La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
aide, devint amoureux d’elle et l’épousa. Quand
elle mourut, il reprit la couronne d’or qu’il lui avait un jour donnée et la
plaça parmi les étoiles.
Il pensait toujours à cette mère qu’il n’avait jamais connue ;
il désirait si ardemment la voir qu’il se décida enfin à entreprendre la
terrible descente dans le monde souterrain afin de l’y chercher. Quand il l’eut
trouvée, il défia le pouvoir de la Mort, qui refusait de la lui rendre ; et
la Mort céda. Dionysos emmena donc sa mère mais non pour la faire vivre sur la
terre ; il la fit pénétrer dans l’Olympe où les dieux consentirent à l’accepter
parmi eux, une mortelle, certes, mais la mère d’un dieu et par là digne de
vivre parmi les immortels.
Le dieu du Vin savait se montrer bienveillant et aimable
mais cruel aussi, à l’occasion ; il lui arrivait de pousser les hommes à
accomplir des actions déplorables ; souvent il les rendait fous. Les Ménades,
ou les Bacchantes ainsi qu’on les nommait encore, étaient des femmes rendues
délirantes par le vin. Hagardes, elles se précipitaient à travers bois, se
lançaient à l’assaut des collines et les dévalaient en poussant des cris aigus
et en agitant des thyrses, verges emboutées de pommes de pin. Rien ne pouvait
les arrêter. Elles mettaient en pièces les animaux sauvages qu’elles croisaient
au passage et en dévoraient les lambeaux de chair sanglants. Elles chantaient :
Oh, combien sont doux les chants et les danses
sur la montagne
Et la course folle.
Oh, combien il est doux de tomber, épuisée sur
la terre,
Après que la chèvre sauvage a été pourchassée
et rejointe.
Oh, la joie de ce sang et de cette chair rouge
et crue.
Les dieux de l’Olympe aimaient voir régner l’ordre et la
beauté dans leurs sacrifices et leurs temples. Ces nymphes folles, les Ménades,
n’avaient pas de temples ; la nature inculte, les montagnes les plus
sauvages, les forêts les plus profondes leur en tenaient lieu comme si elles
voulaient garder vivantes les coutumes d’un temps très ancien, précédant celui
où les hommes s’étaient mis en tête de bâtir des maisons pour leurs dieux. Elles
préféraient sortir des cités poussiéreuses et surpeuplées ; elles
retournaient à la pureté des montagnes inviolées et des forêts. Là, Dionysos
les nourrissait et les abreuvait : d’herbes et de baies, et du lait des
chèvres sauvages. Elles dormaient sur la mousse tendre, sous les branches
couvertes d’épais feuillages, sur le sol, où d’année en année se déposaient les
aiguilles de pin. Elles se réveillaient avec une sensation de paix et de
fraîcheur célestes ; elles se baignaient dans un clair ruisseau. Il
entrait beaucoup de beauté, de bonté et de liberté dans ce culte à ciel ouvert,
dans cette joie extatique qui puisait à la source de la splendeur sauvage de la
nature. Mais l’horrible festin sanglant y restait toujours présent.
Le culte réservé à Dionysos était centré sur ces deux idées
pourtant si divergentes : la liberté, l’extase de joie, et la brutalité
sauvage. Le Roi du Vin avait le pouvoir de donner l’une ou l’autre à ses
adorateurs. Tour à tour, tout au long du récit de sa vie, il se montre une
bénédiction pour l’homme ou la cause de sa ruine. De toutes les actions
néfastes qui lui sont imputées, la plus affreuse fut commise à Thèbes, la ville
dont était issue sa mère.
Dionysos se rendit à Thèbes pour y instaurer son culte. Selon
sa coutume, il était suivi d’une troupe de femmes, toutes revêtues de
dépouilles de faon par-dessus leurs robes et qui dansaient et chantaient des
chœurs exultants tout en agitant des thyrses entrelacés de lierre. Elles
semblaient ivres de joie et chantaient
Evoé, Bacchantes, venez,
O venez.
Chantez toutes Dionysos,
Chantez au son des timbales.
Des timbales à la voix profonde.
Avec joie louez celui qui donne la joie ;
La musique vous appelle,
Allez, allez à la montagne
Cours, Bacchante au pied léger !
Penthée, roi de Thèbes, était le fils de la sœur de Sémélé
mais il ne se doutait pas de la parenté qui le liait au meneur de ce cortège de
femmes hagardes et hurlantes qui se conduisaient de si étrange façon. Il
ignorait qu’au moment de la mort de Sémélé, Zeus avait sauvé son enfant. Ces
danses échevelées, ces chants bruyants et, dans l’ensemble, la tenue et le
comportement de ces étrangères lui parurent hautement
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