La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
j’ai choisi de mourir. »
Comme on l’emmenait à la mort, elle s’adressa aux
assistants :
Regardez-moi, voyez ce que je souffre
Pour avoir observé la plus haute loi.
Ismène disparaît. Pas un récit, pas un poème ne lui est
consacré. La Maison d’Œdipe, la dernière de la famille royale de Thèbes,
n’existe plus.
Les Sept contre Thèbes
Deux grands écrivains ont raconté cette histoire. Elle
est le sujet d’une tragédie d’Eschyle et d’une autre d’Euripide. J’ai choisi la
version d’Euripide parce qu’elle reflète de façon remarquable — comme c’est
si souvent le cas avec lui – notre propre point de vue. Eschyle narre la
légende à merveille, mais dans ses mains elle devient un poème vibrant et
martial. La tragédie d’Euripide, Les Suppliantes, montre mieux encore que ses
autres œuvres cet aspect moderne qui lui est propre.
Au prix de la vie de sa sœur, Polynice reçut donc la
sépulture ; son âme pouvait maintenant traverser le fleuve et trouver un
lieu de repos parmi les morts. Mais les corps des chefs qui avaient combattu
Thèbes restaient étendus sur le champ de bataille et selon le décret de Créon,
ils y demeureraient à jamais.
Adraste, le seul survivant des sept princes qui avaient
participé à la guerre, alla trouver Thésée, Roi d’Athènes, et l’implora
d’amener les Thébains à permettre l’ensevelissement des pauvres corps. Les
mères et les fils des guerriers tombés l’accompagnaient. « Nous ne demandons
rien d’autre qu’inhumer nos morts », dit-il à Thésée. « Accorde-nous
ton aide, car Athènes est entre toutes la cité la plus compatissante. »
— Je ne serai pas ton allié, répondit Thésée. – Tu as
conduit ton peuple contre Thèbes. C’est de toi que la guerre est venue et non
d’elle.
Mais Ethra, la mère de Thésée, vers laquelle les autres
mères désolées s’étaient d’abord tournées, osa interrompre les deux Rois.
« Mon fils », dit-elle, « me laisseras-tu parler pour ton
honneur et pour Athènes ? »
— Oui, parle, répondit-il, et il écouta avec attention
tandis qu’elle lui faisait entendre ce qu’elle pensait.
— Tu t’es voué à défendre tous ceux qui sont lésés,
dit-elle.
— Ces hommes de violence qui refusent aux morts leur
droit à une sépulture, tu as le devoir de les forcer à se soumette à une loi
qui est sacrée à la Grèce entière. Qu’est-ce donc qui maintient l’union dans
nos états et dans tous les états du monde sinon ceci, que chacun d’eux honore
les grandes lois du droit et de la justice ?
— Mère ! s’écria Thésée, – tu dis des mots de
vérité. Cependant je ne puis prendre seul une décision. Car j’ai fait de ce
pays un état libre, où chacun possède un droit de vote égal. Si les citoyens y
consentent, alors j’irai à Thèbes.
Les malheureuses femmes attendirent, Ethra avec elles,
tandis qu’il convoquait l’assemblée qui déciderait du malheur ou du bonheur de
leurs enfants morts. Elles priaient : « O cité d’Athènes, aide-nous,
afin que les lois de la justice et du droit ne soient pas bafouées et que dans toutes
les contrées du monde, les misérables et les opprimés se voient délivrés de
leurs peines. » A son retour, Thésée apportait de bonnes nouvelles.
L’assemblée avait voté une motion qui dirait aux Thébains qu’Athènes souhaitait
maintenir avec eux des relations de bon voisinage mais qu’elle ne pouvait
rester passive devant une grande injustice. « Cédez à notre
requête », disait-elle aux Thébains. « Nous ne réclamons que ce qui
est juste. Mais si vous vous y refusez, alors nous choisirons la guerre car
nous devons défendre ceux qui sont sans défense. »
Il n’avait pas fini de parler qu’un héraut entrait. Il
demanda : « Qui est le maître ici ? Le seigneur d’Athènes ?
Je lui apporte un message du souverain de Thèbes. »
— Tu cherches quelqu’un qui n’existe pas, répondit Thésée.
— Il n’y a pas de maître ici. Athènes est libre. Son
peuple la gouverne.
— Voilà qui est excellent pour Thèbes ! s’écria le
héraut.
— Notre cité n’est pas conduite par une populace qui la
mène de-ci de-là, mais par un homme. Comment une foule ignorante pourrait-elle
diriger sagement la vie d’une nation ?
— À Athènes, dit Thésée, nous faisons nos propres lois
puis nous leur obéissons. Nous tenons qu’il n’existe pas de pire ennemi pour
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