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La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

Titel: La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edith Hamilton
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répréhensibles ; il
fallait, se dit-il, y mettre aussitôt le holà. Penthée ordonna donc à ses
gardes de se saisir et d’emprisonner les visiteurs – et surtout leur guide,
« dont le visage est empourpré par le vin et qui est sans nul doute un
sorcier trompeur de Lydie ». Mais tandis qu’il prononçait ces mots, quelqu’un
derrière lui lança un avertissement solennel : « Cet homme que tu
rejettes est un dieu nouveau. Il est le fils de Sémélé, que Zeus a sauvé. Il
est, avec la divine Déméter, le plus puissant que les hommes puissent invoquer
sur terre ». Celui qui parlait était un vieux devin aveugle nommé Tirésias,
qui interprétait comme nul autre les volontés des dieux. Se retournant pour lui
répondre, Penthée s’aperçut que le saint homme de Thèbes avait adopté l’accoutrement
de ces femmes démentes : une couronne de lierre ceignait ses cheveux
blancs, ses vieilles épaules étaient recouvertes d’une peau de faon et il
tenait dans sa main tremblante une baguette étrange, surmontée d’une pomme de
pin. À cette vue, Penthée eut un rire railleur, puis, avec mépris, il ordonna
au vieillard de se retirer de sa vue. Ce faisant, il avait lui-même scellé son
destin ; il avait refusé d’entendre la parole des dieux.
    Dionysos, encadré par des soldats, fut amené devant Penthée.
Les gardes déclarèrent que leur prisonnier n’avait pas tenté de fuir ni même de
résister ; il avait tout fait, au contraire, pour leur rendre la tâche
facile, si bien que honteux, ils lui avaient dit n’avoir agi que sur ordre et
non de leur propre gré. Ils annoncèrent en outre que les jeunes filles qu’ils
avaient capturées s’étaient toutes enfuies dans la montagne ; les liens
dont ils les avaient chargées se dénouaient aussitôt, les portes de la prison s’étaient
ouvertes d’elles-mêmes : « Cet homme », dirent-ils, « apporte
avec lui bien des prodiges à Thèbes… »
    Penthée, à présent, n’écoutait plus rien que sa colère et
son mépris. Il s’adressa rudement à Dionysos, qui répondit avec la plus grande
douceur ; on eût dit qu’il tentait de toucher le cœur du Roi et de
dessiller ses yeux afin de l’amener à comprendre qu’il se trouvait face à face
avec la divinité. Il l’avertit que personne, pas même le Roi, ne pourrait le
retenir prisonnier «  car dieu
viendrait me délivrer ».
    — Dieu ? dit Penthée d’un ton railleur.
    — Oui, répondit Dionysos. Il est ici et voit ma
souffrance.
    — Il n’est nulle part où mes yeux puissent l’apercevoir.
    — Il est où je suis, répliqua Dionysos. Tu ne peux le
voir car tu n’es pas pur.
    Avec colère, Penthée donna à ses soldats l’ordre d’enchaîner
Dionysos et de le mener à la prison, et Dionysos dit en le quittant :
« Les torts que tu me fais, c’est aux dieux que tu les fais. »
    Mais le cachot ne pouvait retenir Dionysos. Il sortit et
revint trouver Penthée, le suppliant à nouveau de céder au pouvoir divin qui se
manifestait si clairement par ces prodiges et de faire bon accueil à ce culte d’un
dieu nouveau et puissant. Penthée, cependant, l’accablait d’insultes et de
menaces, si bien que Dionysos l’abandonna à son destin. Il ne pouvait en être
de plus tragique.
    Penthée fit poursuivre les adoratrices du dieu dans les
montagnes où s’étaient réfugiées les jeunes femmes après leur évasion. Elles y
avaient été rejointes par un grand nombre de Thébaines, parmi lesquelles la propre
mère du roi et ses sœurs. Et là, Dionysos se révéla sous son aspect le plus
terrible. Il frappa toutes les femmes de démence ; elles prirent Penthée
pour un animal sauvage, un lion de la montagne, et elles se jetèrent sur lui, sa
mère la première, pour l’abattre. Tandis qu’elles s’acharnaient ainsi sur lui, il
comprit enfin qu’il avait lutté contre un dieu et qu’il devait payer ce crime
de sa vie. Elles le mirent en pièces, et alors, mais alors seulement, le dieu
leur rendit la raison, et la mère de Penthée vit ce qu’elle avait fait. À la
vue de son désespoir, les Bacchantes maintenant dégrisées, tous chants et
danses abandonnés, se disaient l’une à l’autre :
    Les dieux viennent aux hommes par des voies
étranges et difficiles à reconnaître,
    Ils accomplissent bien des choses qui
paraissent sans espoir,
    Et ce qui était attendu trouve une tout autre
issue.
    Dieu nous a montré un chemin qui nous était
inconnu.
    Et

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