La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
d’autres mots :
Mon Père – il ravirait l’espoir à notre
cité ?
Il ferait de moi un lâche. Il est âgé
Et doit donc être pardonné. Mais je suis
jeune.
Si je trahissais Thèbes il n’y aurait pas de
pardon pour moi.
Comment peut-il penser que je ne sauverais pas
la cité
En allant pour elle au-devant de ma
mort ?
Et que serait ma vie si je prenais la fuite
Alors que je pourrais libérer ma patrie ?
Il se rendit donc sur le champ de bataille et inexpérimenté
comme il l’était dans l’art de la guerre, il fut aussitôt tué.
Pas plus les assiégeants que les assiégés n’obtenaient
d’avantage décisif ; les deux partis convinrent enfin que la querelle se
terminerait par un combat singulier où s’affronteraient les deux frères. Si
Etéocle triomphait, l’armée d’Argos se retirerait, mais s’il était vaincu, la
couronne reviendrait à Polynice. Il n’y eut pas de vainqueur ; tous deux
s’entre-tuèrent. Etéocle mourant regarda son frère et pleura ; il n’avait
plus la force de parler. Polynice put encore murmurer quelques mots :
« Mon frère, mon ennemi, mais si cher, toujours si cher. Fais-moi inhumer
dans ma terre natale – que j’en possède au moins cela. »
Le duel n’avait apporté aucune décision et le combat reprit.
Mais Ménécée n’était pas mort en vain ; les Thébains l’emportèrent enfin
et les champions moururent tous, à l’exception du seul Adraste. Il prit la
fuite avec les débris de l’Armée, qu’il ramena à Athènes. A Thèbes, Créon
reprit les rênes du pouvoir ; il fit proclamer qu’aucun de ceux qui
avaient combattu contre la cité ne recevrait de sépulture. A Etéocle
reviendraient tous les honneurs rituels réservés après leur mort aux plus
nobles, mais les restes de Polynice seraient laissés aux bêtes et aux oiseaux
de proie. Par ce décret, la vengeance prenait le pas sur les cérémonies du
culte, sur le droit et la loi, il punissait les morts. Les âmes de ceux qui
demeuraient sans sépulture ne pouvaient traverser le fleuve qui encercle le
Royaume de la Mort ; elles erraient dans la désolation, sans trouver de
lieu de repos. Ensevelir les morts était donc un devoir sacré non seulement
envers les siens mais envers tout étranger aussi. Mais, disait la proclamation
de Créon, ce devoir se voyait changé en crime en ce qui concernait Polynice.
Celui qui lui donnerait une sépulture serait mis à mort.
Antigone et Ismène apprirent avec horreur la décision de
Créon ; toute révoltante qu’elle fut, pour Ismène, accablée d’angoisse à
la pensée du pitoyable corps abandonné et de l’âme errante et solitaire, il
semblait néanmoins qu’il ne restait qu’à s’y soumettre, que rien ne pouvait
être entrepris. Elle-même et Antigone se retrouvaient maintenant
irrémédiablement seules ; tout Thèbes exultait de voir l’homme qui lui
avait apporté la guerre châtié de façon tellement inexorable. « Nous
sommes des femmes », dit-elle à Antigone. « Nous n’avons pas la force
de défier l’État ». « Tu as choisi ton rôle », répondit
Antigone. « Pour moi, j’irai ensevelir le frère que j’aimais ».
« Tu n’en as pas la force ! » s’écria Ismène. « Si ma force
me trahit, alors je céderai », dit Antigone. Elle quitta sa sœur et Ismène
n’osa la suivre.
Au palais, quelques heures plus tard, Créon fut alarmé par
un cri : « Malgré ta défense, Polynice a été enseveli ! »
Il sortit en hâte et rencontra les soldats qu’il avait chargés de garder le
corps de Polynice. Ils entouraient Antigone. « Cette jeune fille lui a
donné la sépulture » crièrent-ils. « Nous l’avons vue. Un épais vent
de sable l’a d’abord dissimulée mais quand il s’est dissipé, le corps était
enterré et la jeune fille offrait une libation au mort. » « Tu
connaissais mon édit ? » demanda Créon. « Oui », dit
Antigone. « Et tu as transgressé la loi ? » « Ta loi, qui
n’est pas celle des dieux ni celle de la Justice » dit Antigone. « Les
lois non écrites qui nous viennent des dieux ne sont ni pour hier ni pour
demain mais de tous les temps. »
Ismène sortit en pleurant du palais et vint se placer à côté
de sa sœur. « Je l’ai aidée », dit-elle. Mais Antigone protesta.
« Elle n’est pour rien dans ce qui s’est passé » dit-elle à Créon, et
elle pria sa sœur de ne plus ajouter un mot. « Tu as choisi de vivre et
moi
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