La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
Elle le regarda prendre son repas et
attendit qu’il l’eût achevé pour tout lui dire.
Malade d’horreur, d’abord il ne put faire un geste et les
deux sœurs en profitèrent pour s’enfuir. Mais il les rejoignit à Daulis et il
allait les tuer lorsque, soudain, les dieux les métamorphosèrent en oiseaux,
Procné en rossignol et Philomèle en hirondelle ; celle-ci, puisque sa
langue a été coupée, ne peut que gazouiller sans jamais chanter. Procné,
L’oiseau aux ailes brunes
Le rossignol mélodieux,
Se lamente à jamais : Itys, ô enfant
Perdu pour moi – perdu.
Le misérable Térée fut lui aussi changé en oiseau, mais un
oiseau affreux au bec immense, que certains disent être un vautour, d’autres
une huppe.
On ne sait pourquoi les auteurs romains qui racontèrent
l’histoire confondirent les deux sœurs ; de la pauvre Philomèle privée de
langue, ils firent le rossignol, ce qui est manifestement absurde. Mais c’est
le nom que lui donne toujours la poésie anglaise.
Procris et Céphale
Procris était la nièce de ces femmes infortunées et elle
souffrit tout autant qu’elles, à peu de choses près. Elle était fort
heureusement mariée à Céphale, petit-fils d’Eole, le Roi des Vents ; mais
quelques semaines après leurs noces, Céphale fut enlevé par un personnage qui
n’était rien moins qu’Aurore, la déesse de l’Aube. Il était un fervent de la
chasse et avait pour habitude de se lever fort tôt pour suivre le cerf Et c’est
ainsi que, plus d’une fois, tandis que le jour commençait à poindre, Aurore
l’aperçut et bientôt s’en éprit. Mais Céphale aimait Procris. La rayonnante
déesse elle-même ne put le rendre infidèle, seule Procris occupait son cœur.
Irritée par cette tendresse obstinée qu’aucun de ses artifices ne parvenait à
affaiblir, Aurore finit par lui permettre de rejoindre sa femme, mais avant
qu’il ne prît congé, elle lui conseilla de s’assurer si Procris, pendant son
absence, lui était restée aussi fidèle qu’il l’avait été envers elle.
Cette suggestion malicieuse rendit Céphale fou de jalousie.
Il était resté si longtemps absent et Procris était si belle… Il se dit que
jamais il ne retrouverait l’apaisement et la confiance s’il n’obtenait la
preuve qu’elle n’aimait que lui et se refusait à tout autre amant. Il se
déguisa donc. Certains disent qu’Aurore lui prêta son concours ; quoi
qu’il en soit, le déguisement était si parfait que personne ne le reconnut
lorsqu’il revint chez lui. L’impatience avec laquelle toute la maisonnée
attendait son retour lui parut bien réconfortante, mais il n’en abandonna pas
pour autant son dessein. Toutefois, quand il fut admis en présence de Procris,
le chagrin manifeste et le visage désolé de la jeune femme faillirent le faire
céder. Il n’en fit rien, cependant ; il ne pouvait oublier les mots
moqueurs d’Aurore. Il tenta aussitôt de séduire Procris, de la rendre amoureuse
de l’étranger qu’il prétendait être. Il lui fit une cour empressée, il simula
une passion ardente, il lui rappela constamment l’infidélité de son mari. A
toutes ces sollicitations, elle opposait la même réponse : « Je lui
appartiens. Où qu’il soit, je lui garde mon amour. »
Mais un jour qu’il la harcelait plus encore, ne ménageant ni
persuasion ni promesses, elle hésita. Il cria : « O femme fausse et
sans vergogne. Je suis ton mari. Je suis moi-même témoin de ta trahison. »
Procris le regarda, puis sans un mot, elle le laissa et quitta la maison. Son
amour pour lui semblait se transformer en haine ; elle exécrait le genre
humain tout entier et elle s’en fut dans la montagne, pour y vivre seule. Cependant,
Céphale n’avait pas tardé à revenir à la raison ; il comprit le vilain
rôle qu’il avait joué. Il battit la contrée, cherchant sa femme partout et
quand il l’eut trouvée, il implora son pardon.
Elle ne put se résoudre à le lui accorder sur-le-champ, trop
blessée encore de la supercherie dont elle avait été victime. Mais il réussit
enfin à la reconquérir et ils passèrent ensemble quelques années heureuses.
Puis, un jour, ils allèrent chasser ainsi qu’ils le faisaient souvent. Procris
avait donné à Céphale un javelot qui ne manquait jamais son but. En arrivant
dans les bois, mari et femme se séparèrent et partirent chacun de leur côté à
la recherche du gibier. Céphale, regardant vivement autour de lui,
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