La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
aperçut un
mouvement dans un fourré ; il lança son javelot – qui trouva sa cible.
C’était Procris, et elle tomba sur le sol, le cœur transpercé.
Orithyie et Borée
Orithyie était l’une des trois sœurs de Procris. Borée, le
Vent du Nord, s’éprit d’elle mais son père Erechthée et avec lui tout le peuple
d’Athènes s’opposaient à ce mariage. À cause du triste sort de Procné et de
Philomèle et parce que le vil Térée venait du Nord, ils avaient pris en haine
tout ceux qui y vivaient et ils refusèrent de donner la jeune fille à Borée.
Mais ils furent insensés au point de croire qu’ils pourraient retenir ce que le
Grand Vent convoitait. Un jour, alors qu’Orithyie jouait avec ses sœurs au bord
d’une rivière, Borée surgit dans une bourrasque et l’entraîna. Les deux fils
qu’elle lui donna, Zétès et Caloïs, accompagnèrent Jason dans la Conquête de la
Toison d’Or.
Un jour Socrate, le grand philosophe athénien qui vécut des
siècles et peut-être même des milliers d’années après que les premiers récits
mythologiques eurent été contés, s’en fut se promener avec un jeune homme
auquel il était fort attaché et qui se nommait Phædros. Tout en marchant
lentement, ils parlaient, et Phædros demanda : « N’est-ce pas près
d’ici que Borée aurait enlevé Orithyie sur les bords de
l’Illissus ? »
— C’est en effet ce que raconte cette histoire,
répondit Socrate.
— Crois-tu que ce soit bien ici l’endroit exact où la
chose se passa ? continua Phædros, pensif. – Cette petite rivière semble
si claire, si limpide. Je verrais fort bien des jeunes filles jouant sur ses
berges.
— Je pense, dit Socrate, que l’endroit exact se trouve
à un quart de lieue en aval et je crois qu’il y a là un autel en l’honneur de
Borée.
— Dis-moi, Socrate, dit Phædros, cette histoire, la
crois-tu ?
— Les sages sont sceptiques, répondit Socrate, et je ne
me singulariserais pas si je doutais moi aussi.
Cette conversation avait lieu dans la dernière partie du V e siècle
av. J. — C. Les anciennes légendes commençaient alors à perdre leur emprise sur
l’esprit des hommes.
Creuse et Ion
Créuse était la sœur de Procris et d’Orithyie et elle aussi
connut l’infortune. Un jour, alors qu’elle était à peine plus qu’une enfant,
elle cueillait des crocus sur une falaise creusée d’une caverne profonde. Elle
se servait de son voile comme d’un panier et comme il était rempli de cette moisson
dorée, elle se disposait à regagner son logis lorsqu’elle fut saisie dans les
bras d’un homme surgi de nulle part – on eût dit que l’invisible s’était
soudain fait visible. Il était divinement beau, mais aveuglée par sa terreur,
elle ne vit rien de lui ni de ses traits. Elle cria, elle appela sa mère, mais
nul secours n’était à portée. Son ravisseur n’était autre qu’Apollon et il
l’emporta dans la caverne.
Tout dieu qu’il fut, elle le haïssait, surtout quand au
moment où son enfant devait naître, il ne se manifesta en rien et ne lui
apporta aucune aide. Elle n’osa rien dire à ses parents. Ainsi que maints
récits le prouvent, le fait que le séducteur était un dieu et ne pouvait être
repoussé ne valait pas comme excuse. En avouant, une jeune fille risquait la
mort.
Lorsque son temps fut venu, Créuse se rendit seule dans une
grotte et mit un fils au monde. Et là aussi, elle l’abandonna, promis à la
mort. Plus tard, poussée par un désir lancinant d’apprendre ce qui lui était
arrivé, elle y retourna. La grotte était vide et on n’y voyait nulles traces de
sang ; l’enfant n’avait donc pas été tué par une bête sauvage. Mais, chose
étrange, les vêtements moelleux dont elle l’avait enveloppé, un voile et une
mante tissés de ses mains, tout avait disparu. Avec angoisse, elle se demanda
si un grand aigle ou un vautour ne l’aurait pas enlevé dans ses serres cruelles
– ce qui semblait la seule explication plausible.
Quelque temps après, elle se maria. En témoignage de
gratitude, son père, le Roi Erechthée, accorda sa main à un étranger qui
l’avait aidé au cours d’une guerre. Bien entendu, cet homme, nommé Xuthos,
était Grec, mais comme il n’appartenait ni à Athènes ni à l’Attique, on le
tenait pour un étranger ; en tant que tel, il était si peu considéré que
Créuse et lui n’ayant pas eu d’enfant, les Athéniens furent loin de prendre
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