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La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

Titel: La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edith Hamilton
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d’apercevoir les visiteurs, la Princesse
Médée se glissa furtivement sur ce théâtre d’intense activité et comme ses yeux
se posaient sur Jason, Cupidon leva prestement son arc et lança une flèche dans
le cœur de la jeune fille. Elle y brûla comme une flamme. Une douce souffrance
attendrit le cœur de Médée et son visage pâlit et rougit tour à tour. Interdite,
décontenancée, elle se retira sans bruit dans sa chambre.
    Ce fut seulement après que les héros se furent baignés et
rafraîchis que le Roi Æétès put leur demander qui ils étaient et la raison de
leur venue. Dans ces temps-là, il était fort discourtois de poser la moindre
question à un hôte avant qu’il ait satisfait à ses désirs. Jason répondit qu’ils
étaient tous hommes de la plus grande naissance, fils et petits-fils des dieux,
et qu’ils avaient quitté la Grèce dans l’espoir que le Roi leur donnerait la
Toison d’Or en échange de tout service qu’il lui plairait de leur demander. Ils
vaincraient ses ennemis pour lui et rempliraient toute condition qu’il jugerait
à propos de leur imposer.
    Comme il écoutait, une grande colère envahissait le cœur du
Roi Æétès. Pas plus que les Grecs, il n’aimait les étrangers, il préférait les
tenir éloignés de son pays, et il se disait : « Si ceux-ci n’avaient
mangé à ma table, je les tuerais. » Il réfléchissait en silence et un
projet germait en lui.
    Il dit à Jason qu’il ne saurait en vouloir à des hommes
courageux ; s’ils faisaient la preuve de leur valeur, il leur donnerait la
Toison d’Or. « Et pour mesurer votre bravoure, je ne vous demanderai rien
de plus que je n’aie fait moi-même », ajouta-t-il. Il s’agissait de mettre
sous le joug deux taureaux qui avaient les pieds en airain et qui vomissaient
des flammes, puis de leur faire défricher un champ ; ensuite, les dents d’un
dragon devaient être semées comme des graines dans les sillons et elles
donneraient à l’instant une moisson d’hommes armés qu’il fallait aussitôt
exterminer. « Tout ceci, je l’ai accompli moi-même et je ne remettrai la
Toison qu’à un homme aussi brave que moi », dit-il. Jason resta d’abord
muet. L’épreuve semblait impossible, bien au-delà des forces de quiconque. Enfin,
il répondit : « Toute monstrueuse qu’elle paraisse, j’accepte cette
épreuve, même s’il est dans mon destin d’y succomber. » Alors il se leva
et ramena ses compagnons au navire pour y passer la nuit. Mais les pensées de
Médée le suivaient ; tout au long de cette interminable nuit, elle crut le
voir dans toute sa grâce et sa beauté, elle se figurait entendre encore les
mots qu’il avait prononcés. Son cœur était tourmenté de crainte pour lui, car
elle devinait ce que son père préparait au héros.
    Revenus au vaisseau, les Argonautes tinrent conseil et l’un
après l’autre, ils supplièrent Jason de leur laisser prendre sa place ; mais
en vain ; Jason ne voulut céder à aucun d’eux. Comme ils parlaient encore,
survint un petit-fils du Roi que Jason avait un jour sauvé et qui leur révéla
le pouvoir magique de Médée. « Il n’y a rien qui lui soit impossible »,
dit-il. « Elle peut arrêter la course des étoiles et même celle de la lune. »
Si on parvenait à la persuader de leur prêter son concours, elle aiderait Jason
à vaincre les taureaux et les hommes-dragons. Ce plan de campagne semblait le
seul qui parût offrir quelque espoir et tous supplièrent Jason de retourner au
palais pour tenter de convaincre Médée. Ils ignoraient que le dieu de l’Amour s’en
était déjà chargé.
    Elle était seule dans sa chambre ; elle pleurait et se
reprochait de s’être à jamais couverte de honte en s’éprenant à tel point d’un
étranger qu’elle se sentait toute prête à céder à sa passion et à s’opposer à
son propre père. « Mieux vaut mourir », se dit-elle. Elle prit une cassette
qui contenait des herbes meurtrières, puis, la tenant toujours dans ses mains, elle
s’assit et se prit à songer à la vie, à toutes ces choses délicieuses qui
existent dans le monde ; et le soleil lui parut plus doux que jamais auparavant.
Elle déposa la cassette ; sans plus hésiter, elle résolut d’employer son
pouvoir pour secourir l’homme qu’elle aimait. Elle possédait un onguent magique
qui rendait invulnérable pour la journée celui qui s’en enduisait tout le corps.
La plante dont il provenait avait

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