La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
un nom illustre parmi les guerriers les
plus fameux qui combattirent sous les murs de Troie.
La Maison Royale d’Athènes
J’ai emprunté à Ovide l’histoire de Procné et de
Philomèle. S’il la dit mieux qu’aucun autre, néanmoins elle est parfois
incroyablement mauvaise. En quinze lignes (que j’ai omises), il décrit
minutieusement comment fut coupée la langue de Philomèle et son aspect, gisant
« palpitante » sur le sol où Térée l’avait jetée. Les poètes grecs
étaient peu portés à des détails de ce genre, alors que les Latins n’y voyaient
pas d’objection. Pour les légendes de Procris et d’Orithyie, j’ai encore suivi
Ovide, mais en prenant de plus quelques détails à Apollodore. Le conte de
Créuse et d’Ion forme le sujet d’une œuvre d’Euripide, l’une des nombreuses
œuvres par lesquelles il tente de montrer aux Athéniens ce qu’étaient vraiment
les dieux des mythes lorsqu’on les juge selon les critères humains de charité,
d’honneur et de maîtrise de soi. La mythologie grecque fourmille d’anecdotes
telles que le rapt d’Europe, dans lesquelles rien ne permet de juger si la
déité en question agit de façon rien moins que divine. Dans cette version de l’histoire
de Creuse, Euripide dit à son auditoire : « Regardez votre Apollon,
le brillant Maître de la Lyre, le dieu pur de la Vérité. Voici ce qu’il a fait.
Il a brutalement violenté une faible jeune fille puis il l’a abandonnée. »
Si de telles œuvres attiraient les foules dans les théâtres d’Athènes, c’est
que déjà avait sonné le glas de la mythologie grecque.
Parmi les autres familles grecques mythologiques, si
remarquables fussent-elles, celle-ci trouva cependant à se distinguer, de façon
toute spéciale, par les événements fort singuliers auxquels ses membres se
virent mêlés. Aucune autre histoire n’en raconte de plus étranges.
Cécrops
Le premier Roi d’Attique se nommait Cécrops. Il n’avait pas
d’ancêtre humain et lui-même ne l’était que pour moitié :
Cécrops, héros et seigneur,
Né d’un dragon
Et à demi dragon lui-même.
On le tenait habituellement pour responsable de la
protection qu’Athéna consentit à accorder à Athènes. Poséidon revendiquait lui
aussi la cité ; pour faire comprendre à tous les bienfaits dont il était
capable, il frappa de son trident le rocher de l’Acropole et l’eau salée
s’échappa par la fissure pour se précipiter dans un puits profond. Athéna fit
mieux encore. Au même endroit, elle fit jaillir un olivier, le plus prisé des
arbres de la Grèce :
Athéna montra aux hommes
L’olivier argenté,
Gloire de la brillante Athènes
Et sa couronne.
En échange de ce don royal, Cécrops – qui avait été désigné
comme arbitre – décida qu’Athènes appartiendrait à la déesse. Ulcéré, Poséidon
punit le peuple en lui envoyant une marée désastreuse.
Dans l’un des récits contant cette querelle entre les deux
divinités, le suffrage des femmes joue un rôle important. Dans ces temps
reculés, nous dit-on, les femmes votaient tout comme les hommes. Toutes les
femmes votèrent pour la déesse et tous les hommes pour le dieu, mais il y avait
une femme de plus qu’il n’y avait d’hommes et Athéna l’emporta. Les hommes, et
Poséidon avec eux, furent grandement humiliés de ce triomphe féminin et tandis
que Poséidon se mettait en devoir d’inonder la terre, ses alliés décidaient de
retirer le droit de vote aux femmes. Athéna, toutefois, conserva Athènes.
La plupart des écrivains disent que ces événements prirent
place bien avant le Déluge et que le Cécrops appartenant à la célèbre famille
athénienne n’est pas la créature mi-dragon, mi-homme, mais un homme tout à fait
normal qui doit son importance surtout à sa parenté. Il était le fils d’un Roi
fort remarquable, le neveu de deux héroïnes mythologiques fameuses et le frère
de trois autres. Par-dessus tout, il était l’arrière-grand-père du héros d’Athènes,
Thésée.
Son père, le Roi d’Athènes Erechthée, passe en général pour
être ce souverain sous le règne duquel Déméter vint à Eleusis et l’agriculture
prit naissance. Il avait deux sœurs, Procné et Philomèle, connues pour leurs
malheurs. Leur histoire est tragique à l’extrême.
Procné et Philomèle
Procné, l’aînée des deux, avait épousé Térée de Thrace, et
fils d’Arès ; il se montra le digne héritier de
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