La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
troupe, et son épée abattit un guerrier
après l’autre. Le capitaine, ne sachant de quel côté venait cette attaque
mortelle, se tourna vers Euryale en criant : « Tu paieras pour
ceci ! ». Mais avant qu’il ait eu le temps de soulever son épée,
Nisus se précipita : « Tue-moi, moi seul ! » cria-t-il.
« Je suis seul responsable de tout ceci. Il n’a fait que me suivre. »
Mais les mots étaient encore sur ses lèvres que l’épée transperçait déjà le
flanc de l’adolescent. Tandis qu’il tombait, mourant, Nisus égorgeait l’homme
qui l’avait tué ; alors, frappé de nombreux traits, lui-même s’affaissa,
mort, à côté de son ami.
Toutes les autres aventures des Troyens se déroulèrent sur
des champs de bataille. Avec une nombreuse armée étrusque, Enée revint à temps
pour sauver le camp et une guerre furieuse s’engagea. Dès lors, le récit ne
parle plus guère que d’hommes en égorgeant d’autres. Les batailles se succèdent
et elles se ressemblent toutes. Des héros innombrables perdent la vie, des
rivières de sang arrosent le sol, les trompettes de cuivre ne cessent de
résonner ; les flèches volent, drues comme la grêle, et les sabots des
coursiers ardents piétinent les morts couchés dans une rosée sanglante. Bien
avant que tout ne s’achève, les horreurs ont cessé d’horrifier. Les ennemis des
Troyens ont tous succombé, comme il se doit. Camille tombe, après avoir fort
bien raconté sa propre histoire ; le cruel Mézence rencontre le destin
qu’il a si bien mérité – mais pas avant que son jeune et vaillant fils ne
périsse en le défendant. Bien des bons alliés meurent eux-aussi, et parmi eux
Pallas, le fils d’Evandre.
Et enfin, Turnus et Enée s’affrontent en combat singulier. A
ce moment, Enée, qui dans la première partie du récit semble aussi humain
qu’Hector ou Achille, est transformé en un personnage étrange et
prodigieux ; ce n’est plus un être humain. Autrefois, il avait quitté
Troie en proie aux flammes, portant tendrement son vieux père sur ses épaules
et encourageant son petit garçon à courir à ses côtés ; en arrivant à
Carthage, il connaissait la valeur de la compassion, il sentait ce que cela
signifiait d’arriver en un lieu « où l’on verse des larmes » ;
il était aussi très humain lorsqu’il se pavanait dans ses beaux vêtements d’une
pièce à l’autre du palais de Didon. Mais sur les champs de bataille latins, il
n’est plus un homme mais un prodige effrayant. Il est « vaste comme le
Mont Athos, vaste comme le Père Apenin lui-même lorsqu’il secoue ses chênes
puissants et soulève jusqu’au ciel ses cimes neigeuses », comme
« Egéon, qui avait cent bras et cent mains et crachait le feu par
cinquante bouches, frappant comme la foudre sur cinquante solides boucliers et
tirant cinquante épées effilées – c’est ainsi qu’Enée assouvit sa fureur
victorieuse sur le champ de bataille ». Quand il affronte Turnus dans un
dernier combat, le dénouement n’offre aucun intérêt. Pour Turnus, il est tout
aussi futile de lutter contre Enée que de se mesurer à la foudre ou à un
tremblement de terre.
Avec la mort de Turnus s’achève le poème de Virgile. On nous
laisse entendre qu’Enée épousa Lavinia et fonda la race romaine – qui, nous dit
Virgile : « laissa à d’autres nations des choses telles que les arts
et la science, pour toujours se souvenir qu’elle-même était destinée à
maintenir sous son empire tous les peuples de la terre, à imposer partout le
règne de la soumission absolue, à épargner les humbles et à écraser les
superbes. »
V
Les grandes familles mythologiques
La Maison d’Atrée
L’histoire d’Atrée et de sa
descendance tire son importance du fait qu’Eschyle, le grand poète tragique
grec du V e siècle, en a
fait l’objet de sa célèbre trilogie, l’Orestie, laquelle comprend les trois
tragédies Agamemnon, les Choéphores et les Euménides. Si l ’ on excepte les quatre tragédies de Sophocle qui ont pour
héros Œdipe et ses enfants, ce drame est sans rival dans toute la tragédie
grecque. Pindare, au début du V e siècle,
raconte l’épisode bien connu du festin offert aux dieux par Tantale, et il
proteste qu’il n’est en rien véridique. Le châtiment de Tantale est souvent
décrit et en premier lieu dans l’Odyssée, où je l’ai pris. J’ai emprunté
l’histoire d’Amphion et celle de Niobé à Ovide,
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