle eut
compris qu’il l’avait quittée, elle s’était donné la mort.
     
II. La descente aux enfers
    En regard de ce qui s’était passé auparavant, le voyage
entre Carthage et la côte occidentale de l’Italie fut aisé. Une grande perte,
cependant, celle de Palinurus, le pilote fidèle, qui se noya alors qu’ils
arrivaient au terme de leurs périls en mer.
    Hélénos avait recommandé à Enée de se mettre dès son arrivée
sur la terre d’Italie à la recherche de la caverne

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