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La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

Titel: La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edith Hamilton
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barque étaient les infortunés qui
n’avaient pas reçu de sépulture. Ils étaient condamnés à errer pendant cent ans
avant de trouver un lieu de repos.
    Quand ils se présentèrent devant lui, Charon parut vouloir repousser
Enée et son guide. Il les pria de s’arrêter et leur dit que les vivants ne
pouvaient entrer dans sa barque mais seulement les morts. Toutefois, à la vue
du rameau d’or, il céda et leur fit passer l’eau. Le chien Cerbère était sur
l’autre rive et en défendait l’accès, mais ils suivirent l’exemple de
Psyché ; la Sybille, elle aussi, lui tendit un peu de gâteau et il
s’amadoua. Poursuivant leur avance, ils arrivèrent au lieu solennel où Minos,
le fils d’Europe et le juge inflexible des morts, prononçait la sentence finale
et sans appel des âmes qui se tenaient devant lui. Ils se hâtèrent de quitter
cette présence inexorable pour se retrouver dans les Champs de l’Affliction,
peuplés par les amants malheureux que leur douleur avait conduits à se donner la
mort. Dans ce lieu triste mais charmant, ombragé par des bosquets de myrte,
Enée aperçut Didon. Il pleurait en l’abordant : « Ai-je été cause de
ta mort ? » lui demanda-t-il. « Je t’ai quittée contre ma
volonté, je te le jure ». Elle ne le regarda pas plus qu’elle ne lui
répondit ; un bloc de marbre n’eût pas été plus insensible. Lui-même,
cependant, se sentait profondément ému et ses larmes coulaient encore quand il
la perdit de vue.
    Un peu plus loin, la route se divisait en plusieurs
embranchements. De celui de gauche venaient des sons affreux, des cris, des
bruits de coups et de chaînes. Enée s’arrêta, épouvanté ; la Sybille lui
dit de ne rien craindre mais de fixer le rameau d’or sur le mur qui faisait
face au croisement des chemins. À gauche, lui dit-elle, se trouvaient les
régions gouvernées par Rhadamanthe, lui aussi fils d’Europe et qui punissait
les méchants de leurs crimes. Mais la route vers la droite menait vers les
Champs-Elysées, où Enée retrouverait son père. C’était un séjour enchanteur, tout
de paix et de félicité, de verts gazons, de bosquets riants et de fleurs ;
un air vivifiant y circulait, et le soleil y répandait une douce lumière rosée.
Là venaient les âmes des morts grands et justes, héros, poètes, prêtres, et
celles de tous ceux dont les hommes gardaient le souvenir parce qu’ils
s’étaient montrés bons et secourables envers autrui. Parmi eux, Enée aperçut
bientôt Anchise qui l’accueillit avec une joie incrédule. Le père et le fils
versèrent ensemble des larmes heureuses, émus de cette étrange rencontre entre
cette ombre et ce vivant dont l’amour avait été assez fort pour l’entraîner
jusqu’à l’empire de la Mort.
    Ils avaient, naturellement, beaucoup à se dire ;
Anchise mena Enée jusqu’aux bords du Léthé, le fleuve de l’Oubli, où devaient
s’abreuver toutes les âmes prêtes à retourner vivre sur la terre. Et il montra
à son fils ceux qui seraient un jour leurs descendants, les siens et ceux
d’Enée, et qui attendaient leur tour de boire et d’oublier ce qu’ils avaient
vécu et souffert dans leurs existences antérieures. C’était une assemblée
splendide que celle de ces futurs Romains, ces maîtres du monde à venir.
Anchise les nomma un à un et prédit les hauts faits qu’ils accompliraient, dont
les hommes de tous les temps garderaient la mémoire. Puis il donna des
instructions à son fils au sujet de son établissement en Italie ; il lui
dit comment s’y prendre pour s’assurer la victoire et comment éviter ou endurer
les épreuves qui l’attendaient encore.
    Puis, sereinement, sachant que leur séparation ne durerait
qu’un temps, ils prirent congé l’un de l’autre. Enée et la Sybille revinrent
sur la terre et Enée rejoignit ses navires. Le lendemain, les Troyens faisaient
voile pour la côte italienne, à la recherche de la terre qui leur était
promise.
     
III. La guerre en Italie
    Des épreuves terribles attendaient le petit groupe
aventureux. Junon en était une fois de plus la source. Elle souleva contre eux
les peuples les plus puissants de la contrée, les Latins et les Rutules, qui
s’opposèrent avec violence à l’établissement des Troyens. N’eût été la déesse,
tout se serait fort bien passé. L’ombre de son père Faunus avait interdit au
vieux Latinus, arrière-petit-fils de Saturne et Roi de la ville du Latium, de
marier sa

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