La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
nature est portée au mal.
Selon une autre légende, la source de tous les maux serait
non pas la mauvaise nature de Pandore mais sa seule curiosité. Les dieux lui
ayant offert une boîte dans laquelle chacun d’eux avait mis une chose nuisible,
ils lui recommandèrent de ne l’ouvrir sous aucun prétexte. Puis ils envoyèrent
Pandore à Epiméthée qui l’accueillit avec joie bien que Prométhée lui eût
conseillé de ne jamais rien accepter de Zeus. Epiméthée reçut donc Pandore et
lorsque cette chose dangereuse – une femme — fut devenue sienne, il
comprit, mais trop tard, toute la valeur du conseil que lui avait donné son
frère. Car Pandore, comme toutes les femmes, était dévorée par la curiosité. Il fallait qu’elle sût ce que contenait la
boîte. Un jour, n’y tenant plus, elle souleva le couvercle et tous les maux, crimes
et chagrins qui depuis affligent l’humanité s’en échappèrent. Terrorisée, Pandore
rabattit le couvercle. Hélas, tous les maux s’étaient envolés. Seule restait – unique
don heureux parmi tant d’autres néfastes – l’Espérance, qui demeure jusqu’à ce
jour le seul réconfort de l’humanité en détresse. Et les mortels apprirent
ainsi qu’il est impossible de vaincre Zeus ou même de le tromper. C’est ce que
comprit lui aussi le sage et compatissant Prométhée car, lorsque Zeus eut puni
l’homme en lui donnant la femme, il se tourna contre le principal coupable. Le
nouveau Souverain des dieux devait beaucoup à Prométhée qui l’avait tant aidé
dans sa lutte contre les autres Titans, mais aveuglé par sa colère, il oublia
sa dette. Il ordonna à ses serviteurs, la Force et la Violence, de se saisir de
Prométhée, de le conduire sur le Caucase et de l’attacher
… à la crête d’un rocher élevé
Avec des chaînes que nul, jamais, ne pourrait briser.
En imposant cette torture à l’infortuné Prométhée, Zeus se
proposait non seulement de le châtier mais surtout de le forcer à révéler un
secret d’une importance capitale pour le Souverain de l’Olympe. Le Destin, qui
régit toutes choses, avait décidé que Zeus aurait un jour un fils qui le
détrônerait et chasserait les dieux de l’Olympe. Si Zeus était au courant de ce
qui l’attendait, seul Prométhée savait qui devait être la mère de ce fils, et
tandis qu’il souffrait mort et passion sur son rocher, Zeus lui dépêcha Hermès
pour le prier de révéler ce secret. Prométhée répondit :
Va, et persuade les vagues de la mer de ne plus
déferler.
Tu n’auras pas moins de peine à me persuader
moi-même.
Hermès le mit en garde ; il lui dit que s’il persistait
dans son silence obstiné, il subirait des tourments plus affreux encore.
Un aigle rouge de sang viendra, convive non invité
à ton banquet.
Tout le jour il déchirera ta chair en lambeaux
Et avec fureur se repaîtra de ton foie.
Mais rien, pas plus les menaces que les tortures, ne fit
céder Prométhée. Si son corps était chargé de chaînes, son esprit restait libre ;
il refusait de se soumettre à la cruauté et à la tyrannie. Il avait fidèlement
servi Zeus, et il avait bien agi en prenant en pitié l’impuissance des mortels,
il le savait ; il souffrait à présent une grande injustice mais il ne
céderait jamais à la force brutale, quel qu’en dût être le prix. Il répondit
donc à Hermès :
Aucune force ne saurait me dicter mes discours.
Aussi, laisse Zeus brandir son foudre et ses
éclairs
Et confondre le monde avec les ailes blanches
de la neige,
Avec le tonnerre et les tremblements de terre.
Rien de tout cela ne saurait contraindre ma
volonté.
Hermès le quitta, le laissant à ses souffrances, non sans s’être
d’abord écrié :
Mais ce sont là de ces mots incohérents
Que l’on entend dire aux fous !
Nous savons que Prométhée fut délivré quelques générations
plus tard, mais il n’est clairement dit nulle part comment et pourquoi. Une
étrange légende raconte que le Centaure Chiron, tout immortel qu’il fût, proposa
de prendre la place de Prométhée et de mourir pour lui, ce qui lui aurait été
accordé. Hermès, quand il exhortait Prométhée à céder au désir de Zeus, y avait
fait allusion en des termes qui présentaient l’échange comme un sacrifice
incroyable :
Tu ne peux espérer la fin de cette agonie
Avant qu’un dieu ne s’offre librement
À prendre pour lui-même ta souffrance,
À descendre pour toi là où le soleil se
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