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La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

Titel: La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edith Hamilton
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L’homme
est mort et non de la main de son fils. » Le messager sourit d’un air
entendu. « Est-ce la crainte de tuer ton père qui t’a chassé de
Corinthe ? » demanda-t-il. « O Roi, tu étais dans l’erreur. Tu
n’avais aucune raison de t’effrayer – car tu n’étais pas le fils de Polybe. Il
t’a élevé comme tel mais il t’a reçu de mes mains. » « Et d’où me
tenais-tu ? » interrogea Œdipe. « Qui étaient mon père et ma
mère ? » « Je ne sais rien d’eux », dit le messager.
« Un berger nomade t’a remis à moi – un serviteur de Laïos. »
    Jocaste blêmit ; son visage exprima l’horreur. « À
quoi bon perdre son temps à écouter celui-là ? » s’exclama-t-elle.
« Rien de ce qu’il dit ne peut avoir d’importance. » Elle parlait
vite mais avec défi. Œdipe ne pouvait la comprendre. « Ma naissance n’a
pas d’importance ? » demanda-t-il. « Pour l’amour du ciel, ne
cherche pas plus loin », supplia-t-elle. « Mon infortune est assez
grande. » Elle s’interrompit et rentra en courant dans le palais.
    A cet instant, un vieil homme apparut. Lui et le messager se
toisèrent avec curiosité. « C’est bien lui, O Roi », cria le
messager. « C’est le berger qui t’a donné à moi. » « Et
toi », dit Œdipe, « le reconnais-tu comme il te
reconnaît ? » Le vieil homme ne répondit pas, mais le messager
insista. « Tu dois te souvenir cependant. Un jour, tu m’as apporté un
petit enfant que tu avais trouvé – et le Roi, ici, est cet enfant. »
« Maudit sois-tu », répondit l’autre. « Retiens ta
langue. » « Quoi ! » s’exclama Œdipe irrité. « Tu
conspirais avec celui-là pour me cacher ce que je désire apprendre ? Sois
assuré qu’il existe des moyens de te faire parler. »
    Le vieil homme gémit. « Oh, ne me fais pas de mal. Je
lui ai bien donné l’enfant, mais ne m’en demande pas davantage, maître, pour
l’amour du dieu. » « S’il me faut une seconde fois t’ordonner de me
dire où tu l’as trouvé, tu es perdu », dit Œdipe. « Pose la question
à ton épouse », cria le vieil homme. « Elle te le dira mieux que
moi. » « Elle m’aurait donné à toi ? » demanda Œdipe.
« Oui, oh oui », geignit l’autre. « Je devais tuer l’enfant. Il
y avait une prophétie. » « Une prophétie ! » répéta Œdipe.
« Qu’il tuerait son père ? » « Oui », murmura le vieil
homme.
    Un cri d’agonie échappa au Roi. Il comprenait enfin.
« Tout était vrai ! Pour moi, le jour va maintenant se changer en
nuit. Je suis maudit. » Il avait tué son père, épousé la femme de son
père, sa propre mère. Pour lui, pour elle, pour leurs enfants, nul recours
n’existait. Tous étaient maudits.
    Œdipe parcourut le palais, à la recherche de cette épouse
qui était aussi sa mère. Il la trouva dans sa chambre. Quand la vérité lui
était apparue, elle s’était donné la mort. Debout près d’elle, lui aussi tourna
sa main contre lui-même, mais non pour mettre fin à sa vie. Il troqua la
lumière contre l’ombre. Il se creva les yeux. Le monde obscur de la cécité
était un refuge, mieux valait y vivre que contempler avec des yeux remplis de
honte le monde ancien, autrefois si lumineux.
     
Antigone
    J’ai tiré ce récit de deux tragédies de Sophocle,
« Antigone » et « Œdipe à Colone », sauf pour l’épisode de
la mort de Ménécée, qui est narré dans une œuvre d’Euripide, « Les
Suppliantes ».
    Après la mort de Jocaste et tous les malheurs qui
l’accompagnèrent, Œdipe vécut à Thèbes, tandis que ses enfants grandissaient.
Il avait deux fils, Polynice et Etéocle, et deux filles, Antigone et Ismène.
Jeunes gens malheureux s’il en fut, ils étaient cependant loin d’être ces
monstres qui feraient frissonner tous ceux qui les verraient, ainsi que
l’oracle l’avait annoncé à Œdipe. Les deux garçons avaient conquis l’affection
des Thébains et les filles étaient les meilleures qu’un homme pût souhaiter.
    Œdipe renonça au trône, bien entendu. Polynice, le fils
aîné, en fit autant. À cause de l’affreuse situation familiale, les Thébains
jugèrent cette décision fort sage et ils acceptèrent que Créon, le frère de
Jocaste, assumât la régence. Pendant bien des années, ils traitèrent Œdipe avec
amitié mais ils finirent par l’expulser de la cité. On ignore à quoi fut due
cette détermination, mais Créon

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