La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
toute
hâte, sinon ils seraient tous tués. Un serpent monstrueux veillait sur la
Toison, mais elle l’assoupirait avec un charme et il ne leur ferait aucun mal. Elle
parlait avec angoisse mais Jason, lui, se réjouit de l’entendre ; il la
releva avec douceur, l’embrassa et lui promit le mariage dès leur retour en
Grèce. Après l’avoir fait monter à bord, ils se dirigèrent sous sa conduite
vers le bosquet sacré où la Toison était suspendue à un hêtre. Le serpent qui
la gardait était certes terrible, mais Médée l’approcha sans trembler et elle l’endormit
en lui chantant une douce mélopée magique. Alors Jason enleva la merveille
dorée de l’arbre qui la retenait et en hâte ils revinrent tous au navire comme
l’aube se levait. Les plus vigoureux se mirent aux avirons et ramant de toutes
leurs forces, ils descendirent la rivière jusqu’à la mer.
Mais à cette heure, le Roi avait appris ce qui s’était passé.
Il lança son fils Absyrtos – le frère de Médée – à la poursuite des héros, avec
une armée si nombreuse qu’il semblait exclu que le petit groupe pût la vaincre
ou même lui échapper. Ici encore Médée intervint ; elle sauva les
Argonautes et cette fois par une action horrible. Elle tua son frère. D’après
les uns, elle lui aurait fait savoir qu’elle désirait ardemment revenir dans sa
demeure et qu’elle lui apporterait la Toison s’il consentait à venir la
retrouver, la nuit suivante, dans un endroit qu’elle lui désignait. Sans rien
soupçonner, Absyrtos serait venu au rendez-vous et Jason l’aurait alors égorgé ;
et la robe de Médée aurait été souillée du sang de son frère. Privée de son chef,
l’armée se serait débandée, ouvrant ainsi aux héros la route de la mer.
D’autres disent – mais sans en donner la raison – qu’Absyrtos
s’embarqua avec Médée sur l’ Argo et que le
Roi en personne les poursuivit. Comme son vaisseau les gagnait de vitesse, Médée
aurait elle-même égorgé son frère, puis l’ayant coupé en morceaux, elle aurait
semé ses membres dans la mer ; le Roi ralentit sa course pour recueillir
les restes de son fils et l’Argo fut ainsi
sauvé.
Cependant, les aventures des Argonautes touchaient à leur
terme. Une dangereuse épreuve les attendait encore lors de leur passage du
détroit qui sépare le roc nu de Scylla du gouffre de Charybde, où la mer rugit
et rejaillit à jamais, où les vagues furieuses montent jusqu’à toucher les nues.
Mais Héra veillait ; à sa demande, Téthys et ses nymphes guidèrent le
navire qui poursuivit sa route sans encombre ni dommage.
Ensuite, ce fut la Crète – où ils auraient abordé s’il n’y
avait eu Médée. Elle leur dit que Talos vivait en cet endroit, le dernier homme
de la race d’airain, une créature faite tout entière de ce métal sauf au-dessus
de la cheville, seul point où il était vulnérable. Elle parlait encore quand il
se montra, menaçant d’écraser leur navire sous des rocs s’ils approchaient de
la côte. Ils s’arqueboutèrent sur leurs rames pour freiner, et Médée, s’agenouillant,
pria les chiens courants de Hadès de le détruire. Les pouvoirs du mal l’entendirent.
Comme l’homme d’airain soulevait un quartier de roc pour le précipiter sur l’Argo, une veine de sa cheville se rompit dans l’effort
et le sang jaillit à gros bouillons ; il mourut peu après et les héros
purent aborder et se reposer en prévision de la route qu’il leur restait encore
à parcourir.
À leur retour en Grèce, ils se dispersèrent, chaque héros
regagnant sa demeure. Jason, accompagné de Médée, se dirigea vers le palais
pour remettre la Toison à Pélias. Ils apprirent alors les événements affreux
qui s’y étaient déroulés. Pélias avait forcé le père de Jason à se tuer et sa
mère en était morte de chagrin. Résolu à punir ces crimes, Jason pria Médée de
lui apporter ici encore l’aide qu’elle ne lui avait jamais refusée. Et cette
fois, elle employa la ruse. Elle dit aux filles de Pélias qu’elle connaissait
un secret qui rendait la jeunesse aux vieillards et pour preuve de ses dires, elle
dépeça devant elles un bélier chargé d’ans et en jeta les morceaux dans une
chaudière remplie d’eau bouillante. Elle récita alors une formule magique et de
la chaudière sauta un agneau qui se sauva en gambadant. Les jeunes filles
furent convaincues. Médée fit boire à Pélias un puissant soporifique et
persuada les
Weitere Kostenlose Bücher