La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
enveloppée de brumes et de nuages, où la lumière du jour ne
pénétrait jamais, sur laquelle la splendeur du soleil ne s’étendait jamais, ni
à l’aube, à l’instant où il s’élève dans le ciel étoilé, ni au crépuscule, quand
il revient du ciel vers la terre. Une nuit éternelle recouvrait ce pays
mélancolique.
Mais sauf cette exception, tous ceux qui vivaient au-delà de
l’Océan connaissaient un bonheur extrême. Au-delà du Nord le plus lointain, si
loin qu’on le situait derrière le vent du Nord, se trouvait un pays enchanteur,
celui des Hyperboréens. À part quelques étrangers, héros fameux, personne ne l’a
jamais visité. On ne connaissait nulle route, terrestre ou maritime, menant à
ce lieu merveilleux, mais les Muses vivaient non loin de ce peuple privilégié, et
ceci explique cela. Car partout on voyait danser des jeunes filles, on
entendait résonner le clair appel de la lyre et les notes mélodieuses des
flûtes. Entrelaçant leurs cheveux de lauriers d’or, les Hyperboréens
festoyaient joyeusement et jamais la mort ni la maladie n’approchaient cette
race aimée des dieux. Tout au Sud se trouvait le pays des Ethiopiens dont nous
savons seulement que les dieux les tenaient en telle faveur qu’ils ne
dédaignaient pas de s’asseoir parmi eux au cours de leurs festins.
Le séjour des ombres des justes se situait lui aussi sur la
rive d’Océan ; l’hiver y était doux, jamais la neige ne le recouvrait, pas
plus qu’il n’y tombait de pluie ; mais soufflant d’Océan, le Vent d’Ouest
chantait d’une voix douce et émouvante afin de consoler les âmes des hommes. C’était
là que venaient, après avoir quitté la terre, ceux qui s’étaient gardés purs de
tout mal.
Ils ont pour gaie compagne,
La vie à jamais libérée de labeur.
Jamais plus leurs fortes mains ne creuseront
la terre ou la mer,
Peinant pour leur arracher une nourriture qui
ne rassasie pas.
Parmi ceux que les dieux honorent ils vivent à
présent
Une vie qui ne connaît plus de larmes.
Tout était maintenant prêt pour l’apparition de l’humanité, même
les lieux où bons et mauvais devraient se rendre après leur mort. Le moment
était venu de créer l’homme et plus d’une légende se charge de nous raconter
comment la chose se passa. Selon les unes, les dieux déléguèrent à cet effet
Prométhée – le Titan rallié à Zeus – et son frère Epiméthée. Prométhée, dont le
nom en grec signifie « prévoyant », était sage, plus sage et plus
sagace que les dieux eux-mêmes, mais Epiméthée, dont le nom signifie « qui
réfléchit trop tard », était un écervelé qui suivait invariablement son
impulsion première pour ensuite changer d’avis. C’est ce qu’il fit en cette
occasion. Avant de créer l’homme, il distribua tous les dons les meilleurs aux
animaux : force, rapidité, courage et ruse, plume, poil, ailes ou coquille
et ainsi de suite, si bien que plus rien de bon ne restait pour les hommes, plus
d’enveloppe protectrice ni qualité d’aucune sorte propre à leur permettre de
lutter contre les animaux. Trop tard comme toujours, Epiméthée regretta son
erreur et appela son frère à l’aide. Prométhée prit alors la suite de la
création et élabora un plan tendant à assurer la supériorité de l’espèce
humaine. Il donna aux hommes une forme plus noble que celle attribuée aux
animaux et à l’instar des dieux, il les fit se tenir debout ; puis il se
rendit dans les régions célestes, jusqu’au char du soleil, auquel, au moyen d’une
torche, il déroba le feu qu’il apporta ensuite sur la terre ; c’était pour
les hommes la meilleure des protections, bien plus efficace que toutes celles
fournies par poil, plume, ailes, force ou rapidité.
Et dès lors, bien qu’éphémère et fragile.
La race humaine a eu la flamme
Qui lui a permis d’apprendre tant de métiers.
D’après un autre récit, ce seraient les dieux eux-mêmes qui
auraient créé les hommes. D’abord, ils façonnèrent une première race, tirée de
l’or, et celle-ci, bien que mortelle, vivait comme les dieux sans connaître
chagrin, labeur ni souffrance d’aucune sorte. Les champs de blé portaient d’eux-mêmes
des épis en abondance ; tous étaient riches en troupeaux et aimés des
dieux, et lorsque la tombe les réclamait, ils devenaient des esprits purs, bienfaisants
et protecteurs de l’humanité.
Cette version de la création montre les dieux enclins
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