La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
l’accueillirent avec joie ; ils vinrent, tous
parmi les meilleurs et les plus nobles, s’offrir à y participer. Héraclès le
plus grand des héros, était là ; et Orphée, le maître musicien, Castor et
son frère Pollux, Pélée, père d’Achille, et bien d’autres. Héra aidait Jason et
ce fut elle qui fit naître en chacun d’eux le désir de renoncer à une vie sans
péril, sous l’aile maternelle, pour boire – fût-ce au prix de la mort – avec
des valeureux compagnons l’élixir sans pareil du courage. Ils montèrent à bord
de l’ Argo, Jason prit un gobelet d’or dans
ses mains, il versa une libation de vin dans la mer et pria Zeus, dont l’éclair
est la lance, de les mener rapidement au but.
De grands périls les attendaient et plusieurs payèrent de
leur vie d’avoir bu cet élixir sans pareil. Ils abordèrent d’abord à Lemnos, une
île étrange habitée seulement par des femmes. Elles s’étaient révoltées contre
les hommes et les avaient tous égorgés, tous sauf un seul, le vieux Roi Thoas. La
fille de celui-ci, Hypsipylé, Reine de toutes ces femmes, avait sauvé son père
en lui faisant prendre la mer dans un coffre qui le porta jusqu’à l’île de Chios.
Ces sauvages créatures réservèrent cependant bon accueil aux Argonautes et ne
les laissèrent repartir qu’après les avoir comblés de dons : vin, nourriture
et vêtements.
Peu après avoir quitté Lemnos, les Argonautes perdirent
Héraclès. Son écuyer, un jeune garçon nommé Hylas et auquel il était très
attaché, plongeait sa jarre dans une source quand il fut attiré par une dryade ;
celle-ci, ayant aperçu l’éclat nacré de sa beauté, voulut l’embrasser ; elle
jeta ses bras autour du cou d’Hylas et l’entraîna dans les profondeurs ; on
ne le vit plus. Comme un fou, Héraclès le chercha partout, criant son nom et s’enfonçant
de plus en plus profondément dans la forêt, s’éloignant de plus en plus de la
mer. La Toison, l’ Argo, ses compagnons, il
avait tout oublié, sauf Hylas. Il ne reparut pas et le vaisseau dut appareiller
sans lui.
L’aventure suivante fut leur rencontre avec les Harpies, ces
monstres ailés au bec et aux griffes crochues qui laissaient toujours derrière
elles une odeur si infecte qu’elle donnait la nausée à toute créature vivante. Tout
près de l’endroit où les héros avaient mis leur nef à l’échouage, vivait un
vieillard solitaire et misérable qu’Apollon, le véridique, avait doué du don de
prophétie ; il prédisait infailliblement l’avenir et ceci déplaisait à
Zeus qui aimait draper ses actes de mystère – en quoi il se montrait judicieux
aux yeux de tous ceux qui connaissaient Héra. Mécontent, Zeus avait donc
affligé un affreux châtiment au vieil homme. Chaque fois qu’il se proposait de
prendre un repas, les Harpies – que l’on nommait aussi la meute de Zeus – s’abattaient
sur sa nourriture et la souillaient, la laissant si peu appétissante que
personne ne pouvait plus s’en approcher et moins encore la manger. Quand les
Argonautes aperçurent ce pauvre vieillard – qui s’appelait Phineus – il
ressemblait à un spectre se traînant sur des pieds desséchés –, il tremblait de
faiblesse et seule sa peau retenait ensemble les os de son corps. Il les
accueillit avec transports et les supplia de lui venir en aide. Son don
prophétique lui avait appris que seuls deux hommes pouvaient le sauver des
Harpies – deux hommes qui se trouvaient précisément sur l’ Argo, les fils de Borée, le Vent du Nord. Tous l’écoutèrent
avec pitié, et les deux frères lui promirent avec empressement leur concours.
Tandis que les autres lui offraient de la nourriture, les
fils de Borée se tinrent à ses côtés, leurs épées dégainées. Il avait à peine
porté une bouchée à ses lèvres que les détestables Harpies fondirent du ciel
sur les mets, les dévorèrent et repartirent à tire-d’aile, laissant derrière
elles une odeur méphitique. Mais les fils rapides du Vent les poursuivirent ;
ils les rattrapèrent, les frappèrent de leurs épées et les auraient
certainement taillées en pièces si Iris, la messagère des dieux, glissant sur
son arc-en-ciel, ne les en avaient empêchés. Il leur fallait renoncer à
exterminer la meute de Zeus, leur dit-elle, mais elle jura par les eaux du Styx,
le serment que nul ne peut rompre, que les monstres ne reviendraient plus
jamais troubler Phineus. Tout heureux, les deux frères
Weitere Kostenlose Bücher