La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
Universelle, et du Ciel (Gæa et
Ouranos). Ces enfants étaient des monstres. Les Grecs croyaient, tout comme
nous le croyons, que la terre fut peuplée jadis de créatures étranges et
gigantesques. Cependant ils ne se les représentaient pas sous la forme de
lézards énormes ou de mammouths mais tant soit peu comme des hommes et
cependant inhumains. Ils possédaient la force irrésistible du tremblement de
terre, de l’ouragan et du volcan. Dans les récits qui leur sont consacrés, ils
ne semblent pas réellement vivants mais comme appartenant plutôt à un monde où
rien de vivant n’aurait encore apparu, secoué seulement par des mouvements
énormes produits par des forces assez puissantes pour soulever les montagnes et
vider les mers. Les Grecs nourrissaient apparemment des pensées de ce genre
puisque dans leurs récits – et bien qu’ils présentent ces créatures comme des
êtres vivants – ils les font cependant très différents de toute forme de vie
jamais donnée à l’homme.
Trois d’entre eux, doués d’une taille et d’une force
monstrueuses, avaient chacun cent mains et cinquante têtes. On donna à trois
autres le nom de Cyclopes (de cuclos , cercle, et ops, regard), parce que chacun d’eux n’avait au milieu du front qu’un seul
œil énorme, aussi grand et rond qu’une roue. Ces Cyclopes étaient eux aussi
gigantesques, leur taille atteignait celle des plus hautes montagnes et leur
force était dévastatrice. Venaient enfin les Titans. Très nombreux, ils ne le
cédaient en rien en taille et en force aux précédents, mais ils n’étaient pas
uniquement funestes ; plusieurs étaient même bienfaisants ; en fait, l’un
d’entre eux, après que les hommes eurent été créés, les sauva de la destruction.
Que ces terrifiantes créations fussent les enfants de la
Terre, Mère Universelle, surgis de ses profondeurs ténébreuses, il semblait
tout naturel de le penser ; mais il est pour le moins étrange qu’ils
fussent en même temps les enfants du Ciel ; c’était là cependant ce qu’affirmaient
les Grecs et ils en concluaient que le Ciel faisait, en tant que père, bien
piètre figure. Car il haïssait ces monstres – ses fils – à cent bras et
cinquante têtes, et chaque fois que l’un d’eux naissait, il l’enfermait aussitôt
dans un lieu secret, au centre de la terre. Il laissa leur liberté aux Cyclopes
et aux Titans, que la Terre furieuse du traitement infligé à ses autres enfants
– appela à son aide. Un seul osa répondre, Cronos, le Titan. Il tendit un piège
à son père et lui infligea une horrible mutilation. Du sang de la blessure
surgit une quatrième race de monstres : les Géants. Toujours de ce même
sang naquirent les Erinnyes (les Furies). Gardiennes de la vie humaine, leur
mission était de pourchasser et punir les pécheurs et on les appelait « celles
qui marchent dans l’ombre » ; leur aspect était affreux, leur
chevelure était entortillée de vipères et leurs yeux pleuraient des larmes de
sang. Tous les monstres furent finalement chassés de la terre, à l’exception
des Erinnyes ; tant que le péché demeurerait dans le monde elles ne
pourraient en être bannies.
Depuis ce moment et pendant des temps immémoriaux, Cronos – que
les Romains, ainsi que nous l’avons vu, nommaient Saturne – régna sur l’univers
avec Rhéa, son épouse-sœur (ops en latin). Mais
le jour vint où l’un de leurs fils, le futur souverain du ciel et de la terre, appelé
Zeus par les Grecs et Jupiter par les Romains, se rebella contre son père. Il
avait une bonne raison pour ce faire, car Cronos, ayant appris que l’un de ses
enfants le détrônerait un jour, jugea que la seule façon de conjurer le destin
était d’exiger de sa femme qu’elle lui livrât chaque nouveau-né, qu’il dévorait
aussitôt. Mais Rhéa réussit à soustraire Zeus, son sixième enfant, à ce sort
fatal. Quand Zeus vint au monde, elle offrit une grande pierre enveloppée de
linge à son époux qui l’avala promptement, la prenant apparemment pour le bébé.
Plus tard, devenu adulte, Zeus aidé par sa grand-mère la Terre, força son père
à dégorger ladite pierre (en même temps que les cinq premiers enfants) et elle
fut déposée à Delphes où longtemps après un grand voyageur nommé Pausanias dit
l’avoir vue, vers l’an 180 de notre ère : « une pierre de
dimension réduite que les prêtres de Delphes oignent chaque année ».
Survint alors une
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