La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
à
tenter des expériences au moyen de métaux variés avec – chose curieuse – une
tendance à passer de haut en bas du meilleur au bon, au mauvais, au pire, et
ainsi de suite. Après l’or, ils essayèrent l’argent, mais cette seconde race
était de beaucoup inférieure à la première. Ses représentants montraient si peu
d’intelligence qu’ils ne pouvaient se retenir de s’injurier les uns les autres.
Ils mouraient eux aussi, mais contrairement à ceux de la race d’or, leurs âmes
ne leur survivaient pas. L’airain { D’après
Hésiode, « Ils avaient des armes d’airain, des demeures d’airain ;
ils ne se servaient que d’airain. Le fer, ce noir métal, était encore
inconnu »} fut choisi pour la troisième race, celle-ci faite d’hommes
terribles, immensément forts et tellement épris de guerre et de violence qu’ils
finirent par se détruire complètement et de leurs propres mains. Et ce fut tant
mieux, car après eux vint une race splendide de héros qui tous prirent part à
des guerres glorieuses ou à de grandes aventures, que les hommes, à travers les
siècles, n’ont cessé de conter ou de chanter. Quand ils quittaient ce monde, c’était
pour des îles réservées aux seuls bienheureux, où ils vivaient à jamais dans
une félicité parfaite.
La cinquième race est celle que l’on voit encore maintenant
sur la terre : la race du fer. Ceux qui en font partie coulent des jours
pénibles et leur nature est si maligne, elle aussi, qu’ils sont condamnés à ne
connaître aucun répit dans le travail et la souffrance. Au fur et à mesure que
passent les générations, ils deviennent de plus en plus mauvais ; les fils
sont toujours inférieurs à leurs pères. Un jour viendra où leur perversité sera
telle qu’ils en viendront à adorer le pouvoir ; la force pour eux
remplacera le droit et ils perdront tout respect de ce qui est juste et bon. Et
lorsqu’enfin il ne se trouvera plus parmi eux un seul homme capable d’indignation
à la vue du mal, un seul qui ressente de la honte en présence des misérables, Zeus
détruira cette race aussi. Mais quelque chose cependant pourrait la sauver :
un soulèvement du petit peuple, qui renverserait ses oppresseurs.
Bien que différentes, ces deux versions de la création – celle
des cinq âges et celle de Prométhée et Epiméthée – ont cependant un point
commun : l’absence de femmes. Seuls des hommes habitaient la terre. Zeus
se chargea de combler cette lacune ; il y fut poussé par sa colère de voir
Prométhée porter tant d’attention aux hommes. Non seulement ce dernier avait
dérobé le feu au profit de ses protégés mais encore il avait pris des
dispositions pour que les meilleurs parties des animaux offerts en sacrifice
leur fussent réservées ; seules les moins bonnes restaient aux dieux. Il
dépeça un grand bœuf, il préleva les meilleurs morceaux, les mit dans la
dépouille et les recouvrit d’une couche d’entrailles afin de mieux les
dissimuler. Puis, à côté de cette dépouille, il dressa un autre tas formé de
tous les os qu’il avait au préalable, avec beaucoup d’art et de soin, enrobés
de graisse bien blanche ; après quoi, il pria Zeus de faire son choix. Zeus
se décida pour la belle graisse blanche ; quand il découvrit la ruse, il
se fâcha, mais ayant lui-même désigné son lot, il ne lui restait qu’à le garder.
Et voilà pourquoi, par la suite, seuls les os et la graisse étaient brûlés en
sacrifice sur les autels consacrés aux dieux. Les hommes gardaient pour
eux-mêmes la chair savoureuse.
Cependant le Père des Hommes et des Dieux n’était pas de
ceux qui se résignent à un pareil traitement. Il jura de se venger — sur l’espèce
humaine d’abord, puis sur l’ami de cette espèce. Il fit forger par Vulcain ce
qui devait être une calamité pour l’homme, une créature douce et ravissante
ayant l’apparence d’une vierge timide, et tous les dieux, remplis d’admiration,
la comblèrent de cadeaux : une robe d’une blancheur éblouissante, un voile
brodé, des guirlandes de fleurs, le tout surmonté d’une couronne d’or, bref, une
apparition de toute beauté. Enfin, lui ayant fait tant de présents, ils l’appelèrent Pandore, ce qui signifie « don de tout ».
Zeus la leur présenta solennellement, et dieux et hommes furent saisis d’admiration
à sa vue. De cette première femme naquit l’espèce féminine, qui est néfaste à l’homme
et dont la
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