La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
était Mézence, un excellent soldat
mais si cruel envers ses sujets, les Etrusques, que ceux-ci s’étant révoltés
contre lui, il avait dû se réfugier chez Turnus. La troisième alliée était une
femme, la vierge Camille ; son père l’avait fait élever dans un lieu
désert et inculte et dès son jeune âge, un arc ou une fronde dans sa petite
main, elle avait appris à viser sans les manquer les grues rapides et les
cygnes sauvages ; elle patronnait tous les arts guerriers et excellait au
javelot et à la hache tout autant qu’à Parc. Elle dédaignait le mariage, elle
aimait la chasse, la bataille et son indépendance. Une troupe de guerriers la
suivait parmi lesquels on comptait quelques jeunes filles.
En cette conjoncture – si périlleuse pour les Troyens – le
vénérable Tibre, le dieu du fleuve sur la rive duquel ils campaient, vint dans
un songe rendre visite à Enée. Il lui dit de remonter au plus vite la vallée,
jusqu’au lieu où demeurait Evandre. C’était le Roi d’une cité petite et pauvre
mais destinée à devenir dans les âges futurs la ville la plus fière du
monde ; alors, les tours de Rome monteraient jusqu’aux nues. Le dieu du
fleuve promit à Enée qu’il trouverait là le secours dont il avait tant besoin.
Enée partit dès l’aube, suivi d’une escorte choisie, et pour la première fois
un bateau chargé d’hommes en armes flotta sur le Tibre. Ils furent
chaleureusement accueillis par le Roi Evandre et son jeune fils Pallas, qui,
tout en menant leurs visiteurs vers le modeste bâtiment leur servant de palais,
leur nommaient chaque site : la haute roche Tarpéienne et non loin d’elle
la colline consacrée à Jupiter, maintenant couverte de broussailles mais où
s’élèverait un jour le Capitole étincelant et doré ; une prairie où
paissaient des troupeaux et qui serait le lieu de rencontre du monde entier, le
Forum Romain. « Là vivaient autrefois des faunes et des nymphes » dit
le Roi, « et une race humaine sauvage. Mais Saturne vint, un exilé sans
lieu ni foyer, fuyant son fils Jupiter. Et dès lors, tout fut transformé. Les
hommes renoncèrent à leurs mœurs rudes et sans lois. Il gouverna avec tant de
justice et dans une telle paix que son règne est depuis nommé “l’Age d’Or”.
Mais après lui, d’autres coutumes prévalurent ; la paix et la justice
durent fuir devant l’avidité, l’amour de l’or et de la guerre. Des tyrans
gardèrent le pouvoir jusqu’à mon arrivée en ce pays, banni de Grèce, d’Arcadie,
ma patrie bien-aimée ».
Le récit du vieil homme s’achevait quand ils arrivèrent à la
hutte rustique qui l’abritait ; Enée y passa la nuit sur une couche de
feuilles couverte d’une peau d’ours. Tous se levèrent tôt le lendemain matin,
réveillés par la lueur de l’aurore et les chants des oiseaux. Le Roi s’approcha
d’eux, suivi de deux grands chiens, son seul cortège et ses seuls gardes du
corps. Quand tous se furent restaurés, il donna à Enée le conseil que celui-ci
était venu lui demander. L’Arcadie – il avait donné à sa nouvelle patrie le nom
de celle qu’il avait perdue – était un état sans puissance, dit-il, elle ne
serait que d’un faible secours aux Troyens. Mais un peu plus loin sur la rive
vivait le peuple riche et puissant des Etrusques, dont le Roi fugitif, Mézence,
aidait à présent Turnus. Ce seul fait les inciterait à prendre le parti d’Enée
dans la guerre, tant était grande la haine qu’ils vouaient à leur ancien
souverain. Il avait fait preuve d’une cruauté monstrueuse ; faire souffrir
le ravissait. C’était lui qui avait imaginé cette façon de donner la mort, plus
horrible que toute autre connue des hommes : il liait ensemble un mort et
un vif, main à main et face à face, puis il attendait que le lent poison de
cette étreinte atroce amenât une mort trop longue à venir.
Toute l’Etrurie s’était finalement soulevée contre lui, mais
il avait réussi à s’enfuir. Toutefois, ses anciens sujets étaient décidés à le
ramener de vive force et à le punir comme il le méritait. Enée trouverait en
eux des alliés sûrs et puissants. Le vieux
Roi, quant à lui, enverrait Pallas, son fils unique, pour
qu’il entrât au service du dieu de la Guerre sous les ordres du héros troyen,
et il le ferait accompagner par un groupe de jeunes gens, la fleur de la
chevalerie arcadienne. À chacun de ses visiteurs il donna un vaillant coursier,
ce qui
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