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La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

Titel: La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edith Hamilton
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toutes les détestables
qualités de son père. Ils eurent un fils, Itys. Lorsque celui-ci atteignit
l’âge de cinq ans, Procné – qui avait vécu tout ce temps en Thrace, séparée de
sa famille – supplia Térée de lui permettre d’inviter sa sœur Philomèle. Il y
consentit et proposa même de se rendre lui-même à Athènes afin d’escorter la
jeune fille pendant son voyage. Il eut à peine posé les yeux sur elle qu’il
s’en éprit. Elle était aussi belle qu’une nymphe ou une naïade. Il persuada
aisément son père de la lui confier et elle-même se réjouissait au-delà de
toute mesure à cette perspective. Tout se passa fort bien pendant le voyage
mais lorsqu’ils débarquèrent et se dirigèrent par voie de terre vers le palais,
Térée dit à Philomèle qu’il venait d’apprendre la mort de Procné et il força la
jeune fille à consentir à un prétendu mariage. Toutefois, elle ne tarda pas à découvrir
la vérité et elle fut assez imprudente pour menacer Térée. Elle trouverait
certainement le moyen d’avertir le monde entier de ce qu’il avait fait et il
serait exclu de la société des hommes, lui dit-elle. Elle souleva ainsi en lui
à la fois la fureur et la crainte ; il la saisit et lui coupa la langue.
Puis, la laissant sous bonne garde, il s’en fut retrouver Procné et lui fit
entendre un conte selon lequel Philomèle serait morte en cours de route.
    Le sort de Philomèle semblait désespéré : elle était
emprisonnée, elle ne pouvait parler. À cette époque, l’écriture n’existait pas
encore, rien ne semblait donc menacer Térée. Cependant, bien que personne ne
sût écrire, les gens de ce temps pouvaient sans parler raconter toute une
histoire car ils étaient de merveilleux artisans, des artisans comme depuis on
n’en a plus jamais vu. Ainsi, un forgeron façonnant un bouclier y décrivait une
chasse au lion, deux lions dévorant un taureau tandis que les bouviers
encouragent leurs chiens à les attaquer ou encore, il reproduisait une scène de
moisson : un champ avec des faucheurs et des lieuses de gerbes, ou une
vigne fertile en grappes que des adolescents et des jeunes filles rassemblent
dans des paniers tandis que l’un d’eux, pour les encourager, souffle dans un
pipeau de berger. Les femmes se montraient tout aussi habiles dans leurs
travaux. Dans les belles toiles qu’elles tissaient elles-mêmes, elles
entrelaçaient des formes si humaines, si vivantes que chacun en les voyant
reconnaissait le conte qu’elles illustraient. Philomèle se tourna donc vers son
métier à tisser. Plus qu’aucun autre artiste n’en eut jamais, elle avait une
raison essentielle de rendre clairement l’histoire qu’elle tissait. Avec une
peine infinie et un art consommé, elle créa une tapisserie merveilleuse
retraçant toute sa lamentable aventure. Elle la confia à la vieille femme qui
la servait et lui fit comprendre que l’œuvre était destinée à la Reine.
    Toute fière de porter un don aussi beau, la vieille femme le
remit à Procné, toujours en deuil de sa sœur et dont l’état d’esprit était tout
aussi sombre que les vêtements. Elle déroula la pièce d’étoffe. Elle y vit
Philomèle, son visage, sa silhouette, et Térée qui n’était pas moins
ressemblant. Avec horreur, elle déchiffra tout ce qui s’était passé aussi
clairement que s’il s’était agi de mots écrits. Le sentiment profond de
l’outrage qui lui avait été fait l’aida à se maîtriser. Larmes et mots
n’étaient pas de mise, son esprit tout entier se tendit vers les buts à
atteindre : délivrer sa sœur et châtier son mari. Elle trouva le moyen de
rejoindre Philomèle, sans doute par l’intermédiaire de la vieille messagère, et
lorsqu’elle eut révélé à celle qui ne pouvait répondre que tout lui était
désormais connu, elle revint avec sa sœur au palais. Et là, tandis que
Philomèle pleurait, Procné réfléchissait. « Laissons les larmes à plus
tard », dit-elle à sa sœur. « Je suis prête à tout ce qui fera payer
à Térée le mal qu’il t’a fait. » A cet instant, son fils, le petit Itys,
entra dans la pièce et soudain, comme elle le regardait, elle crut le haïr.
« Combien tu ressembles à ton père », dit-elle lentement ; et
avec ces mots, son plan lui apparut clairement. Elle tua l’enfant d’un coup de
glaive. Elle découpa le petit corps et déposa ses membres dans un chaudron sur
le feu et le servit le soir même à Térée.

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