Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

Titel: La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edith Hamilton
Vom Netzwerk:
c’est pourquoi tout ceci a eu lieu.
    Ces idées au sujet de Dionysos semblent, à première vue, contradictoires.
Selon l’une, il est le dieu de la joie.
    Lui dont les boucles sont cerclées d’or
    Bacchus empourpré,
    Compagnon des Ménades
    À la torche enflammée.
    Et selon l’autre, il est le dieu sans cœur, sauvage et
brutal.
    Lui qui avec un rire moqueur
    Pourchasse sa proie
    Et avec ses Bacchantes
    La traîne en ricanant à sa mort.
    Les deux idées, en vérité, sont nées le plus simplement et
le plus raisonnablement du monde du fait qu’il est le dieu du Vin. Le vin peut
être bon tout autant que mauvais. Il réjouit et réchauffe le cœur des hommes
mais il les enivre aussi. Le peuple grec était trop lucide pour méconnaître les
deux effets du vin, l’un dégradant et laid, l’autre délicieux. Il ne pouvait
fermer les yeux au premier pour ne voir que le second. Dionysos étant le dieu
du Vin, il était aussi, par conséquent, une puissance qui parfois incitait les
hommes à commettre des crimes atroces. Personne ne pouvait les empêcher ; personne
ne tenterait jamais de justifier le sort réservé à Penthée. Mais – se disaient
les Grecs – de telles choses se passent dans la réalité lorsque les hommes sont
rendus furieux par l’effet du vin ; cette vérité-là ne les rendait pas
pour autant aveugles à l’autre, selon laquelle le vin est une source de joie
qui rend le cœur des hommes plus léger en leur procurant gaieté et insouciance.
    Lorsqu’avec le vin de Dionysos
    Les soucis qui rongent les hommes
    Quittent tous les cœurs.
    Nous voyageons alors vers un pays qui n’a
jamais existé.
    Le pauvre devient riche, le riche devient
généreux,
    Les conquérants du monde sont des flèches faites
du bois de la vigne.
    Si d’un moment à l’autre Dionysos se montre aussi différent
c’est qu’en tant que dieu du Vin, il en a la double nature. Il est le
bienfaiteur de l’homme et aussi son destructeur. Sous son aspect bénéfique, il
n’est pas seulement le dieu qui rend les hommes heureux, sa coupe :
    Donne la vie et guérit tout mal.
    Sous son empire, le courage est stimulé et la crainte bannie
— du moins sur le moment. Il transporte ses adeptes, il leur insuffle la
conviction qu’ils sont capables de réaliser ce qui leur paraissait auparavant
bien au-dessus de leurs forces. Toute cette facilité heureuse, toute cette
confiance s’évanouissent, certes, selon qu’ils sont sobres ou ivres, mais tant
qu’elles durent, elles leur donnent le sentiment d’être possédés par un pouvoir
plus grand qu’eux-mêmes. Et c’est pourquoi ce qu’ils éprouvaient envers
Dionysos ne ressemblait en rien à ce que leur inspiraient les autres dieux. Dionysos
non seulement existait en dehors d’eux-mêmes mais aussi en eux-mêmes ; par
lui, ils pouvaient se transformer à sa ressemblance. Ce sens momentané du
pouvoir que donne l’ivresse n’était qu’un signe qui montrait aux hommes qu’ils
possédaient en eux bien plus qu’ils n’en savaient, « ils pouvaient
eux-mêmes devenir des dieux ».
    Une telle pensée est très éloignée de l’idée ancienne qui
voulait que l’on honorât le dieu en buvant, soit pour trouver la gaieté, soit
pour se libérer de ses soucis, ou encore tout simplement pour s’enivrer. Cependant,
quelques-uns des adorateurs de Dionysos ne prenaient jamais de vin. On ne sait
quand s’opéra la transformation du culte, transformation selon laquelle un dieu
qui délivrait les hommes pendant un bref instant au moyen de l’ivresse se
trouva remplacé par un dieu qui les libérait au moyen de l’inspiration. Ce
changement amena un résultat remarquable, qui fit de Dionysos, pour toutes les
générations futures, le plus important des dieux de la Grèce.
    Les Mystères d’Eleusis – qui se célébraient surtout en l’honneur
de Déméter – ont eu, certes, une très grande importance. Mais leur influence ne
se maintint guère, sans doute parce qu’il n’était jamais permis à personne d’en
parler ouvertement pas plus que d’en écrire, et vers la fin, il n’en restait
plus qu’un souvenir incertain. Il en fut tout autrement pour Dionysos. Tout un
chacun participait aux rites de sa fête solennelle, et le monde actuel en garde
encore une vive empreinte. Aucun autre festival de la Grèce ne pouvait lui être
comparé. Il avait lieu au printemps, quand les pampres font leur apparition, et
il se prolongeait pendant cinq jours. C’était

Weitere Kostenlose Bücher