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La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

Titel: La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edith Hamilton
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un temps de paix et de joie
parfaites : on ne pouvait emprisonner personne et les prisonniers étaient
même relâchés afin de partager l’allégresse générale. Mais pour honorer le dieu,
le peuple ne se rendait pas dans un lieu sauvage rendu horrible par des actions
et un festin sanglants, ni même dans l’enceinte d’un temple, où des sacrifices
rituels et des cérémonies religieuses se dérouleraient selon un ordre consacré.
Il se rassemblait dans un théâtre et la cérémonie, en fait, était un spectacle.
Les meilleurs poèmes grecs — qui comptent aussi parmi les meilleurs qui
soient au monde – furent écrits en l’honneur de Dionysos. Les auteurs de ces
pièces de théâtre, les acteurs et les chanteurs qui y figuraient, étaient tous
considérés comme les servants du dieu. Les représentations étaient sacrées ;
les spectateurs, au même titre que les poètes et les exécutants, participaient
à une action culturelle. Dionysos lui-même était censé être présent : son
prêtre occupait le siège d’honneur.
    Et voilà pourquoi il apparaît clairement que l’idée du dieu
de l’inspiration sacrée, du dieu qui pouvait communiquer son esprit aux hommes
et leur donner le moyen d’écrire et d’agir magnifiquement, devait supplanter
toutes les autres idées que l’on se faisait de lui auparavant. Les premiers
poèmes tragiques, qui sont parmi les plus grands de tous les temps et jamais
égalés, sauf par Shakespeare, furent représentés sur la scène du théâtre de
Dionysos. On y donnait aussi des comédies, mais les tragédies furent de loin
les plus nombreuses et il y avait à cela une raison.
    Ce dieu étrange, joyeux cascadeur, chasseur cruel et
inspirateur sublime, était aussi une victime. Comme Déméter, il était affligé, mais
à l’encontre de la déesse, il souffrait de sa propre peine et non du chagrin d’un
autre. Il était la vigne, une plante que l’on émonde plus qu’aucun autre
porteur de fruits ; en hiver, chaque branche est élaguée, seul demeure le
cep dénudé, une souche de bois mort, un moignon noueux, rugueux, qui paraît
incapable de jamais reverdir. Comme Perséphone, Dionysos mourait à l’arrivée du
froid, mais si la mort de Perséphone était douce, celle de Dionysos était
affreuse : il était mis en pièces – par les Titans, selon les uns, selon
les autres sur les ordres d’Héra. Toujours, il revenait à la vie ; il
mourait et ressuscitait. C’était cette résurrection joyeuse que l’on célébrait
dans son théâtre, mais l’idée du sort atroce subi par lui et celle des actes terribles
accomplis par les hommes sous son influence lui étaient trop intimement
associées pour être jamais oubliées. Plus que le dieu souffrant, il était le
dieu tragique. Il n’y en avait pas d’autre.
    Il présentait un autre aspect encore. Il était l’assurance
que tout ne prend pas fin avec la mort. Ses adorateurs croyaient que sa mort et
sa résurrection leur apportaient la preuve de la survie éternelle des âmes
après la destruction des corps par la mort, et cette croyance était à la base
des Mystères d’Eleusis. Au début, elle était centrée sur Perséphone qui elle
aussi ressuscite à chaque retour du printemps. Mais en tant que souveraine du
royaume souterrain des ombres, elle suggérait à chacune de ses réapparitions
sur la terre des images affreuses et étranges : comment aurait-elle pu
être la figure de la résurrection, du triomphe sur la mort, alors qu’elle
ramenait toujours avec elle le souvenir de cette même mort ? Dionysos, par
contre, n’était jamais considéré comme une puissance de l’empire des morts.
    Vers l’an 80 de notre ère, un grand écrivain grec, Plutarque,
apprit un jour qu’il se trouvait loin de son foyer, que sa petite fille était
morte. « C’était », dit-il, « une enfant d’une nature très douce ».
Dans sa lettre à sa femme, il écrit : « A propos de ce que tu as
entendu dire, cher cœur – que l’âme, lorsqu’elle se sépare du corps, disparaît
et ne ressent plus rien – tu n’accorderas, je le sais, nulle créance à de
telles assertions à cause de ces promesses loyales et sacrées qui nous sont
données dans les mystères de Bacchus ; ces promesses, nous les connaissons
bien puisque nous appartenons à cette confrérie religieuse. Nous tenons pour
vérité certaine que notre âme est incorruptible et immortelle. Nous devons
penser (des morts) qu’ils passent dans

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