La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
fille unique, Lavinia, à un Prince du pays, et elle avait recommandé
de lui faire épouser un étranger dont elle lui annonçait la venue imminente. De
cette union naîtrait une race destinée à dominer le monde entier. Aussi, quand
une ambassade envoyée par Enée demanda la permission de camper sur un étroit
espace de la côte ainsi que le libre usage de l’air et de l’eau, Latinus la
reçut-elle de fort bonne grâce. Enée ne pouvait être que ce gendre prédit par
Faunus et il confia sa conviction aux envoyés du héros. Tant qu’il resterait en
vie, ils auraient un ami, leur dit-il, et dans un message adressé à Enée, il
dit qu’il avait une fille, laquelle ne pouvait épouser personne si ce n’était
un étranger, et que le chef troyen lui paraissait incarner cet homme désigné
par le destin.
Mais ici, Junon intervint. Elle fit sortir Alecto – une des
Furies – du Hadès, et lui donna l’ordre de déchaîner la guerre sur le pays.
Alecto ne fut que trop heureuse d’obéir. Elle commença par enflammer le cœur de
la Reine Amate, épouse de Latinus, et lui inspira de s’opposer avec violence à
toute idée de mariage entre sa fille et Enée. Puis elle s’envola chez le Roi
des Rutules, Turnus, qui avait été jusqu’ici le prétendant le plus favorisé
parmi tous ceux qui briguaient la main de Lavinia. Pour le soulever contre les
Troyens, la visite d’Alecto était à peine nécessaire ; l’idée que
quiconque sauf lui-même pourrait épouser Lavinia suffisait à jeter Turnus dans
une rage furieuse. Dès qu’il entendit parler d’une ambassade troyenne auprès du
vieux Roi, il leva une armée et marcha sur le Latium afin de prévenir par la
force tout projet de traité entre les Latins et les étrangers.
Pour son troisième effort, Alecto fit preuve tout à la fois
d’intelligence et d’imagination. Un fermier latin possédait un cerf apprivoisé,
une bête superbe et si peu farouche qu’après avoir couru librement tout le
jour, elle revenait chaque soir à la porte qu’elle connaissait si bien. La
fille du fermier la soignait avec amour ; elle brossait et peignait sa
robe et entrelaçait ses bois de guirlandes. Tous les fermiers des environs
connaissaient le cerf et le protégeaient et quiconque, fut-ce l’un d’eux,
l’aurait blessé, s’en serait vu sévèrement châtié ; mais qu’un étranger
osât lui faire du mal et toute la région se fût ameutée. Et cependant, c’est bien
ce que fit le jeune fils d’Enée, mené à son insu par la main d’Alecto. Ascagne
chassait avec ses chiens ; la Furie les conduisit dans la forêt jusqu’à
l’endroit où reposait le cerf. Ascagne décocha une flèche qui blessa la bête
grièvement, mais avant de mourir, elle réussit à revenir à son refuge habituel
et à sa maîtresse. Par les soins d’Alecto, la nouvelle se propagea rapidement
et la bataille s’engagea aussitôt entre les fermiers furieux qui voulaient tuer
Ascagne et les Troyens qui prétendaient le défendre.
La rumeur atteignit le Latium juste après l’arrivée de Turnus.
Le fait que son peuple était déjà en armes et celui, plus lourd de menaces
encore, que l’armée rutule campait devant ses murs, tout cela en était trop
pour le Roi Latinus. Nul doute que l’irritation de sa Reine fut elle aussi pour
quelque chose dans sa décision finale. Toujours est-il qu’il s’enferma dans son
palais et laissa aller les événements. Si Lavinia devait être l’enjeu de la
lutte, Enée, pour l’obtenir, ne pouvait compter sur aucune aide de la part de
son futur beau-père.
Une coutume de la ville voulait que la porte du temple de
Janus, toujours close en temps de paix, fut ouverte dès qu’une guerre était
décidée. Alors le Roi soulevait les barres des deux battants, les trompettes
résonnaient et les guerriers poussaient de grands cris. Mais cette fois, retiré
dans son palais, le Roi ne vint pas présider au rite sacré. Comme le peuple
hésitait, ne sachant que faire, Junon en personne descendit du ciel et relevant
les barres de ses propres mains, elle écarta les battants de la porte. Et la
joie envahit la cité, joie du combat promis, des cuirasses scintillantes et des
chevaux de bataille et des fier étendards déployés, joie de se préparer à une
guerre sans merci. Une armée formidable, Latins et Rutules unis, s’opposait à
une poignée de Troyens. Turnus, son capitaine, était un guerrier consommé et
brave ; un autre allié fort capable
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